Discours d'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé lors du lancement des troisièmes Rendez-vous du Design, le jeudi 22 mai 2014, Paris.

Monsieur le directeur de la Cité de la mode et du design, cher François Belfort,

Monsieur le ministre de l'Economie, du redressement productif et du numérique, cher Arnaud Montebourg,

C'est toujours un plaisir de pouvoir participer et organiser des événements avec toi autour du design en particulier comme cet après-midi. On avait déjà eu l'occasion à Bercy de faire une soirée consacrée au tandem entreprises-designers il y a quelques mois et là on a cet après-midi, avec les troisièmes rendez-vous du design, une nouvelle illustration de la volonté politique très forte de mettre le design au coeur d'une véritable politique culturelle et industrielle. Car le design c'est cela, c'est à la fois de l'économie, de la culture, de l'industrie, ce sont des process, des objets matériels ou immatériels, une réflexion sur l'objet juste, le geste juste d'organisation juste.

Evidemment, c'est extrêmement important pour le rayonnement de la culture française, la créativité française parce que le design fait partie de nos secteurs d'excellence, fait partie de nos secteurs d'excellence. Parce que nous avons un réseau d'écoles absolument remarquable que je salue aujourd'hui avec dix mille étudiants sur tout le territoire, réseau d'écoles qui forme les designers de demain et d'ailleurs. Je vais aussi remercier Constance Lucé pour son travail sur la formation au design qui nourrit notre réflexion ; et puis c'est très important parce que l'ensemble des entreprises françaises auxquelles tu es si attachée et pour lesquelles tu te dévoues tant, l'ensemble des entreprises françaises bénéficie de l'impact de la plus-value du design, de cette french touch comme on dit, qui est l'une de nos spécificités et l'un de nos atouts. Donc intégrer la culture design au sein de l'économie, au sein de l'industrie, c'est aussi contribuer au redressement productif de notre pays.

Cette politique est construite entre le ministère de l'Economie et le ministère de la Culture, elle est construite avec les collectivités et avec les territoires ; c'est d'ailleurs aujourd'hui le thème de la journée : design et territoires. On aura des interventions des différentes régions, je les salue moi aussi, les régions Centre, Pays de Loire, Aquitaine et Champagne-Ardennes et je salue les directeurs des affaires culturelles qui sont présents cet après-midi. C'est aussi construit évidemment avec les designers eux-mêmes, avec les professionnels. On avait confié une mission à Alain Cadic sur justement l'avenir du design en France, il y a les groupes de travail, il y a aussi la cité du design, le lieu du design, tous ces espaces où on réfléchit à améliorer encore, renforcer notre politique en faveur du design. C'est tout à fait indispensable aujourd'hui parce que, indépendamment de nos écoles, du réseau de formation au design, les professionnels, je souhaite aussi qu'on travaille à améliorer la culture design de l'ensemble de nos concitoyens et ce au même titre que l'ensemble des programmes d'éducation artistique, le design fait partie de notre culture à chacun. Les objets qui sont la face la plus connue du design et dont on a vu un certain nombre d'exemples à l'instant dans les expositions, ces objets qui sont des objets du quotidien sont aussi des objets populaires au sens où ils sont connus et reconnus même si on ne sait pas forcément qui les a créés et comment ; mais il y a une sensibilité, une curiosité pour le design en France. Donc il faut travailler à améliorer encore la diffusion de cette culture design.

C'est le sens de deux initiatives que nous avons prises d'une manière conjointe, d'abord la création de cette capsule du design dont vous verrez une exposition tout à l'heure en fin d'après-midi et que nous venons de découvrir avec Arnaud. Ces capsules du design ce sont les préfigurations de ce qui va être un grand mouvement national sur l'ensemble du territoire pour faire connaître le design à tous nos concitoyens, ce sont des petits éléments, de petits espaces qui sont évidemment modulables, transportables aisément et qui vont présenter ainsi des éléments de la culture design, du patrimoine design et qui vont ainsi pouvoir circuler facilement partout en France.

Les premières sélections de pièces qui vont vous être présentées sont issues de cinq grandes collections publiques, celle du Centre Pompidou, celle du Cnap, celle du mobilier national, du musée des arts décoratifs et de Sèvres cité de la céramique. C'est aussi cela la culture design, faire circuler des éléments de nos grandes collections nationales. On a la chance, et Richard Lagrange t'en parlait à l'instant, d'avoir pu constituer en France, au fil des années, de grandes collections qui sont des collections nationales au même titre que les collections de nos musées et qui doivent contribuer à alimenter la culture générale de l'ensemble de nos concitoyens. Et c'est aussi d'ailleurs une réflexion qui s'engagera dans le cadre de l'ensemble entreprises à l'oeuvre sur lequel nous travaillons pour la rentrée. Il y aura aussi un kit qui permettre aux institutions ou aux lieux qui sont intéressés, de produire leurs propres capsules et aussi de fournir aussi la médiation appropriée. Je veux donc remercier tous les acteurs de ce projets de capsules du design qui ont su et qui savent si bien travailler ensemble pour concevoir cette exposition qui est très attractive, très mobile et dont je suis sûre qu'elle séduire de nombreux acteurs locaux, des collectivités, des entreprises, des structures culturelles ou associatives.

C'était le premier des deux événements que je voulais vous annoncer. Le deuxième c'est le prix Jean Prouvé parce que, cette fois, c'est une initiative prise avec Benoît Hamon, le ministre de l'Education nationale, nous avons décidé de lancer, ce sera mardi le 27 mai, une consultation de design sur le renouvellement du mobilier scolaire. Là encore, évidemment l'enjeu est essentiel parce qu'il y a un enjeu d'adapter ce mobilier aux nouveaux usages, aux nouveaux usages pédagogiques, par exemple les usages numériques bien sûr aux nouvelles pratiques. Jean Prouvé, évidemment il n'y a pas besoin de s'étendre mais il avait conçu entre autres du mobilier scolaire dont on peut voir encore certains éléments dans ma bonne ville de Metz d'ailleurs, des éléments d'époque. Nous avons donc décidé de nous adresser à la fois aux designers professionnels et aux écoles du design pour lancer cette consultation sur le design mardi prochain. Ce sera l'occasion à la fois de faire oeuvre utile, oeuvre pédagogique et aussi de contribuer à enrichir la réflexion sur la place du design dans notre vie quotidienne. C'est une responsabilité collective, il y a beaucoup de projets, beaucoup d'enjeux, le principe de responsabilité cher à Hans Jonas, c'est souvent cité par les designers alors je terminerai en disant que, comme lui, nous devons agir de façon que les effets de notre action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre, une vie authentiquement humaine c'est peut-être une vie plus belle mais pas seulement plus belle parce que je sais que les designers ne veulent pas être limités aux beaux objets mais aussi tout simplement plus juste.

Je vous remercie.