Quatre édifices de la région Champagne-Ardenne viennent d’être protégés, au premier semestre 2014, au titre des monuments historiques.
L’église romane de Saint-Martin de Mœurs-Verdey (Marne) et sa fresque du XVe siècle ; la maison de direction de l’ancienne usine de la Macérienne et les Fortifications de Mézières, à Charleville-Mézières et le Château de Chabaudon à Marcilly-le-Hayer (Aube), réalisé en 1913, par l’architecte de l'Art-Nouveau Hector Guimard sont désormais inscrits au titre des monuments historiques.
L’inscription distingue les immeubles qui présentent un intérêt historique ou artistique, elle est prise par arrêté du préfet de région (Code du Patrimoine, art. L 621.25).

L’inscription distingue les immeubles qui présentent un intérêt historique ou artistique, elle est prise par arrêté du préfet de région (Code du Patrimoine, art. L 621.25). Elle concerne des immeubles de toutes époques, y compris récentes, et de tous types : architecture rurale, industrielle, commerciale, paysagère etc... Les critères les plus souvent retenus sont la qualité architecturale ou artistique, la représentativité par rapport à un corpus ou à un type, la rareté, l'exemplarité, l'authenticité etc...
La protection constitue une servitude pérenne, qui suit l'immeuble et qui entraîne un certain nombre d'avantages et de contraintes.

Église Saint-Martin - Mœurs-Verdey (Marne)

Inscrite au titre des monuments historiques (6 juin 2014)

L’édifice, en grande partie reconstruit après la Guerre de Cent ans, se compose d’une nef sans bas-côté et d’un chœur allongé, fermé d’un chevet à trois pans. Ces deux parties sont couvertes d’une charpente lambrissée cintrée. Le clocher est accolé au côté nord du chœur. Il a été reconstruit dans la deuxième moitié du XVIe siècle avec la chapelle de la Vierge qui lui est accolée.
Un décor de peintures murales, découvert en 2012, a été en partie dégagé. Sa restauration, par Marie-Paule Barat, en 2013, a révélé la très belle qualité de cet ensemble unique, en Champagne-Ardenne, par ses dimensions et par la scène recouvrant le mur nord de la nef et qui représente La rencontre des trois morts et des trois vifs, sujet célèbre à la fin du Moyen Âge. On y voit trois jeunes seigneurs partant joyeusement pour la chasse, arrêtés par l’apparition soudaine de trois morts sous forme de cadavre, qui leur rappellent que toute vie doit s’achever et qu’il faut s’y préparer.

Eglise - Moeurs-Verdey - Peintures murales

Maison de direction de l’ancienne usine de la Macérienne - Charleville-Mézières (Ardennes)

(Façades et toitures) Inscrites au titre des monuments historiques (6 juin 2014)

Cette protection complète l’inscription au titre des monuments historiques des bâtiments de l’ancienne usine, le 31 décembre 2012.
L’histoire de l’usine « la Macérienne » est indissociable de celle de son fondateur, Gustave Adolphe Clément, l’un des industriels français les plus novateurs de la fin du XIXe siècle. Né en 1855 à Pierrefonds (Oise), dans une famille commerçante, il s’intéresse à la fabrication de bicyclettes et cherche à en développer la vente auprès du plus large public. Pour faire face au succès de son entreprise, il quitte Paris et fait construire, en 1894, deux usines, l’une à Levallois-Perret, l’autre à Mézières.
Au cours de la même campagne de travaux est construite, tout à côté de l’usine, une grande et belle maison patronale en brique et pierre, de style ouvertement néo-gothique, qui s’oppose volontairement au style classique et fonctionnel de l’usine. La fonction du bâtiment commande en effet son décor. Sur le fronton de la grille d’entrée la lettre C (pour Clément) est entourée de rayons à la façon d’une roue de bicyclette. À la production de vélos s’ajoutera ensuite celles de voitures et même de dirigeables.

La macérienne - Maison du directeur - Charleville-Mézières

Fortifications de Mézières - Charleville-Mézières (Ardennes)

Inscription au titre des monuments historiques (14 mars 2014)

Mézières a été le siège d’un château dès le IXe siècle et la vocation militaire du site, mince bande de terre dans un méandre resserré de la Meuse, s’est affirmée jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Deux périodes sont particulièrement bien marquées dans les vestiges subsistants :
Le XIIIe siècle, qui a vu la construction de la première grande enceinte sous le comte Hugues III de Rethel. La tour Bobresse à l’intérieur de la tour Milard, la tour de l’École et l’intérieur de la porte de Bourgogne sont les témoins les plus importants de cette période.
Le XVIe siècle. Le siège de 1521 et la défense victorieuse du chevalier Bayard fut l’occasion de constater la nécessité de renouveler entièrement le système de défense. Dans un premier temps, on construisit des tours modernes et particulièrement, entre 1522 et 1528, deux énormes tours à canons (tour Milard et tour du Roi) sur le modèle de celles de Langres ou de Mouzon.
Cette modernisation se poursuivit vers 1560 par l’utilisation du bastion qui devint alors l’élément majeur pour tout système défensif. Le premier bastion fut placé devant la porte Saint-Julien (n’en reste que les deux orillons).
À la fin du XVIe, au temps où la ligue occupe la ville, une citadelle est édifiée à l’extrémité Est, entièrement protégée par un système bastionné. Lorsque Henri IV reprend la ville le projet est mené à son terme. Deux bastions sont presque entièrement conservés, de part et d’autre de la porte de Bourgogne.
En 1884, l’État cède la plus grande partie des fortifications à la ville. Les portes sont détruites, ainsi que les ouvrages avancés, obstacles au développement urbain. Les tours sont en partie conservées, ainsi que le tracé général des remparts.
Les tours de l’ancienne enceinte appartenant à la Ville (celle du Roi et de Cauchiette) sont inscrites le 19 juillet 1926 et La porte neuve le 27 septembre 1948.
Le nouvel arrêté étend l’inscription à tous les éléments significatifs de l’ancienne enceinte, y compris les fossés.

Fortification de Mézières. Tour Milard. Charleville-Mézières

Château de Chavaudon - Marcilly-le-Hayer (Aube)

Le château, les façades et toitures des communs (l'ancienne écurie-garage, le lavoir, le chenil et la maison du gardien), le portail d'entrée et sa grille et le parc, inscrits au titre des monuments historiques, le 27 février 2014

Situé dans un grand parc boisé, le château a été construit, en 1913, pour M. et Mme Merle, un couple de parisiens fortunés. Hector Guimard (1867-1942), célèbre architecte de l'Art-Nouveau en France, fournit les élévations du bâtiment, tandis que la mise en œuvre est confiée à un architecte parisien, Plonskowski.
L'ensemble présente quatre façades différentes, jouant sur la couleur des matériaux : la brique, la pierre, le béton et le ciment. Une grande tour-belvédère domine la composition et affirme sa qualité de château. C'est d’ailleurs le seul qui porte ce nom dans l'oeuvre architecturale de Guimard et sa seule réalisation en Champagne.
Une réalisation qui présente une touche « Art Nouveau », avec les garde corps, conçus, selon les dessins de Guimard, par les fonderies de Saint-Dizier, et qui s’est adaptée au désir du commanditaire et aux progrès de l'époque. Ainsi, à l'intérieur, la disposition d'origine est rationnelle et tous les étages disposaient de l'électricité, fournie par un générateur.
Le domaine comprend également une maison de gardien, des écuries, un garage à voitures, un lavoir et un chenil, désormais protégés, ainsi que le portail et le parc.

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