Historique du bâtiment
En 1995, l'architecte François Chochon, a relevé le défi de réhabiliter les bâtiments de l'ancienne Manufacture des tabacs et de traduire, dans un environnement difficile, la politique du ministère de la Culture en matière de soutien à la création architecturale. Petit retour sur l'histoire de la manufacture de sa construction à sa reconversion...
Aujourd'hui...
Lorsqu'une DRAC doit se trouver de nouveaux murs, comme ce fut le cas en région Centre en 1995, il est souhaitable que le bâtiment choisi soit emblématique des deux vocations du ministère de la Culture :
- préservation et mise en valeur des témoignages significatifs du passé,
- promotion de la création dans tous les domaines artistiques.
La désaffectation de la Manufacture des tabacs d'Orléans en 1984 donna au ministère de la culture la possibilité d'acquérir une partie significative des bâtiments préservés pour sa direction régionale et l'occasion de donner à l'architecte un programme architectural conjuguant la réhabilitation de l'existant et la création architecturale.
Hier...
Dernière manufacture construite par le service d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA), sur un modèle d'usines mis au point entre 1870 et 1880 et reproduit sur une douzaine de sites en France, la manufacture d'Orléans appartient à la grande famille des usines en forme de château élaborée au XVIIème et XVIIIème siècle.
La manufacture orléanaise a étendu progressivement entre 1896 et 1901 ses ateliers selon un plan très répandu dans les grandes usines françaises de l'époque et adapté pour les besoins d'une manufacture de tabacs.
Dans l'atelier...
Atelier Halle de travail : façade ordonnancée selon des lignes horizontales que rompt la travée centrale mise en valeur par la taille des ouvertures, la lucarne millésimée, l'horloge et le campanile.
La ville d'Orléans a beaucoup favorisé cette installation créatrice d'emplois surtout féminins : après la première Guerre Mondiale, la manufacture compta jusqu'à 550 employés dont près de 400 ouvrières. Comme dans les autres usines du SEITA, la manufacture n'était pas spécialisée mais produisait au contraire toute une gamme de produits : du cigare aux cigarettes courantes comme les Hongroises, rebaptisées les Gauloises.
D'une architecture d'usine....
Le parti architectural est sobre et l'organisation des bâtiments autour des cours est fonctionnelle. Construites en maçonnerie selon des formules éprouvées, les grandes halles de style fin de siècle inspirée du néoclassicisme et de l'éclectisme ont trois niveaux bien éclairés et convenablement ventilés (deux niveaux de travail et de stockage). Ces bâtiments sont conçus pour durer et produire selon un processus rationnel. Un quart seulement de cette manufacture a été préservé autour du bâtiment de direction : tous les petits bâtiments attenants, les cheminées, le château d'eau ont disparu, seulement visibles sur les anciennes photographies. Mais qui pourra, une fois les derniers ouvriers retraités disparus, évoquer le fracas des machines, l'odeur de tabac fraîchement hâché et les passages des ouvrières quatre fois par jour le long de la "Direction" ?
... à l'architecture actuelle.
En 1995, l'architecte François Chochon, a relevé le défi de réhabiliter et d'animer ces bâtiments sans fantaisie et de traduire, dans une environnement difficile, la politique du ministère de soutien à la création architecturale. Au programme "simple" de réhabiliter des locaux désuets mais en bon état général, d'améliorer les conditions de travail des agents et le fonctionnement des services et de rendre visible la volonté de "service public" de l'Etat par la création d'un centre de documentation largement ouvert, l'architecte a répondu par la reprise du bâtiment de direction en préservant ses volumes et ses décors kitsch, la répartition rationnelle des services autour du centre de gravité que constitue l'accueil et la création d'un bâtiment tout en courbes et en transparences rompant l'austère ordonnancement de l'ancienne manufacture.