Une fouille archéologique préventive a permis de mettre au jour dans le Finistère une importante nécropole de l'âge du Bronze.
Une fouille menée dans le cadre de l’archéologie préventive
L’archéologie préventive a pour vocation de préserver et d’étudier les éléments significatifs du patrimoine archéologique menacés par les travaux d’aménagement. Elle peut impliquer la mise en œuvre de diagnostics (sondages), de fouilles et dans certains cas, des mesures de sauvegarde.
Lorsqu’un terrain ou un bâtiment à fort potentiel archéologique fait l'objet d'un projet d’aménagement, le Préfet de Région (
DRAC
/
SRA
) prescrit un diagnostic archéologique.
Celui-ci est réalisé par un service de collectivité habilité sur son territoire (en Bretagne, les services d’archéologie du Finistère et du Morbihan) ou, le plus souvent, par l'
INRAP
.
Si le diagnostic révèle des vestiges archéologiques significatifs, le Préfet de Région prescrit une fouille afin d'étudier le site de manière raisonnée avant sa destruction par les travaux d’aménagement. Cette fouille préventive, sous maîtrise d’ouvrage de l’aménageur, est réalisée par un opérateur de droit privé agréé, un service de collectivité ou l’
INRAP
. À l’issue de l’opération d’archéologie préventive sur le terrain, la contrainte archéologique est levée et les travaux d’aménagement peuvent être réalisés.
L’étude ne se limite pas à la mise en évidence des vestiges sur le terrain. Un important travail d’étude des données recueillies s’ensuit pendant plusieurs mois, en faisant appel à la collaboration de différents spécialistes. Les aspects administratifs, techniques et scientifiques sont enfin présentés dans un rapport qui est la mémoire de l’opération et qui est consultable sur le site Web de la DRAC Bretagne :
Sur le site de Plougonvelin, l’opération en cours est effectuée par l’ INRAP en amont d’un projet immobilier. Elle est menée sous la direction de Stéphane Blanchet, spécialiste de l’âge du Bronze. Le contrôle scientifique et technique du SRA est réalisé par Jean-Charles Arramond, en charge du Finistère au sein de ce service.
Le plateau de Bertheaume à Plougonvelin : un site connu de longue date
L’existence d’une nécropole sur le plateau de Bertheaume qui domine la mer sur la commune de Plougonvelin est soupçonnée depuis la fin des années 1950. Des découvertes régulières de tombes en coffre y ont été réalisées lors de divers travaux aux abords de la rue du Plateau et de l’emprise du projet.
Le site de la nécropole a déjà été partiellement fouillée à trois reprises : une première fois en 1958, lorsqu’un agriculteur qui labourait son champ a arraché la dalle qui recouvrait une tombe ; une deuxième fois dans les années 70, trois sépultures avaient été découvertes lors de travaux. Les restes préservés d’un squelette avaient déjà été recueillis.
L’intervention de 1998 était la plus récente : sept autres tombes avaient été découvertes dans le cadre d’une fouille d’évaluation archéologique menée par le
SRA
qui avait confirmé le potentiel scientifique du site.
L’examen des différentes découvertes permet de les dater des premiers temps de l’âge du Bronze (1800-1200 avant notre ère).
L'âge du bronze en Bretagne
La métallurgie du bronze, qui apparaît en Bretagne peu après 2000 av. J.-C., a donné son nom à cette période. Pour fondre ce métal, qui sert à fabriquer armes et outils, les habitants de la Bretagne importaient du cuivre d’Espagne ou d’Irlande et de l'étain des Cornouailles (Angleterre) avant de tirer parti de leurs propres gisements d’étain (Pénestin, dans le Morbihan, ou Saint-Renan, dans le Finistère). La région occupait alors une place particulière au cœur des échanges entre la péninsule ibérique et les îles britanniques.
Des tombes de plusieurs types, pour certaines bien conservées
L’ensemble funéraire actuellement en cours d’étude offre de nombreuses perspectives de recherche. Outre la quantité de sépultures dégagées, leur variété architecturale (cairn, sépultures à coffre de pierre, sépultures à coffre de bois…) et leur bon état de conservation permettront de préciser les connaissances sur les méthodes de constructions alors mises en œuvre, sur les pratiques et rituels funéraires adoptés à l’époque ou encore sur la chronologie et l’organisation de ces cimetières.
Mise en regard des recherches menées ces dernières années en Bretagne, en particulier dans le Finistère, cette opération permettra d’enrichir les discussions autour des questions sociétales. L’organisation générale de la nécropole, par exemple les phénomènes de regroupement de sépultures, pourrait notamment alimenter des problématiques telles que la hiérarchisation des sociétés du début de l’âge du Bronze.
Les restes d’un squelette mis au jour
Les restes d’un squelette ont été découverts par l’équipe d’archéologues dans un coffre de pierre aux dalles parfaitement jointes. Sur la cinquantaine de sépultures dégagées, c’est la seule tombe qui a pour l’instant livré des restes humains, la nature du sol en Bretagne ne permettant pas en général la conservation de tels vestiges.
L’individu découvert est installé en position fœtale : tout le squelette n’était pas visible à l’ouverture de la tombe, seuls les os des jambes, tibia et fémur et des fragments de vertèbres apparaissaient. Les restes dégagés avec l’intervention d’une anthropologue ont également révélé quelques os du bassin, des mains et quelques dents. L’étude à venir de ces précieux ossements, à mettre en relation avec ceux découverts sur le même site dans les années 70, pourraient permettre d’en apprendre davantage sur la population de ce site de l’âge du Bronze.
L’étude des os du bassin pourrait ainsi révéler le sexe et donner une idée de l’âge de l’individu. Celle des dents pourrait même donner des indications sur son régime alimentaire.
Une autre particularité intéressante de la nécropole est de présenter plusieurs coffres de très petite taille. Ceux-ci peuvent correspondre à des tombes d’enfants, rarement rencontrées en de tels contextes.
Une fois les sépultures dégagées, photographiées, démontées, les archéologues repartiront, le 11 décembre 2020, poursuivre à la base de l'
INRAP
à Rennes l’étude de toutes ces données.
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