Mesdames et Messieurs,
Après huit mois d’activité comme ministre de la Culture et de la
Communication, l’heure n’est évidemment pas au bilan – cela n’aurait guère de
sens ! Mais ces premiers mois passés au ministère, dans une période de crise,
dans une période de changement aussi, ont permis en tout cas de jeter les
bases d’un nouveau pacte de politique culturelle.
J’ai consacré mes efforts à rétablir la cohérence entre les projets du ministère
et les moyens dont il pourra disposer aujourd’hui et demain, à préserver aussi
les dispositifs d’aide à la création en France et en Europe bien sur.
J’ai ouvert la concertation avec les acteurs du monde de la culture et de la
communication pour défricher avec eux de nouvelles pistes. Tout ceci pour
définir une nouvelle politique culturelle.
D'abord, qu’avons-nous engagé au cours de ces huit premiers mois ?
D’abord vous le savez, j'ai effectué un certain nombre de choix budgétaires, et
je les assume !, dans un moment que nous savons difficile, mais nécessaire, de
redressement des comptes de l’État. C'était inédit pour le ministère de la
Culture et de la Communication. Ces choix ne découlent pas seulement de la
nécessité, mais aussi de convictions. Des choix positifs, donc, en faveur de
l’éducation, de la formation, de la diffusion de l’art et de la culture sur tous les
territoires. Mes priorités sont clairement affirmées et je les respecterai.
J’ai ensuite, avec le gouvernement, affirmé la volonté de préserver les outils de
la politique culturelle qui ont fait leur preuve. Par exemple en confortant les
principes de notre système de soutien au cinéma. Mais aussi en confortant
notre attachement à la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, loi dont nous
fêtons d'ailleurs cette année le le 10ème anniversaire.
J’ai par ailleurs posé les règles d’un nouveau dialogue. Avec les collectivités
locales, qui sont les partenaires essentiels et indispensables d’une politique
culturelle cohérente. Pour moi, il n'y pas de concurrence ou de rivalité entre
l'action de l’État et celle des collectivités locales mais bien complémentarité et
confiance dans un domaine, la politique culturelle, où nous avons besoin de
toutes les énergies. J'ai aussi posé les bases, et c'était au combien nécessaire,
d'un nouveau dialogue avec les partenaires sociaux du ministère et plus
largement du secteur culturel et du secteur de la communication.
Enfin, j’ai souhaité réorienter fermement le travail du ministère.
Pour consolider et moderniser la chaîne du livre à l'ère du numérique.
Pour penser l'exception culturelle dans un "acte 2" innovant et pleinement
inscrit dans le XXIe siècle.
Pour défendre les positions françaises au niveau européen - où je m'emploie à
constituer, avec nos partenaires, et encore cette semaine en Allemagne, des
groupes solides et inventifs, attachés à une Europe qui s'exprimerait, qui
donnerait enfin de la voix au-delà de la seule notion de marché.
Le travail a été engagé aussi pour mettre un accent nouveau sur les filières de
formation - la concertation sur les écoles d’architecture est à mi-parcours, pour
préparer le projet national d’éducation artistique et culturelle.
Enfin, pour adapter nos outils de préservation et de valorisation du patrimoine,
j'ai demandé aux professionnels de préparer un livre blanc sur l’archéologie
préventive.
J'ai donc voulu redonner à la politique culturelle sa vocation première, qui est
celle d’être l’un des biens les plus partagés par nos concitoyens. Je veux
redonner de l’oxygène à la culture .
La culture est en effet pour la France évidemment un atout formidable, un
ferment de citoyenneté. C'est peut-être d'ailleurs sa plus grande force, son lien
avec notre histoire et un espoir pour l’avenir. Elle génère bien sur aussi de la
croissance économique et de l'emploi mais surtout la culture, dans cette
période de crise, est ce qui donne finalement l'espérance et la perspective à la
jeunesse.
Alors de quoi va t-il s'agir dans ce nouveau pacte ?
D’abord, justement, de redéfinir les objectifs de la politique culturelle pour
qu'elle soit un pacte de citoyenneté.
La politique culturelle a été finalement, au fil des années, progressivement
identifiée à la réalisation de grands équipements et on sait que certains ont eu
tendance à réduire les politiques culturelles passées aux grands monuments
laissés par les grands Présidents. Aujourd'hui, ces grands équipements
résistent, et donc il faut assurer, après leur édification, leur activité. Mais
surtout cette politique de grands équipements a fini par faire que le
remplissage maximum devenait la seule grille de lecture de la réussite ou de
l'échec d'une politique culturelle, comme si finalement l'appréciation
quantitative était la seule justification de leur existence. La logique d’offre a été
poussée jusqu’à l’excès. D’abord évidemment indispensable, à un moment où
la France manquait d'équipements et de structures, cette politique est
finalement devenue inadaptée, et même je dirais obsolète, décalée, à l'heure
où l'augmentation continue de la dépense publique a mis nos finances en
danger, mais surtout a grévé les possibilités d'actions des générations futures.
Je veux sortir de cette logique.
Je veux un ministère sobre mais efficace, un ministère au service des gens,
des politiques culturelles ou qu'elles se passent dans tous les territoires et
quelque soit ceux qui les mènent, par exemple notamment les collectivités
locales. Je mènerai mon action au profit des gens, là où ils se trouvent.
C’est évidemment pourquoi je suis très attachée à l'éducation artistique et
culturelle. Parce que c'est évidemment une exigence démocratique, parce qu'il
n'est pas supportable que certains jeunes, dans les quartiers ou ils vivent,
puissent croire, qu'on puisse leur laisser croire, que la culture n'est pas pour
eux. Cet enjeu nous mobilisera tous, au ministère de l’Éducation Nationale,
comme au ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de
la Vie associative, au ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche ou encore au ministère de l'Agriculture.
La concertation que Marie Desplechin a bien voulu animer se termine. Nous
allons préparer, sur la base de ses travaux, un cahier des charges qui va
permettre à tous les acteurs locaux de s'inscrire dans ces projets. Nous le
présenterons, avec Vincent Peillon, au mois de février, puisqu'une réunion
entre les DRAC et les recteurs sera organisée au Centre National de la Danse
de Pantin. Pour mettre en lumière ce qui répond à nos objectifs et ce qui
existe déjà, j'ai engagé un "tour de France de l'éducation artistique et
culturelle" : en une vingtaine d’étapes qui s’échelonneront d’ici la fin du
printemps, je veux valoriser mais aussi expliquer ce que nous voulons
proposer aux enfants et aux jeunes, et initier ce processus de généralisation
qui est l'objectif rappelé par le Président de la République.
Ce gouvernement ne promet donc pas de construire une nouvelle pyramide du
Louvre, mais une petite pyramide dans l’esprit de chaque enfant !
C’est cette même ambition citoyenne qui me conduit aussi à réfléchir avec le
service public de l’audiovisuel et France Télévisions à une révision de son
contrat d'objectifs et de moyens. Les contraintes budgétaires existent
évidemment mais elles ne doivent pas nous conduire à réduire notre exigence.
Parce que la télévision est l'une des pratiques, si ce n'est la pratique culturelle
les plus populaires. La vocation du service public est de contribuer à la
création, d'informer, de favoriser le renforcement des liens sociaux sur tous les
territoires, de participer à l'éducation à l'image, et de s’adresser aux plus
jeunes. Il y a des objectifs sur lesquels nous ne devons pas transiger. Ce qui
veut dire aussi, bien sur, faire des choix, parce que nul ne peut
raisonnablement prétendre tout faire.
Poser les objectifs est essentiel pour définir les priorités d’une action, mais
nous devons aussi nous interroger sur l'efficacité de nos moyens d'action.
Le nouveau pacte que je propose est rendu nécessaire parce que les outils
qui existent en matière de la politique culturelle doivent être aujourd'hui
réarmés : c'est un enjeu majeur.
Je crois profondément en l’efficacité et en la modernité de la régulation. C’est
un choix de société fort. Un univers sans règles est toujours, partout, en tout
temps, celui des plus forts, celui qui se détourne et qui marginalise les plus
fragiles. Aujourd'hui cela suppose évidemment une adaptation de ces outils qui
existaient au monde d’aujourd’hui, et ceci dans les trois grands blocs de
compétence du ministère de la Culture et de la Communication - le patrimoine,
la création et les industries culturelles. Nous avons devant nous un travail très
important de refondation à accomplir dans ces trois champs.
Je ne vais pas vous en donner un détail trop long, mais vous indiquer
simplement les grands chantiers que nous avons devant nous.
D'abord sur le patrimoine, cette matière essentielle. Pourquoi c'est une matière
essentielle ? Parce que c'est une matière là aussi populaire, qui nécessite une
modernisation et une remise en cohérence des dispositifs législatifs : nous
avons fêté le cinquantenaire de la loi Malraux sur le patrimoine, une grande loi
qui a permis de préserver nos bâtiments, notre domaine, nos centres urbains
mais aussi nos villages. Aujourd'hui ces outils nécessitent une adaptation et
donc je présenterai une grande loi sur le patrimoine en 2013.
Dans le secteur de la création, ensuite, il s’agit pour moi de poser et de
résoudre un certain nombre de questions qui ont été trop longtemps négligées,
quand elles n'ont pas été "mises sous le tapis" volontairement. La loi
d'orientation sur la création, comme s’y était engagé le candidat François
Hollande, sera préparée sur la base de la concertation qui vient d’être engagée
avec les acteurs du secteur culturel. Elle abordera les aspects économiques de
la création(et notamment les conditions de production et la question sensible
du nombre de représentations), l’équité territoriale, le parcours professionnel
des artistes. La question des modalités des nominations sera posée dans ce
cadre et en particulier la question de la place faite aux femmes – à la tête de
nos institutions comme sur nos plateaux ! En la matière, il faut être
volontariste ! J’ai donc souhaité que, dès la saison 2013-2014, nous marquions
une inversion nette de la tendance avec le lancement de « saisons égalité ».
Je propose que les établissements culturels s’engagent sur des initiatives qui
permettront de donner une place plus équitable aux femmes, dans la
programmation comme dans la répartition des moyens de production. Le
théâtre est le miroir du monde, mais il ne faut pas que l’institution culturelle soit
le reflet des blocages de notre société.
C'est aussi dans cet état d'esprit que sera abordé au cours de l'année le
dossier de l’intermittence. Je fais de l’emploi, et de l'emploi culturel, une
priorité. C’est aussi la priorité du gouvernement. Et donc je porterai cette
ambition avec mon collègue Michel Sapin, pour tenir cette parole dans
l’organisation du dialogue avec les partenaires sociaux, pour protéger aussi
ceux qui concourent à la fabrication de notre patrimoine. L’art, c’est aussi du
travail : c’est donc aussi à cet endroit que j’entends agir avec responsabilité.
Le troisième acte de refondation, vital pour le soutien à la création et aux
industries culturelles est l'acte 2 de l’exception culturelle. Un acte attendu et qui
n'a que trop tardé, car l'annonce de la révolution numérique ne date pas d'il y a
8 mois! Il faut réécrire nos outils de régulation des industries culturelles, encore
une fois non pas pour opposer les uns et les autres, mais simplement pour
préserver l’efficacité de politiques publiques qui sont aussi des politiques
industrielles. Le numérique modifie l'acte créatif, les modes de diffusion des
oeuvres, le processus de partage et de recommandation, de prescription, la
protection des libertés publiques comme des libertés individuelles les plus
précieuses. Il ouvre des voies nouvelles. Mais ce nouvel univers ne conduit
pas nécessairement à renoncer aux mécanismes vertueux qui ont fait leur
preuve et qui ont été mis en place au fil des années. Il faut donc aujourd'hui
repenser ces outils. La rémunération juste des créateurs et le financement
efficace de la création doivent toujours être assurés en même temps que la
diffusion la plus large de oeuvres.
La dimension européenne de ce travail de refondation n’est pas la moindre. Je
l'ai déjà évoquée. L'issue de ces discussions sera au cours de l’année 2013 et
au delà.
Pierre Lescure travaille avec son équipe, en lien avec le ministère, pour me
remettre ses conclusions et ses propositions fin mars. Ce travail intègre bien
sûr les concertations engagées sur le livre ou sur la musique ; il s'articule aussi
avec les assises pour la diversité du cinéma qui se sont tenues hier, à la
Comédie Française, au théâtre éphémère, sous l'égide du CNC ou les
discussions engagées par le ministère avec tous les membres de la
commission de la copie privée. Les décisions seront prises sur cette base.
Enfin, dernier grand objectif de refondation que je veux évoquer aujourd'hui
devant vous : celui des aides à la presse. Cela me permet de saluer la
mémoire d'Olivier Chevrillon, qui est décédé ce matin, qui était l'un des
fondateurs du Point et l'ex-président de L'Express. Je veux aussi saluer la
mémoire de Gilles Le Blanc, qui s'occupait de ce dossier à mon cabinet. La
concertation sur la refonte de ces aides s’ouvrira demain. J’en ai confié la
conduite à un groupe de travail animé par Roch-Olivier Maistre. Au-delà de la
démarche de médiation engagée à l'initiative du gouvernement entre les
éditeurs de presse et Google - qui vise à reconnaître la valeur économique des
contenus de presse -; au-delà de l'urgence qu'il y a eu en 2012 à définir, avec
Presstalis et tous les partenaires concernés, un chemin pour permettre de
préserver notre système de diffusion des journaux ; au-delà des enjeux que
porte l’AFP et qui sont essentiels à la filière de la presse ; il est aujourd'hui
indispensable de s'atteler à ce travail de fond et de définir pour demain l'outil
de soutien qui assurera la préservation d'un secteur essentiel à la démocratie.
Faut-il rappeler que chaque année des journalistes meurent pour exercer leur
métier et apporter au monde l'information libre et juste qui est l'un des
fondements de la démocratie ? Lorsque l'on réfléchit aux aides à la presse,
c'est dans cette perspective, sans angélisme mais avec conviction, qu'il faut se
placer.
Si je m'attelle avec ténacité à la refondation des outils de la politique culturelle,
c'est parce qu’ils servent une cause à laquelle je crois profondément.
C’est cette cause qui justifie le nouveau pacte que je veux dessiner. Un
nouveau pacte rendu nécessaire faire renaître la place de l'art, de la culture
dans la société française.
Cela vaut sur le plan économique. La France et l'Europe vivent une crise, qui
est de prime abord une crise économique. Les industries culturelles concourent
à l'emploi. Je répète souvent qu'il n'y aura pas de redressement productif sans
redressement créatif. C'est évidemment encore plus vrai en France que partout
ailleurs. C'est une réalité que l’on néglige trop souvent. Je veux une prise de
conscience des atouts dont nous disposons , dont dispose la France face à la
compétition mondiale.
Elle passe par des décisions stratégiques claires. Je pense par exemple à
celles prises, en lien avec Arnaud Montebourg, pour défendre l’attractivité et la
compétitivité de notre territoire dans le secteur de la production
cinématographique, des tournages de films ou pour soutenir les éditeurs
phonographiques les plus fragiles. En modernisant les crédits d’impôt qui en
soutiennent le développement, nous avons fait le choix d’une prise en compte
de la réalité économique du cinéma, dans un monde extrêmement
concurrentiel.
C'est aussi à travers cette articulation entre culture et économie qu'il faut
comprendre la place que j'accorde aux métiers de la culture et de la
communication à la formation : il faut penser notre action en terme de filières -
filière d'innovation, filière de création, filière de développement. Les écoles
d'enseignement supérieur qui dépendent du ministère – les écoles d’art, les
écoles d’architecture, de photographie, de cinéma - déploient une pédagogie
construite sur le concept de projet : c'est une pédagogie très innovante,
d'avenir, enthousiasmante pour les élèves et efficace. Je valorise ces écoles.
Parce qu'il y a, dans tous les métiers du patrimoine comme dans le design
numérique, dans l’architecture comme dans les métiers d’art, des savoir-faire,
de l'emploi, de la valeur ajoutée.
C’est ensuite dans une perspective territoriale qu’il faut redonner à l’art et à la
culture toute sa place. J'ai évoqué le nouveau pacte que je veux signer avec
les collectivités locales, dans l'exacte logique de l'acte 3 de la décentralisation
qui sera bientôt débattu au Parlement.
Enfin – et c’est le sens que je donne à toutes les décisions que je prends – je
veux que ce pacte nouveau soit proposé aux citoyens. Le ministère de la
culture ne doit pas être un huis clos, un entre-soi chaleureux mais isolé. Je
veillerai à rappeler à tout instant que ce que nous faisons ici, dans ce
ministère, marque la vie quotidienne des gens. Ce n'est pas un luxe, ce n'est
pas quelque chose dont on peut se passer en période de crise, ce n'est pas du
superflu. « Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses » disait Aragon.
C'est à ce « toi » que je m'adresse. L’art a ce pouvoir de dire autre chose que
ce qui est, d'apporter un autre regard, de révéler « la beauté des choses »,
dans un acte personnel, intime mais aussi dans un apprentissage de
l’émancipation, auquel les acteurs publics ont le devoir de contribuer. L'art et la
culture, et encore une fois j'y inclue les industries culturelles, apportent
beaucoup à la vie en société. Je souhaite contribuer, par la politique culturelle,
à une prise de conscience de ce bien commun. C’est une démarche de chaque
instant. Mais c’est une démarche que je veux aussi incarner dans des actions
exemplaires et symboliques.
C'est pour cette raison que j'ai souhaité inviter nos concitoyens les plus
démunis à venir au musée, dans cette opération "musées populaires, musées
solidaires" que je renouvellerai tout au long de l'année et qui aboutira à des
conventions avec certaines associations de solidarité.
C'est aussi pour cette raison que je veux travailler avec tous les opérateurs de
l’État à la diffusion la plus efficace de notre patrimoine et de nos productions.
Faire circuler les collections et les oeuvres partout. Et inventer aussi dans cette
perspective un moment simple où, partout en France, dans un lieu public qui
ne serait pas forcément le musée – une mairie, une préfecture –, tous nos
concitoyens pourraient venir découvrir une oeuvre des collections publiques.
C’est pourquoi aussi, je veux proposer aux Français d'utiliser l'espace public
numérique pour contribuer à faire découvrir notre patrimoine, le patrimoine des
citoyens pour faire partager aussi leurs créations !
Si la politique culturelle doit se réinventer aujourd'hui, c'est pour jouer ce rôle
de révélateur qu'elle a trop oublié : révéler ce qui est sous nos yeux - notre
patrimoine, nos paysages, nos oeuvres et que nous ne regardons plus.
Révéler, c'est une autre manière d'inventer.
Le monde de la création fait une part importante de l'attractivité de la France,
de son image, de la fierté de ses habitants sans jamais que cette fierté ne soit
synonyme de nationalisme exacerbé. La politique culturelle a toujours eu en
France cette dimension universelle. Des artistes, des créateurs et des peuples
du monde entier et en particulier les pays où les conditions de la liberté de la
presse ne sont pas assurées.
La culture est aussi évidement une force économique, c'est une passion pour
nos concitoyens, un instrument de redressement économique, de résistance
aux fatalités et aux crises. Mais aussi nous devons l'assumer et le revendiquer
avec fierté, la matière d’un progrès humain. La capacité d’apporter du mieux, et
pourquoi pas du bonheur, dans notre vie quotidienne.
Le programme est donc chargé !
En 2013 je présenterai trois projets de loi : la loi sur les modalités de
nomination des présidents de l'audiovisuel public et la réforme du CSA, la loi
d’orientation sur la création et la loi pour le patrimoine.
Nous conclurons un avenant important au contrat d'objectifs et de moyens de
France Télévisions.
Nous conduirons ou accompagnerons des négociations et des concertations
essentielles : intermittents, aides à la presse.
Nous écrirons l’acte 2 de l’exception culturelle.
Nous mettrons en place le projet national d’éducation artistique et culturelle.
Je vais mobiliser tous les opérateurs culturels sur ces projets structurants et
porteurs d’espoir et je voulais remercier tous les responsables des
établissements publics du ministère de la Culture et de la Communication ainsi
que de l'administration centrale participant à ce projet.
Le programme est chargé, parce que mon ambition est grande ! Je suis
consciente d’une forme d'affaissement du « surmoi culturel ». Mais ce constat
ne me conduit pas à renoncer. Au contraire ! L’artiste a toute sa place dans
notre société, l'art et la culture occupent une place importante, la culture est un
vecteur d’émancipation et le terrain d’une lutte très efficace, plus efficace
qu'ailleurs, contre les inégalités. C’est une double motivation pour construire un
projet politique !
L’art est la preuve que la vie ne suffit pas, disait Pavese.
Ce matin j’ai reçu l’écrivain chinois Liao Yiwu. Il témoignait de la force de
résistance que lui avait donnée, pendant toutes les années d'emprisonnement,
la littérature et le rêve de pouvoir un jour refaire de la musique. Aujourd'hui il vit
en Europe, pas en France mais à Berlin, mais après tout peu importe.
Aujourd’hui nous avons célébré les 50 ans du traité de l’Élysée et je suis donc
heureuse que Berlin comme Paris soient des lieux d'accueil pour tous ces artistes
persécutés dans leur pays. Il est le symbole de la force indispensable de l’art et
de la création, peut être même plus que l’oxygène que nous respirons.
Je vous souhaite donc, je nous souhaite, une grande année 2013 artistique et
culturelle, une grande année citoyenne.