Monsieur l’ambassadeur, cher Christian Masset,

Madame la directrice de l’architecture, adjointe au directeur général des patrimoines, chère Agnès Vince,

Monsieur le président de l’Institut français, cher Pierre Buhler,

Mesdames et messieurs les représentants des villes et métropoles,

Messieurs les commissaires, chers Nicola Delon, Julien Choppin et Sébastien Eymard,

Mesdames et messieurs les mécènes et partenaires,

Mesdames et messieurs les architectes,

Mesdames et messieurs,

Chers tous,

Je suis particulièrement heureuse d’être aujourd’hui avec vous à Venise, au nom de la ministre de la Culture, pour cette biennale qui est un moment majeur de la scène internationale et de la scène française de l’architecture.

La Ministre se trouve en ce moment-même avec notre Président en Russie, où elle souhaite être le porte-parole de la liberté de création, et défendre les valeurs et principes qui sont au fondement de notre République. Comme elle l’a fait en montant les marches à Cannes avec les producteurs de Serebrennikov comme l’a dit avec Romeo Castellucci lors de leur magnifique rencontre.

Les deux commissaires générales de cette Biennale d’architecture de Venise, Yvonne Farell et Shelley McNamara, ont placé cette édition sous le sceau de l’humanité, de la liberté. Leur volonté résonne profondément avec les principes qui sont au cœur de l’engagement de la ministre de la Culture.

Et le pavillon français, que nous inaugurons aujourd’hui, chers Nicola Delon, Julien Choppin et Sebastien Eymard, est emblématique de la volonté de la ministre de la Culture en matière d’architecture :

  • Celle de privilégier une architecture qui favorise le bien-être ;
  • Une architecture qui réponde aux besoins d’une société de plus en plus urbaine ;
  • Une architecture qui favorise les échanges culturels, sociaux et générationnels ;
  • Une architecture pour tous les territoires, des plus urbains aux plus ruraux, des grands sites de mutations urbaines au cœur de nos villes anciennes ;
  • Une architecture qui apporte des réponses aux grands enjeux environnementaux ;
  • Une architecture pour toutes et tous.

Mais c’est aussi la volonté de s’appuyer sur les professionnels de l’architecture.

Le Pavillon français démontre qu’être architecte aujourd’hui, ce n’est pas uniquement construire un bâtiment. Cela peut être, et c’est de plus en plus, développer des modes d’exercice pour s’adapter aux besoins et aux attentes de la société. Fabriquer le projet avec les usagers, mettre en relation, travailler avec le provisoire, penser sobriété, réversibilité ou évolutivité, c’est tout cela que le Pavillon français exprime.

Pour reprendre les mots des architectes irlandaises Yvonne Farell et Shelley McNamara, « Freespace représente la générosité d’esprit et un sentiment d’humanité au cœur des intentions de l’architecture, en mettant l’accent sur la qualité de l’espace lui-même. »

L’architecture sait aujourd’hui servir une société imposant une reconstruction de la ville sur la ville laissant une place pour des lieux accueillant l’imprévu et fonctionnant comme de véritables laboratoires sociaux.

Au XXIe siècle, notre espace culturel est mondial, global. La plupart des citoyens sont mobiles. Les populations se déplacent et les cultures se côtoient, se mêlent. C’est donc une ville inclusive que la ministre de la Culture défend.

Une ville où les rapports sociaux se tissent, se croisent et se développent, une ville maillée, dense, mixte.

Les « Lieux infinis » proposés pour le Pavillon français, par Nicolas Delon, Julien Choppin et Sebastien Eymard, les architectes de l’équipe « Encore Heureux », nous invitent ainsi à revoir nos modes de pensées, à expérimenter de nouveaux communs et à mieux nous servir de la générosité de l’architecture dans sa capacité à accueillir l’imprévu.

Nous avons besoin de la souplesse et de la générosité de l’architecture pour accomplir les transitions majeures qui sont en cours.

Une société plus urbaine, c’est aussi une société qui doit savoir préserver son environnement et ses ressources naturelles.

Réutiliser ce qui est déjà aménagé, quelquefois provisoirement, réinvestir des lieux, leur redonner un usage, c’est aller vers une ville plus dense mais accueillante et généreuse.

D'ici à 25 ans, le défi de nos villes sera d’accueillir, à l'échelle de la planète 6,3 milliards d'habitants.

Bien sûr, dans ce contexte, l'architecture développe des formes éco-responsables plus denses, mieux utilisées et plus compactes.

Mais, au-delà de ses défis techniques, elle réinvente les usages des sites et édifices existants et les adapte à un nouveau contexte environnemental, technique, sociétal.  C’est la force des dix lieux qui sont présents, révélés à travers le rêve qu’ils ont permis d’accomplir, dans leur différence, leur pérennité ou leur précarité. Ils expriment une attente de lieu, de mixité, où tout s’invente entre les citoyens, chaque jour. Ils expriment aussi le défi des pouvoirs publics de pouvoir apporter des réponses adaptées à l’infinie diversité de notre société.

Je veux tous les citer pour rendre hommage à leurs inventeurs :

  • L’Hôtel Pasteur à Rennes
  • Le Centquatre à Paris
  • Le Tri Postal à Avignon
  • Les Grands Voisins, à Paris
  • Le 6B à Saint-Denis
  • La Convention à Auch
  • La Friche Belle de Mai, à Marseille
  • Les Ateliers Médicis, à Clichy-Montfermeil
  • La Ferme du Bonheur, à Nanterre
  • La Grande Halle, à Colombelles

Dans le cadre de cette reconstruction de la ville sur la ville, la reconversion de certains sites n’est pas évidente, économiquement et techniquement contrainte. Il n’est pas rare que ces lieux restent en friche, parfois longtemps.

Cette vacance « ici et maintenant » constitue un indéniable potentiel pour des citoyens en recherche de modèles alternatifs. C’est aussi un temps pendant lequel ils peuvent se réapproprier un lieu, le réinvestir, le réinventer. Pour reprendre les propos d’Encore Heureux, c’est un temps d’« ouverture sur l'imprévu pour construire sans fin le possible à venir ».

Pour travailler dans ce contexte de mutation, l’architecte est un acteur incontournable, mais dont l’action ne se réduit pas à l’acte de construire. Ce que cela démontre, c’est que l’architecte s’intéresse autant aux questions qu’aux réponses, et donc aux attentes sociétales, qu’aux formes architecturales. Que les questions constituent le premier matériau d’un projet, que l'architecte doit malaxer, travailler jusqu’à ce qu’une forme puisse émerger.

Aujourd’hui, produire un logement pour tous est un axe majeur de la politique gouvernementale et il met au cœur du débat la capacité de l’architecture à y répondre.

Les architectes, depuis très longtemps, ont été les moteurs de l’innovation dans la manière de concevoir des logements adaptés aux modes de vie de leur époque.

Aujourd’hui, le défi de l’habitat est toujours devant nous et nous devons savoir y répondre dans un contexte de transition énergétique et numérique sans méconnaître la dimension économique rendant tout projet possible.

Face à ce défi, il est essentiel de réaffirmer les combats que porte la ministre de la Culture pour l’architecture et les architectes.
C’est un triple combat.
Un combat pour la reconnaissance de l’apport et de la valeur de l’architecture, par tous les citoyens.

Parce que le rôle des architectes n’est pas toujours bien compris en France, et notre pays a besoin de ses professionnels pour relever les grands défis de notre siècle. Il nous faut donc réaffirmer la place de l’architecture dans notre société et dans l’évolution de notre environnement.

Le deuxième combat est celui de l’expérimentation, celui du « Permis de faire ».

Nous devons garantir les conditions qui vous permettent de créer, d’expérimenter, d’imaginer avec tous les acteurs du cadre de vie, les espaces de chacun pour demain. Pour cela il vous faut du temps, il vous faut des moyens.

La structuration économique de vos structures professionnelles est un enjeu central, sur lequel nous travaillons ensemble.

C’est le sens du « permis de faire », que la Ministre porte avec une grande conviction, et qu’elle souhaite conduire jusqu’à la généralisation.
Et enfin le troisième combat est celui des rayonnements des formations et de la recherche en architecture,

Parce que c’est la clé de l’avenir.

Nous sommes en train de renforcer les formations initiales des architectes sur les enjeux du bâti existant notamment, car nous avons besoin de vous pour la transition écologique, la lutte contre l’étalement urbain, la revitalisation de nos centres-villes anciens, la réutilisation et l’adaptation du patrimoine architectural récent du 20e siècle… et bientôt du 21e… si sensible, car pas encore regardé à sa juste valeur.

A compter de l’année universitaire 2018-2019, nos Ecoles se mobiliseront pour offrir davantage d’enseignements sur le patrimoine aux étudiants ; Et la Ministre souhaite aussi qu’elles développent leurs activités de recherche, autour de l’habitat et du logement. Cela fait partie de leurs missions.

Ce triple combat – pour la reconnaissance, l’innovation, la formation –  permettra de consolider la stratégie nationale pour l’architecture.

La Ministre contribue à éclairer le débat sur le logement en lançant deux grandes missions offensives pour votre profession :

  • Une réflexion sur la façon de renforcer « le désir d’architecture » dans notre pays, d’une part ;
  • Et un travail sur l’apport des architectes à la qualité de l’habitat, d’autre part, sur la façon d’améliorer la lisibilité du rôle de l’architecte dans le processus de production du logement de qualité – de la conception à la réalisation ; et d’autre part, sur l’équilibre essentiel de la relation entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre.

Aujourd’hui, c’est le rayonnement de l’architecture française et des architectes français que nous célébrons.
Le Pavillon français de cette 16e édition de la Biennale d’architecture de Venise est une brique à l’édifice humain et créatif de tous les pavillons français successifs de cette Biennale. Que tous leurs commissaires soient ici salués.

Je tiens au nom de la Ministre à remercier et à féliciter chaleureusement toute l’équipe Encore heureux, pour son talent, son magnifique travail, son engagement au service du rayonnement de nos architectes.
Pour finir, je me félicite de la collaboration fructueuse avec l’Institut français et le soutien généreux de nombreux mécènes et partenaires que je ne citerai pas à nouveau, qui ont permis la réussite du Pavillon français, l’engagement des collectivités territoriales présentes. La Ministre met en œuvre une politique très déterminée dans les territoires, fondée sur le lien étroit entre l’Etat et les collectivités territoriales auquel elle est très attachée.

Je vous souhaite à tous une Venise de découverte et de débats.

Je vous remercie.