Les protections au titre des monuments historiques 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes - 3eme trimestre
6.Rochegude (Drôme) : église Notre-Dame-des-Aubagnans
L'église Notre-Dame-des-Aubagnans présente un ensemble bâti cohérent, vestige d'un établissement prioral autrefois plus vaste.
Époque : médiévale
Inscription au titre des monuments historiques le 26 octobre 2021 de l'église Notre-Dame-des-Aubagnans et du bâtiment attenant du prieuré demeurant en élévation.
© A. VERTU DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
En bordure de la route de Bollène, le site du prieuré Notre-Dame-des-Aubagnans se trouve à deux kilomètres au nord-ouest de la commune de Rochegude, elle-même étant située à l’extrême sud du département de la Drôme.
Il s’agit d’un ancien site monastique de l’ordre de Saint-Ruf, dont seuls l’église et un bâtiment attenant ont été conservés. L’église priorale, protégée en 1926 sous le nom de chapelle « Notre-Dame-des-Aubagnons » est un bel exemple de l’art roman provençal. Le prieuré s’installe sur ce site, en léger promontoire, à une époque indéterminée. Il se positionne dans la continuité d’un habitat repéré dès l’Âge du Fer et à proximité d’une grande villa gallo-romaine dont des zones d’épandages agraires sont connues.
En ce qui concerne l’église, elle est d’une architecture simple, à une nef. La partie la plus ancienne est le chevet du XIe siècle. Il présente une corniche de modillons très intéressante et une couverture en lauzes. Les pilastres des trois travées qui composent la nef supportent une voûte qui s’élève à 9,95 mètres. La construction des murs de l’église appartient à la première moitié du XIIe siècle, certaines pierres étant gravées de marques lapidaires. La voûte, qui repose sur des arcs doubleaux, n’est pas d’origine.
Elle aurait été reconstruite après un incendie subi pendant les guerres de religion. Des arcs de décharge relient les pilastres des murs gouttereaux, comme il est habituel dans l’architecture médiévale du Tricastin, dont la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux est un exemple.
L’abside forme un large chœur, qui communiquait, au sud, avec la sacristie et le logement des desservants de cette petite communauté placée sous la direction d’un prieur.
La façade occidentale est percée d’une porte, qui se trouve décentrée, sous une bretèche appartenant à une campagne de fortifications ultérieure à la construction, qui a pu se produire entre le XIVe et le XVIe siècle, sans qu’on ait plus de précisions.
Dans la région, les passages dévastateurs de troupes de « routiers » issus des grandes compagnies de mercenaires, désœuvrés entre les guerres, furent fréquents. Le dispositif défensif était complété par des archères, auxquelles on accédait par un passage dans l’angle sud-ouest de l’église, ménagé dans l’épaisseur du mur. Le bâtiment d’habitation, abandonné depuis le XVIIIe siècle, lors de la suppression de l’ordre de Saint-Ruf qui occupait les lieux, est en ruine. Le niveau inférieur, anciennement une cuisine avec une cheminée dont le manteau a disparu, était construit tout contre le rocher, en partie creusé, à la même époque que la construction de l’église. Les deux étages reflètent un aménagement des lieux, notamment une élévation des XVe et XVIe siècles, ainsi que la tour d’escalier hors-œuvre qui la desservait, encore visible à l’arrière de l’église.