RÉGION LIMOUSIN

Si le nombre d’opérations reste stable en 2014, soit 67 (65 en 2013), on observe un rééquilibrage entre les trois départements, avec une augmentation significative de l’activité en Creuse. Le taux de prescription des diagnostics (38) est de 7,4 % ; celui des fouilles (15) est de 2,9 %. L’Inrap a réalisé 36 diagnostics et la totalité des 6 fouilles préventives conduites en 2014 l’ont été par des opérateurs privés. En regard de ces fouilles préventives, on observe que la recherche programmée continue à représenter une part très significative de la recherche : 4 fouilles programmées, 6 prospections thématiques et PCR ainsi que 8 sondages.

La répartition chronologique demeure cependant très inégale : une absence totale d’opérations intéressant la Préhistoire ancienne et récente ; moins de 10 concernent la Protohistoire (âge du Fer), une quinzaine pour l’Antiquité, enfin une trentaine pour le Moyen Âge et l’époque moderne. Ce dernier chiffre reflète une collaboration efficace avec les autres services du patrimoine (Monuments Historiques, STAP des trois départements) et le fort investissement du service dans le suivi des dossiers d’aménagement de bourg. Une évolution positive est à noter pour l’Antiquité grâce au PCR initié en 2014, associant l’université de Clermont-Ferrand et des archéologues limousins, sur l’habitat antique de la montagne corrézienne qui devrait générer une nouvelle dynamique de recherches. Pour les autres périodes, on ne peut que regretter, une nouvelle fois, la rareté des chercheurs et des équipes institutionnels en Limousin.

Dans le même ordre d’idée, on ne peut que constater le faible nombre de publications, qu’il s’agisse d’archéologie programmée ou préventive. L’imminence de la parution dans la série des British Archaelogical Reports du PCR dirigé par Anne Bouchette (†) consacré à l’alimentation végétale et aux structures de stockage de l’âge du Fer à la fin du Moyen Âge en Limousin marquera utilement la recherche sur cette thématique.

Dans des domaines fort différents, deux opérations novatrices dans leur mode opératoire sont à souligner, d’autant qu’elles connaîtront des développements dans les années à venir. Un relevé LIDAR (méthode de reconnaissance aéroportée) en Corrèze a révélé avec une grande précision des vestiges inédits ; cette méthode, qui permettra sans doute de renouveler radicalement notre connaissance du patrimoine enfoui dans une région où le couvert végétal très important constitue un obstacle majeur à la découverte et à la gestion des sites archéologiques, pourrait être mise en œuvre à plus vaste échelle dans le cadre d’un partenariat avec des collectivités et d’autres services de l’État. De même, la restauration de l’abbatiale de Beaulieu-sur-Dordogne a été accompagnée d’une « archéologie des couvertures », démarche tout autant utile à la connaissance historique du monument qu’au parti pris de restauration, qui pourra trouver de nouvelles applications dans les années futures, malgré les problèmes techniques qu’elle pose.

Les problèmes récurrents de saturation du dépôt de fouilles régional pourraient, enfin, à moyen terme trouver une solution partielle avec la création ou l’extension des réserves des musées de Guéret et de Brive.

Martine FABIOUX
Chef du Département architecture et patrimoine
Conservateur régional de l’archéologie