C’est avec beaucoup de joie et de fierté que je m’apprête à distinguer parmi vous quatre personnalités qui ont su mettre leur expérience et leur passion au service d’un des plus précieux outils de notre politique culturelle : les DRAC.

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer aujourd’hui sur cet inestimable relai qui joue un rôle majeur dans le développement culturel de nos territoires. En vous distinguant tous les quatre, chère Muriel Genthon, cher Jean-Claude Van Dam, cher Dominique Paillarse et cher Denis Louche, je veux rendre hommage à votre engagement et aussi à celui de tous les DRAC et de tous leurs personnels. A toutes ces années donc, consacrées à faire vivre le service public de la culture. A votre détermination aussi, à animer les politiques territoriales de l’Etat.

Alors que vous tournez une page de votre carrière pour certains ou que vous vous apprêtiez à en commencer ailleurs une nouvelle pour d’autres, je voudrais poser sur votre engagement un regard reconnaissant. Et, à travers vous, votre expérience et votre parcours, rendre hommage aux missions des DRAC.

L’éducation artistique et culturelle est incontestablement l’un des plus grands chantiers que nous avons entrepris ensemble. Les territoires sont au cœur de l’ambition d’une éducation artistique et culturelle qui favorise l’accès de tous les jeunes à l’art et à la culture.

C’est une priorité qui, je le sais, vous a tous les quatre tout particulièrement mobilisés. Vous avez pris à bras le corps les enjeux que posent chacun des territoires au service desquels vous avez mis votre expertise.

En Île-de-France, pour vous, chère Muriel Genthon, sur ce territoire, le plus peuplé de France, très contrasté en termes d’accès à la culture. Un territoire qui, par sa diversité, couvre bien des enjeux de l’ambition nationale d’EAC.

Quant à vous, cher Jean-Claude Van Dam, c’est en Auvergne, dans le Poitou-Charentes et dans le Centre, que vous avez fait porter votre action, auprès de territoires souvent très enclavés et ruraux.

Vous, cher Dominique Paillarse, c’est en Corse, en Alsace, en Auvergne, vous aussi, et en Midi-Pyrénées, que vous avez mis en œuvre cette ambition nationale de l’éducation artistique et culturelle, sur des territoires au patrimoine et à l’identité culturelle extrêmement riches, qui offrent un accès souvent inégal à la culture.

Et vous, cher Denis Louche, c’est d’abord en Alsace que vous avez concentré vos efforts, puis en Provence-Alpes-Côtés-d’Azur, la troisième région la plus peuplée de France, aux atouts culturels indéniables, une région où l’éducation artistique et culturelle s’inscrit au cœur du pacte républicain et représente un véritable enjeu de citoyenneté.

Cette démocratisation culturelle au cœur des enjeux de nos territoires, elle touche en premier lieu le patrimoine. Sa beauté est à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous, disait Hugo. Chère Muriel Genthon, vous nourrissez aussi l’ambition d’un patrimoine accessible au plus grand nombre.

Diplômée d’architecture, c’est en tant qu’experte que vous franchissez pour la première fois les portes de la DRAC Île-de-France. Après avoir mis cette expertise au service du Conseil général de l’Essonne, de la ville d’Orléans et de Jean-Jacques Aillagon, vous retrouvez la DRAC en 2004 puis en 2010 pour en prendre la tête. Votre maîtrise des enjeux de l’architecture et de l’aménagement urbain vous a permis de contribuer activement, avec la DRAC, à la réflexion autour du Grand Paris.

C’est grâce à votre expertise que vous avez été promue dans le corps des inspecteurs généraux des affaires culturelles. Je ne doute pas que vous continuerez à y porter haut l’ambition d’un patrimoine partagé par tous.

Notre ambition de démocratisation culturelle, elle passe aussi par une politique de lecture publique. La lecture est un formidable moyen de s’ouvrir aux autres, d’être, comme Proust le dit si justement, les lecteurs de nous-mêmes et des autres. La lecture, c’est aussi un formidable vecteur de développement du territoire, par le réseau extrêmement structurant des bibliothèques et des médiathèques. C’est un enjeu que vous avez parfaitement saisi, cher Jean-Claude Van Dam.

Vous qui, après avoir été administrateur du Théâtre Sartrouville des Yvelines, prenez la tête de la bibliothèque municipale de Bezons. C’est le point de départ d’une carrière consacrée à la médiation culturelle autour du livre. Des réseaux de bibliothèques publiques au développement de la lecture via les dispositifs Relais Livres en Campagne ou des contrats « Villes-Lecture », vous avez activement contribué à la mise en place d’une politique d’aménagement culturel du territoire et de la ville.

Votre amour du livre et de la lecture vous pousse jusqu’à la direction de la DRAC Poitou-Charentes. C’est à votre action que l’on doit la naissance de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême. Si votre action ne se limite pas au livre, comme le suggèrent ces dernières années passées à la tête de la DRAC Centre, elle est cependant à l’image de l’importance du livre et de la lecture publique dans les politiques culturelles qui structurent nos territoires.

La politique culturelle dont les DRAC se font les bras armés, elle est aussi au plus près des enjeux du territoire. Elle veille à prendre en compte toutes ses spécificités. C’est précisément cette disposition d’aller à la rencontre des territoires les plus divers, de saisir leurs enjeux propres qui vous caractérise, cher Dominique Paillarse.

Germaniste agrégé, vous enseignez à l’Institut Français de Cologne, avant de prendre la direction du Centre culturel français de Berlin-Est. Une carrière qui semble vous prédisposer à prendre la tête d’une région qui partage bien plus qu’une frontière avec l’Allemagne : l’Alsace, et plus tard, les affaires culturelles de la communauté urbaine de Strasbourg. L’Alsace, la Corse, l’Auvergne, autant de régions à la très forte identité et aux spécificités bien définies. Autant de régions dont vous allez identifier les dynamiques et des spécificités pour mieux les valoriser. Et de DRAC en DRAC, vous affirmez une ambition qui vous tient à cœur, celle de la question environnementale et du respect du territoire.

En Midi-Pyrénées aux terroirs contrastés et aux cépages millénaires, vous avez compris que la vigne est un patrimoine inestimable. Et vous avez voulu soutenir un projet sans précédent : classer une parcelle de vigne au rang de monument historique. Contribuant ainsi à la reconnaissance d’une filière structurante du territoire et à la valorisation d’une histoire de la terre et de ces femmes et ces hommes qui la travaillent. Au cœur de l’Armagnac, vous avez voulu faire porter l’action publique au plus près des traditions pour mieux mettre en valeur la richesse et la diversité culturelle de nos régions.

Faire vivre le service public de la culture et animer les politiques territoriales de l’Etat, c’est aussi contribuer au rayonnement de nos territoires. C’est les ouvrir sur le monde.

Un monde que vous connaissez bien, cher Denis Louche. Avant de vous consacrer à la DRAC et à ses territoires, vous avez été un acteur de la diplomatie culturelle française à travers le monde. En Egypte et en Tunisie, en Algérie et en Turquie, mais aussi en France, à la direction du développement et de la communication de RFI.

Vous êtes né à Marseille, où la Méditerranée s’ouvre sur le monde. Et c’est donc très logiquement à la tête du DRAC PACA que vous allez ensuite poursuivre ce voyage autour de la Méditerranée que votre carrière vous a amené à entreprendre. Et, Marseillais de cœur, vous avez porté avec toute la région, ce projet de capitale européenne de la culture. Un projet qui s’ouvre sur la Méditerranée et le monde en inscrivant l’art dans l’espace public, au plus près de tous les acteurs du territoire. Pour mieux faire résonner les mots de Cocteau : « J'ai entendu descendre les faubourgs du ciel, Etonnantes rumeurs, cris d'une autre Marseille. » Une Marseille, capitale de culture. Une Marseille ville-monde.

Il me semblait important de vous distinguer ainsi tous les quatre. Comme pour mieux rendre compte de la diversité de nos territoires, de la richesse aussi de notre politique culturelle sur le territoire.

Comme je vous l’ai dit, j’attache beaucoup d’importance au dialogue et à la concertation, aux espaces d’échange. Mettre ainsi vos quatre parcours de vie en perspective, c’est aussi illustrer cette « fertilisation croisée » dont je vous parlais, l’enrichissement mutuel des politiques culturelles de l’Etat et des collectivités territoriales.

Parce que vous représentez le bras armé de notre politique culturelle, parce que votre expérience et votre engagement ont permis de la faire vivre sur tout le territoire, parce que vous vous êtes illustrés, chacun, dans les grands chantiers de la culture, c’est avec beaucoup de plaisir que je vous rends aujourd’hui les hommages de la République reconnaissante.

Chère Muriel Genthon, cher Jean-Claude Van Dam, cher Dominique Paillarse et cher Denis Louche, au nom de la République française, nous vous faisons Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres.