Madame la Ministre, chère Sylvia PINEL,

Monsieur le Président du Palais de Tokyo, cher Jean de Loisy,

Monsieur le Président de l’Institut National des Métiers d’Art, cher Jean-Michel Delisle,

Madame la Directrice générale de l’INMA, chère Marie-Hélène Frémont

Messieurs les Présidents,

Mesdames et Messieurs les Directeurs,

Chers Amis,

Inaugurer les Journées européennes des métiers d’art avec cette exposition au

Palais de Tokyo, lieu emblématique dédié à la création contemporaine est un geste fort, qui prend tout son sens aujourd’hui.

Il s’agit ici, par cette belle initiative, de donner à voir le caractère contemporain et innovant des métiers d’art et de proposer un nouveau regard sur la réalité de ces savoir-faire, dont les modes de production, de distribution et d’inscription dans la société ont beaucoup évolué ces dernières années. L’exposition « Les métiers d’art se mettent en scène » organisée par l’Institut National des Métiers d’art, avec les soutiens de nos deux ministères, de la Manufacture Horlogère Vacheron – Constantin et d’Ateliers d’Art de France, illustre la volonté de montrer la modernité de ces métiers, et aussi la fécondité du dialogue avec les artistes, les designers, les architectes… rappelant ainsi que le Palais de Tokyo a été construit pour abriter les réalisations des arts et techniques de l’Exposition universelle de 1937, ou encore les collaborations exemplaires entre artistes, architectes, designers et artisans du Bauhaus ou de l’École de Nancy.

Notre présence commune avec Sylvia Pinel marque la volonté du gouvernement de créer un environnement propice aux entreprises de création, d'accompagner les initiatives des professionnels, de favoriser, dans la formation comme dans l'activité, les croisements entre les métiers de la création.

Le rendez-vous désormais européen auquel nos concitoyens sont conviés sera cette année à nouveau l'occasion de rencontres avec ceux qui créent ou restaurent de leurs mains des objets empreints de savoir-faire développés avec passion. Il s'inscrit dans un contexte économique où la préservation du patrimoine immatériel et le soutien aux entreprises de création sont des enjeux majeurs. L'apport des métiers d'art, des arts  appliqués, du design à l'économie industrielle de notre pays est un fait dont il faut encore parfois, cependant redire l'évidence : ces savoir-faire, favorisés par les politiques publiques de formation à la création et à la restauration, l'environnement de musées, de centres d'art, participent de façon décisive à la création d'emplois et à l'exportation. Les métiers d’art sont à la confluence de l’économie et de la culture. Ils sont porteurs de forte valeur ajoutée et contribuent de façon significative au développement territorial, au renforcement du lien social et à l’économie de la création. Le patrimoine culturel immatériel qu'ils constituent est un bien commun.

C'est pourquoi je souhaite inscrire le titre de maître d'art, que je remettrai cet automne à une nouvelle promotion, dans un double objectif : transmission des gestes et des procédés dont ils sont détenteurs, d'une part, et développement, par leurs élèves, d'entreprises ouvertes à l'innovation et à la conquête de marchés au plan international. C'est le sens que je veux donner à la mission confiée à l'Institut national des métiers d'art pour gérer ce dispositif singulier et exemplaire institué  par mon ministère et dont nous fêterons le 20ème anniversaire en 2014.

Le ministère de la culture et de la communication, par ses établissements publics et ses services -la Cité de la céramique de Sèvres-Limoges, le Mobilier National et ses manufactures, les ateliers de restauration des musées, des archives et des bibliothèques, les monuments et jardins dont il a la charge- emploie plus de 1000 professionnels des métiers d'art. La conservation des savoir-faire vivants au service du patrimoine et de la création est l'une de ses missions premières.

Arrêtons-nous un instant sur  la Manufacture de Sèvres : elle dégage en 2012, un chiffre d'affaires de 2,2 millions d'euros dans un contexte économique pourtant peu favorable. Cette réussite, nous la devons aux techniciens d'art de la chaîne de production qui détiennent des savoir-faire remarquables dont la transmission est entretenue depuis le XVIIIème siècle. Ce qui leur permet de rééditer une pièce aussi complexe que le pot-pourri créé vers 1760 dit aux Vaisseaux à mâts, dont il ne subsiste aujourd’hui que quelques exemplaires à travers le monde. Ce sont ces mêmes  professionnels des métiers d'art du ministère de la culture qui repoussent quotidiennement les limites de la matière et des techniques pour créer les pièces les plus audacieuses qui germent dans l'esprit de créateurs contemporains comme Pierre Soulages, Giuseppe Penone ou Marie-Ange Guilleminot.  

Dans la politique que j'entends mener conjointement avec mes collègues pour l’éducation artistique et culturelle, je souhaite que les enfants, les jeunes puissent être davantage sensibilisés au travail de la matière ; l’appréhension du réel que permet ce contact avec les matériaux, le plaisir qu’il procure, sont autant de facteurs d’équilibre pour les jeunes. L'exposition « Entrez en matière : les ateliers du livre » organisé par l'INMA et la Cité des métiers à la Cité des Sciences et de l'industrie de La Villette, avec le concours de la Fondation Bettencourt-Schueller est l'un des exemples de ces actions de sensibilisation et d'initiation que j'entends mettre en avant.

Notre pays bénéficie d'un système de formations publiques exceptionnellement riche et dense dans les domaines des arts, des arts appliqués, du design, de l'architecture. Il dispose aussi d'un réseau remarquable de lycées professionnels, d'écoles consulaires ou créées à l'initiative des  professionnels. Consciente de la richesse que constitue cette diversité et de l'intérêt du décloisonnement entre disciplines, de ce qui peut émerger de la coopération entre artistes, ingénieurs, techniciens, artisans, je souhaite permettre à des étudiants venus d'autres horizons d'étudier dans les écoles supérieures d'art et de design qui sont sous la tutelle de mon ministère. J'ai demandé à la Direction générale de la création artistique de mettre en place un groupe de travail avec des représentants du Ministère de l’Éducation nationale pour développer des passerelles notamment entre écoles d'art appliquées et écoles d'art. Ces échanges pourraient aussi concerner les écoles nationales supérieures d'architecture comme c'est déjà le cas à l’École nationale supérieure d'architecture de la ville et des territoires de Marne-la Vallée.

Le ministère de la culture et de la communication, par la commande publique, par le soutien aux lieux de production et aux centres d'art sur tout le territoire, contribue à entretenir le dialogue entre les métiers d'art et la création contemporaine. En témoignent les réalisations uniques comme celles du Centre international d'art verrier à Meisenthal, du CIRVA, Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques à Marseille, du CRAFT, centre de recherche sur les arts du feu et de la terre à Limoges. Ces lieux de préservation du patrimoine immatériel sont aussi des lieux de recherche, d'innovations techniques et de projets collectifs associant les artisans d'art, les artistes et les designers au service de la création. La réalisation d’œuvres dans le cadre du  dispositif du «1% artistique », qui impose aux maîtres d'ouvrages publics de réserver un pour cent du coût de leurs constructions pour la commande ou l'acquisition d'une ou plusieurs œuvres d'art spécialement conçues pour le bâtiment considéré est l'une des occasions pour que se rencontrent artistes, designers et artisans d'art.

Dans le domaine particulier de la commande publique textile (tapis, tapisserie, dentelle) j'ai souhaité que soit lancé un processus d'harmonisation des commandes de l’État, par un rapprochement des différents acteurs concernés Manufactures nationales (des Gobelins, de Beauvais,...) et Centre national des arts plastiques et une plus grande concertation avec  les collectivités locales pour les commandes publiques artistiques en région.

Je voudrais remercier encore les artisans, qui participent à cette exposition et qui se sont rendus disponibles pour accueillir le public pendant ces trois journées. Qu’ils soient Maîtres artisans, Maîtres d’art, Meilleurs Ouvriers de France ou détenteurs du label Entreprises du patrimoine vivant, ils nous font partager leur passion, par la sensibilisation, l'initiation aux gestes maîtrisés de leur art, et par la transmission leur savoir-faire à de plus jeunes professionnels.

Les métiers d’art portent le savoir-faire français de par le monde. Ils participent aussi du dialogue entre les cultures.  C’est aussi pour cela, qu’avec l’INMA nous avons souhaité rendre ces journées européennes. Cette année, neuf pays, régions ou villes européens nous ont rejoints : l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Suisse, la Belgique, la Hongrie, la Lettonie et les villes de Londres et de Berlin… Je souhaite que la France soit aussi la terre d’accueil des artisans d’art du monde, plus particulièrement des pays du Sud, et je repense en disant cela à l’exposition présentée au Centre Pompidou lors du bicentenaire de la Révolution Française, intitulée  «Magiciens de la terre ».

Près de 4.000 artisans d’art ouvrent leurs ateliers, 130 centres  de formation accueillent le public. Près de 400 manifestations sont organisées sur  le territoire. Des musées et monuments nationaux sont partenaires de ces Journées.

En référence au thème choisi cette année « Les métiers d’arts se mettent en scène », des lieux dédiés aux arts du spectacle ouvrent leurs portes pour une découverte de leurs ateliers et des expositions sont présentées au public, comme, par exemple, à  l’Opéra de Reims, au Théâtre d’Angoulême, au Théâtre de Villeneuve-sur-Yonne, au Théâtre du Soleil. A  l'occasion de l’exposition « Venise au Château de Pompignan » en région Midi-Pyrénées, le site accueillera plusieurs professionnels des métiers d’art des arts du spectacle (costumier, décorateur de théâtre, perruquier, etc)

Enfin, je voudrais souligner le travail  fourni par l’INMA, par son réseau de correspondants régionaux, par les coordinateurs régionaux de ces Journées, et féliciter l’ensemble des partenaires pour leur mobilisation collective : les organisations professionnelles, particulièrement les Chambres des métiers, les directions régionales des administrations de la Culture et de l’Artisanat, les Rectorats, les Ateliers d’Art de France,  les nombreuses associations, ainsi que tous les partenaires. Ils ont su mettre en œuvre une coopération exemplaire pour faire de ces Journées un rendez-vous fructueux entre artisans d’art et un public toujours plus nombreux.

 
Je vous remercie.