Histoire de la restauration de l'Adoration des bergers, tableau. Le contrôle scientifique et technique de l'opération de restauration de cette œuvre protégée au titre des monuments historiques a été assurée par la conservation régionale des monuments historiques
Un cycle composé de huit tableaux
La commune de Tournon-sur-Rhône en Ardèche a entrepris de restaurer progressivement des tableaux appartenant à un cycle narratif dédié à l’histoire du Christ. Composé de huit épisodes, cet ensemble a été peint autour de 1700 par un peintre local nommé Claude Robèque ou Robecque pour le couvent des religieuses de Notre-Dame du Puy à Tournon.
Cette institution religieuse s’était implantée en 1628 au pied du château et une porte cloutée en est le seul vestige conservé in situ. En effet, suite à la Révolution française, le couvent fut fermé en 1790, vendu comme bien national et les tableaux furent dispersés. Certains tableaux ont été déposés dans la collégiale Saint-Julien, d’autres au château-musée de la ville. La cohérence du cycle a été perdue suite à ces événements.
Juridiquement, ils ont connu une évolution distincte : seuls ceux de la collégiale, La Visitation, L'Adoration des bergers connue aussi sous le titre de La Nativité, Jésus parmi les docteurs et L’Erection de la croix, ont été classés au titre des monuments historiques à des dates différentes (1920 et 1978). Ils sont également les seuls à être présentés au public. Du fait des aléas de l’histoire, chaque tableau a été encadré séparément, perdant le lien avec son premier lieu d’exposition.
Certaines scènes comme Le Portement de croix sont signées en rouge « Robeque F. » pour Fecit (« a fait » en latin), ce qui a permis d’attribuer ce cycle. Le peintre est originaire de Montfaucon-en-Velay. Il subit l’influence du peintre du Puy-en-Velay Guy François et de son atelier et adopte un style caravagesque tardif. Peintre local, il s’inspire de gravures pour ses compositions.
Histoire de la restauration de l’Adoration des Bergers
Une première étape a été la restauration de L’Adoration des bergers en 2021. La restauratrice Aurélia Catrin a été retenue pour cette opération, ainsi que Philippe Boulet pour le cadre.
La restauration de cette œuvre est peut-être celle qui posait le plus de questions car une très grosse lacune gênait la lecture de la scène. En effet, une partie de la tête du boeuf et du personnage agenouillé (saint Joseph) est lacunaire. La restauratrice a également établi que la majorité du visage, le menton et l’épaule de saint Joseph visibles actuellement ne sont pas d’origine ; ces parties ont été retouchées lors d’une précédente restauration. Outre l’observation de l’oeuvre sous lumière ultra-violette, une photographie datant des années 1940 a permis de mesurer l’ampleur des manques dans la couche picturale.
Comme la disparition de la couche peinte sur le personnage central est irréversible, la restauratrice a proposé de combler la lacune en réalisant sur un mastic teinté des tons de fond correspondant aux différentes zones colorées. Ainsi les lacunes se fondent dans une vision d’ensemble et ne viennent plus accrocher le regard, sans réinvention d’un motif non documenté. Lors d’une réunion intermédiaire, il a également été décidé de masquer une protubérance au niveau de la tête du bœuf qui ne correspondait pas à une corne et était issue de l’ancienne restauration car elle perturbait également le regard et rendait incompréhensible cette zone de la composition.
Le tableau a regagné la collégiale Saint-Julien à la fin de l’année 2021. Comme le suggère la restauratrice, la rédaction d’un cartel illustré expliquant les interventions que le tableau a connues permettrait d’expliquer au visiteur la présence de la lacune et les traitements de conservation réalisés.
Le contrôle scientifique et technique de l’opération de restauration de cette œuvre classée au titre des monuments historiques a été assurée par la conservation régionale des monuments historiques.
La direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes a apporté 50% de subvention à cette intervention et le Conseil départemental 30%.
La commune poursuit en 2022 la restauration d’un autre tableau de ce cycle conservé dans la collégiale, Jésus parmi les docteurs.
Catherine Guillot - Conservation régionale des monuments historiques
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Des objets mobiliers de tous types (peinture, sculpture, mobilier, textile, orfèvrerie, instruments de musique, patrimoine industriel, scientifique et technique, etc.) et de toute époque sont protégés au titre des monuments historiques Plus de 260 000 objets mobiliers sont protégés au titre des monuments historiques, dont plus de 120 000 classés.
Chaque année, la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes soutient financièrement environ 80 opérations de restauration d’objets mobiliers menées sous le contrôle scientifique et technique de la Conservation régionale des monuments historiques.