11.Grenoble (Isère) : ancien hôtel de Lesdiguières et du jardin de ville
L’ancien hôtel de Lesdiguières et le jardin historique appelé “jardin de ville” comporte encore de nombreux éléments patrimoniaux remarquables et a conservé jusqu’à nos jours une unité et une cohérence d’articulation.
- 13e-14e siècles, 1602-ca 1650, 18e-20e siècles -
inscription au titre des monuments historiques le 15 novembre 2021 de l'ancien hôtel de Lesdiguières (hors aile Gavin) et le jardin de ville (prolongation de l'hôtel au-dessus de la collégiale Saint-André et bâtiment des communs au sud de la collégiale – cour de l'école formant continuité de la promenade, incluant les fontaines latérales).
© F. de Peyronnet-Dryden DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Reprenant le bâtiment de la Tour de la Trésorerie, dont les fondations sont assises sur l’ancien rempart romain et qui faisait partie de l’ancien palais delphinal adossé à la collégiale Saint-André, l’hôtel de Lesdiguières a été commandité en 1602 à l’architecte Pierre La Cuisse par François de Bonne, premier duc de Lesdiguières (1543-1626), qui en fera son hôtel particulier à Grenoble. Un jardin est aménagé à la même époque à côté du bâtiment, comportant un parterre fleuri, une terrasse plantée d’arbres à la manière d’un mail, et un bosquet.
Cette résidence passera aux descendants et héritiers de Lesdiguières, qui l’agrandiront (à l’hôtel Lesdiguières orienté vers l’actuelle rue Berlioz et englobant la Trésorerie est ajoutée notamment l’aile Créqui dans les années 1640, faisant face au jardin, ensemble auquel s’ajoutent des bâtiments annexes et des cours à l’arrière). Ils la partageront avec les intendants de Dauphiné à partir de 1683. L’édifice continuera à être occupé en commun par diverses administrations : la ville l’acquiert en 1719 avec le jardin appelé depuis « jardin de ville », et les consuls continuent à partager les lieux avec les intendants jusqu’à la Révolution. Ils y entreprendront de nombreux travaux d’embellissement, dont notamment le grand escalier monumental et les grands salons du rez-de-chaussée dans l’aile Lesdiguières, le corps central rocaille sur l’aile Créqui, et la nouvelle entrée par l’actuel parvis des Droits de l’Homme. Au XIXe siècle, c’est au tour de la préfecture d’occuper les lieux avec les maires, héritiers des consuls. La préfecture quittera le bâtiment devenu trop exigu en 1867 et l’édifice restera hôtel de ville jusqu’en 1967. Le dernier quart du XXe siècle voit se succéder et côtoyer divers services : services du procureur de la République (jusqu’en 2003), Musée Stendhal (jusqu’en 2004), bibliothèque de quartier et, depuis 2006, la maison de l’International. Il faut noter que la « maison Gavin », bâtiment reconstruit entièrement aux XIXe et XXe siècles à l’arrière de bâtiment, a fait l’objet d’une vente à un particulier en 2020.
Ce lieu emblématique de l’histoire grenobloise et du Dauphiné a conservé un certain nombre de dispositions remarquables, en dépit d’une succession d’occupations et d’aménagements récents, pour certains préjudiciables à sa bonne conservation. Les extérieurs portent encore, bien visibles, l’empreinte des divers éléments de construction : éléments médiévaux (portes et fenêtres, tour, voûtes d’ogives) dans les cours et la façade de l’ancien palais delphinal, intégrés aux constructions du premier duc de Lesdiguières ; architecture classique des ailes et dépendances de la période Lesdiguières et Créqui ; corps central rocaille reconstruit au XVIIIe siècle pendant l’occupation des intendants. Quant aux intérieurs, on peut y relever des éléments médiévaux (voûtes et quelques encadrements de portes), la qualité des boiseries et des parquets (en partie de Hache), les deux grands escaliers des XVIIe et XVIIIe siècles. De plus, des sondages révèlent de nombreux éléments anciens sous les faux-plafonds et cloisonnements mis en place aux XXe et XXIe siècles.
Une partie des décors, notamment les lambris et parquets Hache dans les grands salons, a été classée à partir de 1913 au titre des objets. Quant au jardin, site inscrit depuis 1943, il relève depuis 2013 du règlement de l'AVAP.
Partager la page