Monsieur le Maire de Bordeaux, Cher Alain Juppé
Monsieur le président du Syndicat de la librairie française, Cher Matthieu de Montchalin
Monsieur le président du Syndicat national de l’édition, Cher Vincent Montagne
Mesdames et Messieurs
Chers amis,
Bordeaux est pour deux jours la capitale de la librairie indépendante. C’est un rôle qu’elle n’a pas usurpé, car Bordeaux est une ville d’authentiques libraires, qui font honneur à leur profession. Je pense, en particulier, à Ariane Tapinos, pour la librairie Comptines, à Hélène des Lignéris, pour la La Machine à lire et bien entendu, à Denis Mollat, président du Cercle de la librairie.
J’ai tenu à ce que le ministère de la Culture, mes services et le Centre national du livre soient partenaires de ces rencontres. Je suis heureuse d’être aujourd’hui parmi vous et de vous assurer du soutien du Gouvernement. Je remercie la Région Aquitaine, la Communauté urbaine de Bordeaux, la ville et toutes les contributions publiques et privées qui ont permis au SLF de mener à bien l’organisation de cet important événement.
Les rencontres de 2011 à Lyon avaient porté la question de la librairie sur le devant de la scène avec acuité. Les responsables politiques et, plus largement, l'opinion publique, prenaient conscience qu'en dix ans, la situation de ces commerces culturels s'était fortement dégradée, que la révolution numérique entraînait un ébranlement de notre système d'accès au livre et qu’il fallait adapter notre écosystème à l’ère du numérique.
Le numérique ne peut être la source de toutes les difficultés ; je le dis d'autant plus volontiers que je viens de recevoir le rapport de la mission de l’acte II de l’exception culturelle, animée par Pierre Lescure, qui porte un regard volontaire et très positif, mais sans dogmatisme, sur ce que les industries culturelles au sens large peuvent attendre du numérique. Le numérique a investi la filière du livre, c'est un fait et dans votre domaine, plus que dans d’autres peut-être, les professionnels, ont anticipé et commencé à s’y préparer avec beaucoup de courage et de sérénité : Pierre Lescure l'a amplement souligné. Ainsi, en mars dernier, les auteurs et les éditeurs sont parvenus, sous l'égide du Ministère, à aboutir à un accord sur le contrat d'édition à l'heure du numérique après plus de quatre années de négociations. Vous savez à quel point je tenais à cet accord. Les acteurs de la chaîne du livre ont ainsi montré qu'ils savaient faire preuve de solidarité et de responsabilité. C’est dans le même esprit de responsabilité partagée, entre l’Etat et les professionnels que nous avons travaillé pour élaborer le plan en faveur de la librairie. Je tiens à saluer ce dialogue entre professionnels et cette volonté de parvenir à des résultats. Nous savons aussi que le commerce du livre consistera pour longtemps encore à vendre un bien matériel car le livre reste sans conteste à l’heure d’Internet un moyen de communication d’une remarquable modernité.
En revanche, l’économie du livre et le métier de libraire évoluent plus vite que par le passé, pour prendre en compte les bouleversements de la révolution numérique. Les pouvoirs publics, Etat comme collectivités territoriales, avons à cœur de vous accompagner pour que l’économie du livre continue à être florissante. Je salue les propositions faites hier par le président du Conseil Régional Alain Rousset ; propositions que nous pourrons travailler avec les collectivités territoriales.
Notre pays continue à se distinguer par sa capacité à proposer au monde entier une création éditoriale inventive, ingénieuse, inattendue. Cette création et cette diversité éditoriale sont proposées à nos concitoyens sur l’ensemble du territoire grâce à notre réseau de libraires et de bibliothèques et médiathèques. Les librairies indépendantes jouent un rôle crucial, par leur nombre et par la variété de leurs choix en matière d'assortiment, par leur lien direct avec les publics, demeurent aujourd'hui les garantes de cette diversité éditoriale, que certains appellent du joli nom de « bibliodiversité ».
Puisque l'imprimé restera encore longtemps le socle de l’économie du livre, sachons bien analyser les forces qui contrarient aujourd'hui le commerce physique afin de tenter d'y répondre. Les premières rencontres, à Lyon, avaient fourni d'intéressantes perspectives. Je félicite le SLF et ses équipes d'avoir produit pour la seconde édition plusieurs études importantes, qui viennent préciser ces éléments alors avancés.
Je découvre certes, dans ces études, bien des éléments positifs. Comparée aux autres Etats d'Europe, la librairie française conserve des positions remarquables. Le commerce du livre y réalise toujours plus de 20% de son chiffre d'affaires. Je vois également à quel point la qualité et le conseil constituent le socle de votre métier : les résultats des librairies bénéficiant du label LIR en témoignent. Je vois aussi avec satisfaction que certains éditeurs ont su assouplir leurs conditions commerciales et je veux encourager ici tous les acteurs de cette branche à suivre cet exemple.
Je suis en effet persuadée que la réussite de la politique du livre et de la lecture tient au fait qu'elle est fondée sur la recherche et le maintien de grands équilibres entre les acteurs qui composent la « chaîne du livre ». Alors que le secteur se trouve dans une mutation importante liée à l'essor de la vente en ligne, alors que le développement annoncé du livre numérique pourrait modifier radicalement les conditions de l'accès aux œuvres comme leur mode de commercialisation, ces équilibres nous devons aujourd'hui les repenser et les renforcer par la solidarité entre tous les acteurs de la filière.
Mais, ne vous méprenez pas, je vois aussi que les risques identifiés en 2011 sont toujours là.
Parmi les charges, les loyers sont de plus en plus pesants pour les commerces culturels, et justifient les alarmes de Louis Gallois, lorsqu'il affirmait récemment que le prix de l'immobilier en France était l'un des principaux freins à sa compétitivité. Nous travaillons conjointement avec ma collègue Ministre du Commerce et de l'Artisanat sur cette importante question du prix des baux en centre-ville et il me paraît essentiel que cette question soit abordée au premier plan lors de tous nos échanges avec les collectivités territoriales. Je suis tout à fait favorable à la proposition d’Alain Rousset de rouvrir le débat sur les capacités d’action et de préemption des collectivités territoriales en matière de baux commerciaux.
La pression sur les parts de marché n'a pas non plus diminué. Ces dix dernières années les libraires en ligne, qui sont plus des vendeurs en ligne que des libraires, ont fortement concurrencé la librairie indépendante. Cet important changement traduit bien entendu de réelles évolutions dans les comportements de consommation des français et il serait vain de vouloir les contrecarrer. Bien au contraire, je veux encourager les libraires à rejoindre les sites de vente en ligne de livres papier ou de livres numériques qui existent déjà, tels libraires.fr ou la librairie.com. Des aides du CNL permettent d'ailleurs aux libraires de rejoindre ces sites. Mais nous savons tous qu'ils sont le fruit, également, de conditions de concurrence qui ne sont pas équitables. La librairie a révélé la première, sans doute, toute l'importance de la fiscalité comme arme concurrentielle et nous savons comment les grands acteurs du numérique pouvaient tourner à leur avantage les failles dans les règles internationales obsolètes de la fiscalité.
Les choses changent, néanmoins. Nous observons que les Etats, et notamment les Etats-Unis et le Royaume-Uni de manière singulière peut-être, supportent de plus en plus impatiemment le manque à gagner que représentent ces comportements pour les budgets publics. Aux Etats-Unis, l'exemption de taxes à la consommation pour les achats en ligne coûterait 12Milliards de dollars de recettes aux états. Cette niche fiscale des années 1990, destinée initialement à encourager le développement du marché balbutiant du commerce en ligne, provoque désormais un tel débat outre-Atlantique que le Congrès a inscrit à son agenda le vote d'une nouvelle contribution, qui porte le nom significatif de « taxe Amazon », pour rétablir les conditions d'une meilleure concurrence entre les différents types de commerces. Il nous faut trouver des nouveaux mécanismes pour défendre l’exception culturelle, pas seulement franco-français ni même de la Vieille Europe, mais des évolutions pour préserver la diversité de la création bien au-delà de nos frontières.
Des évolutions sont à attendre sur ces questions essentielles ; elles s’inscrivent pour nous, bien évidemment, à l’échelon européen. A partir du 1er janvier 2015, la TVA sera prélevée dans le pays de l’acheteur. Des évolutions ne viendront qu'à moyen terme et elles nous engagent donc à prendre des mesures plus directement opérationnelles.
Le président de la République s'est fortement engagé sur le livre.
J'ai moi-même travaillé dès le mois de juin 2012 à ramener le livre au nombre des produits de première nécessité, pour revenir à un taux de TVA à 5,5 % dès l’été 2012 et à 5 % au 1er janvier 2014. Cette décision dans le contexte que l’on connaît est loin d’être neutre. Elle est au contraire essentielle, notamment dans le contexte des finances publiques actuelles, et représente l’importance, pour l’Etat, du soutien à l’économie du livre. L’application, dès 2013, du taux de TVA de 5,5% sur le livre numérique, alors même que ce choix, chacun en avait pleinement conscience, serait contesté au niveau européen, montre l’engagement sans faille du Président de la République et du gouvernement en faveur du livre. Nous continuerons de défendre à Bruxelles le principe de la neutralité économique.
J’ai également souhaité, dès l’été 2012, lancer les travaux pour un plan en faveur de la librairie indépendante.
Un an plus tard, où en sommes-nous ?
Les différents rapports qui m'ont été rendus, et les discussions des groupes de travail engagés, ont souligné les enjeux nouveaux auxquels les librairies sont confrontées : augmentation des charges – je l’ai déjà évoqué – et donc de la nécessité d’une gestion optimisée, désolée pour ce terme technique, mais qui est néanmoins le reflet de l’activité commerciale que vous assumez, nécessité de proposer des solutions adaptées aux librairies de distribution en ligne du livre papier, évolution des métiers et des compétences dans ce nouveau contexte.
Ces travaux ont également plaidé pour une montée en puissance des dispositifs d'aides publiques, sans perdre de vue, bien entendu, la nature commerciale et concurrentielle de votre activité.
J'ai eu l'occasion d'annoncer, au Salon du livre de Paris en mars dernier, plusieurs mesures importantes et urgentes sur ce volet des aides.
Je rappelle que les ressources du CNL viendront doter un fonds entièrement nouveau destiné à aider la trésorerie des libraires sur le court terme. Toutes vos études montrent le caractère crucial des problématiques de trésorerie dans la période actuelle et il était important que nous y répondions. Ce fonds de 5 millions sera placé auprès de l'IFCIC, dont je tiens à souligner la pertinence dans le domaine culturel. Le rapport Lescure a clairement souligné que cet établissement bancaire public devait devenir un acteur incontournable du financement des industries culturelles.
De la même manière, la structure générationnelle des dirigeants d’entreprises de libraire nous laisse prévoir une forte augmentation, dans les années à venir, du nombre des transmissions de librairies. Dans ce contexte, il m’a paru nécessaire de renforcer significativement les moyens alloués à l’accompagnement des libraires lors d’opérations de reprises. C’est la raison pour laquelle le fonds de soutien à la transmission des librairies, créé en 2008 par le ministère de la culture et dont la gestion est assurée par l’ADELC, sera renforcé à hauteur de 4 M€ supplémentaires.
Je tiens du reste à saluer ici le travail remarquable réalisé par l’ADELC, qui a permis depuis 2008 d’accompagner, aux côtés du CNL, la transmission d'une cinquantaine librairies. Elle a développé une véritable expertise dans ce domaine en démontrant sa capacité à accompagner sur le long terme les libraires qui se lancent dans cette très belle aventure qu’est la création ou la reprise d’une librairie.
Le contexte économique présage malheureusement, vous le savez, des mouvements de cession d’un nombre important de magasins d’enseignes culturelles qui renforce l’intérêt d’une aide à la transmission.
Je me suis fortement engagée, accompagnée par mes collègues en charge du travail, Michel Sapin et du commerce, Sylvia Pinel pour que les difficultés rencontrées par le groupe Actissia ne mettent en péril le moins possible le réseau des librairies Chapitre, fort d'une soixantaine de points de vente aujourd’hui. Comme pour Virgin, les erreurs stratégiques ont été nombreuses dans ce dossier et il est regrettable que la librairie et les salariés aient à payer pour ces erreurs et que cela rejaillisse sur les lecteurs. Les pouvoirs publics mettront en œuvre des dispositifs pour favoriser au maximum le maintien de l’activité de librairie, c’est notre devoir. Et j’en appelle à la responsabilité de tous, et dans le cas d’espèce aux dirigeants du groupe Actissia qui doivent, dans les discussions en cours, permettre que les cessions et le maintien de l’activité de librairies soient faites dans les meilleures conditions pour les porteurs de projets de reprise solides. Le gouvernement sera également attentif à la situation faite aux personnels dont les emplois ne pourront être sauvegardés et dont les savoir-faire et les compétences doivent être préservés.
Je souhaite que l'Adelc et le CNL soutiennent les projets de reprise réalistes issus de ces plans de restructuration. Les moyens renforcés dont l’ADELC se verra ainsi dotée lui permettront de poursuivre sereinement son action en ce sens. Il s'agit bien entendu de mettre en œuvre un accompagnement raisonnable sans compromettre le budget de cet organisme. Le retour de ces magasins dans la grande famille des indépendants doit être encouragé et accompagné.
Pour ce qui relève du calendrier de mise en œuvre des décisions de mars, je peux vous dire que le fonds dédié à la transmission sera opérationnel dès le mois de juillet et que le fonds ciblé sur la trésorerie sera mobilisable dès l’automne, au moment où le cycle de trésorerie des librairies s'inverse traditionnellement.
Au-delà de la mise en œuvre des ces deux mesures structurantes, il ne vous a pas échappé que nous réfléchissions, au moment du salon du livre, à la création d'un fonds d'intervention, destiné à prendre en charge certains besoins structurels de la librairie. Le Président de la République s'en était lui-même fait l'écho.
Il s’agissait d’examiner si le soutien complémentaire apporté au secteur par la baisse prévue au 1er janvier 2014 du taux de TVA pouvait être affecté au soutien de la librairie indépendante. Cette mesure passera finalement par le canal de la contribution que vient d'annoncer le président du SNE. Je veux fortement me féliciter de cet effort de solidarité interprofessionnelle ; il est né de discussions intenses entre les parties, à la suite des propositions que nous avions faites de transposer, au secteur du livre, un mode de prélèvement habile et non budgétaire utilisé dans d’autres secteurs, notamment le monde agricole. J'ai bien entendu que ces contributions seront volontaires et je tiens évidemment à respecter le vœu des acteurs, dont la responsabilité est ici première. Je serai néanmoins attentive à ce que le niveau de ces contributions soit à la hauteur des objectifs exprimés aujourd’hui et je ne m'interdis pas, si tel n’était pas le cas, de proposer au gouvernement de rendre la contribution obligatoire par la loi, sur le modèle des contributions volontaires obligatoires (CVO) de l'agriculture.
C’est confiante dans cette perspective que je vous annonce aujourd’hui un nouvel engagement de la part du gouvernement, à savoir une mobilisation renforcée des aides du Centre National du Livre en faveur de la librairie. Le CNL attribue aujourd'hui 2,5 millions d'aides directes pour la modernisation et le développement des librairies 2 millions supplémentaires seront inscrits au budget de l'établissement en 2014 pour quasiment doubler sa capacité d’interventions en faveur de la librairie. Le financement d'un plan ambitieux pour la formation et le renforcement des compétences des librairies, dans les domaines économiques ou numériques, enjeu souligné lors des travaux préparatoires, me paraît relever directement de ces moyens nouveaux.
Dans une période où les ressources des établissements publics sont observées avec une grande attention par le ministère du budget, il y a là une mesure qui marque clairement la priorité que j'entends donner à la librairie et à ses préoccupations.
Cet effort important de doubler les aides en faveur de la librairie sera sanctuarisé dans le budget du CNL. La concertation que j'ai lancée ce printemps pour la réforme du régime d'aides, à laquelle vous participez, devra aussi nous aider à trouver les marges nécessaires à cet effet. Je peux aussi vous annoncer qu’il n’y aura pas de ponction sur la taxe affectée du CNL.
L'addition de l'ensemble de ces mesures constitue à mon sens un effort en faveur de la librairie qui n'a pas été accompli depuis de nombreuses années, et j'espère que votre assemblée prendra toute la mesure de l'engagement du gouvernement à vos côtés. Ces mesures pourront aussi être analysées et évaluées pour apporter si besoin les améliorations nécessaires.
Au-delà de la question des aides, le plan que j'ai appelé de mes vœux comportait d'autres volets sur lesquels la concertation s'est engagée à l'automne dernier.
Je pense en premier lieu au médiateur du livre. Chargé de faire respecter l'ensemble des dispositions des lois sur le prix du livre de 1981 et 2011, il permettra de restaurer un équilibre des forces au sein de la filière du livre. Je pense également à l’assermentation d’agents publics du ministère de la culture pour constater d’éventuelles infractions aux lois relatives au prix du livre, sur la base desquels pourront être engagés plus efficacement des poursuites, quelque soit le canal de diffusion concerné.
Les textes législatifs sont élaborés et le Ministère travaille actuellement aux meilleures modalités, car vous connaissez l’engorgement du Parlement, pour trouver un créneau de discussion parlementaire dans des délais raisonnables, en tout état de cause avant le 1er trimestre 2014.
La question de l’avantage concurrentiel de certains distributeurs numériques internationaux, qui se jouent des législations fiscales nationales, je l’ai dit, ne saura trouver de solution satisfaisante qu’au niveau européen. Dans cette mesure, la question de la gratuité des frais de port offerte par les sites de commerce en ligne, en supplément du rabais de 5%, me semble désormais devoir être interrogée. C’est une mesure qui ne fait pas consensus, je le sais, mais elle permettrait de faire respecter la lettre et l'esprit de la loi de 1981 car le livre est souvent utilisé par ces sites comme un produit d'appel pour d'autres ventes et d’autres produits. Je vois néanmoins également dans l'encadrement de cette pratique un élément non négligeable pour rétablir les conditions de concurrence qui soient équitables. Nous allons continuer à y travailler et la réflexion en la matière doit être poursuivie.
Mais au delà de ce plan public, l'avenir de la librairie appartient avant tout à l’ensemble des acteurs économiques de la chaîne du livre. C'est une évidence qu'il est bon de rappeler.
La période difficile que nous vivons doit être l'occasion de réinterroger sans tabou tous les grands piliers sur lesquels le commerce du livre est bâti. Nous avons questionné le système de prix fixe à plusieurs reprises ces derniers temps, à l'occasion du débat parlementaire sur le prix du livre numérique en 2011 par exemple. Il est salutaire de ne jamais tenir aucune régulation, aucun système comme définitivement acquis. Or je vois plusieurs autres dossiers qu'il me semblerait nécessaire d'ouvrir, pour la profession, dans des délais rapprochés.
Outre les frais de port, je pense, notamment, à la question du transport, dont le coût n'a cessé d’augmenter et dont les délais devenaient un handicap au regard de ceux des acteurs du commerce électronique. Certains distributeurs ont bougé sur ce plan, en essayant d'assurer un objectif de livraison en 48 heures, aujourd’hui nécessaire à atteindre pour satisfaire les clients. J’encourage tous les distributeurs à s’engager dans cet objectif.
De même, pourquoi ne pas s’interroger légitimement et sérieusement sur le niveau des retours ? Pourquoi les retours sont-ils en France deux fois plus élevés qu'en Allemagne ? 100 millions de volumes sont détruits chaque année, après avoir fait un va et vient stérile entre le distributeur et le libraire. Il y a là une déperdition d'efforts et de moyens, que l'on peut chiffrer en centaines de millions d'euros : voilà des sommes qui pourraient être bien plus utilement employées et redistribuées.
Alain Rousset a aussi émis la proposition de revenir sur le rabais de 9% accordé aux collectivités territoriales. C’est la responsabilité de ces collectivités mais un groupe de travail pourrait être créé pour étudier cette question.
Je n'ignore pas que certains d'entre vous réfléchissent individuellement à ces questions, et tentent d'améliorer les choses pour leur propre commerce. Mais c'est une réflexion collective qu'il faut engager désormais et de manière urgente. L'avenir des commerces physiques en dépend.
Si le réseau des librairies se délite, demain, c'est l'ensemble de l'économie de l'édition qui sera profondément affectée. En outre, le lien social, le rôle d’animation des centres-villes et de prescription que jouent les libraires sont essentiels et indispensables. C’est ce qui fonde notre action commune.
Je remercie Mathieu de Montchalin et Vincent Montagne pour leur message de solidarité en faveur de la chaîne du livre, pas une chaîne de fer qui entrave mais une chaîne génomique dont l’ADN est nécessaire à la vie, à la lecture.
Je vous remercie.