Je remercie Valérie Fourneyron et George Lefebvre pour leur intervention. Je voudrais à mon tour évoquer cette loi de 2003 dont nous fêtons cette année le 10ème anniversaire.

La loi du 1er août 2003 portée par Jean-Jacques Aillagon que je salue pour sa vision, a créé un cadre juridique et fiscal incitatif qui a contribué au développement d’une véritable culture du mécénat qui n’existait pas jusque là en France, ou très minoritairement. Elle a marqué le point de départ d’un développement sans précédent du mécénat dans notre pays.

Plus de 25 000 entreprises de toutes tailles et plus de 5 millions de foyers fiscaux utilisent aujourd’hui les dispositions de la loi de 2003.

Le mécénat d’entreprise est l’un des principaux contributeurs de la culture qui bénéficie de plus d’un quart du volume des fonds apportés par les entreprises, soit près de 500 millions d’euros.

Les succès de la loi 2003 sont indéniables.

Nos collections nationales se sont considérablement enrichies : grâce à l’action des entreprises mécènes, l’Etat a pu réaliser, au cours de ces 10 dernières années, 67 acquisitions majeures au profit des grands établissements nationaux et des musées qui irriguent notre territoire.

La sauvegarde et la protection du patrimoine ont aussi été grandement favorisées par les dispositions sur le mécénat mises en place en 2003. Mais les bénéfices du mécénat s’étendent au-delà du patrimoine, qu’il soit visuel ou bâti : le spectacle vivant, les festivals, les arts plastiques et la création contemporaine en général sont aussi les grands bénéficiaires du mécénat.

A travers le mécénat culturel, c’est le rayonnement international de notre pays qui est en jeu. Comme l’attractivité et le développement de nos territoires, mais aussi la lutte contre les inégalités et toute forme d’exclusion ainsi que l’égal accès de tous à la culture.

Il y a encore des progrès à faire. On trouve plus facilement des mécènes pour l’opéra que pour le théâtre, il faut que cela change. Cela passe par une plus grande participation de tous les citoyens, le mécénat de proximité qui permet de soutenir toutes les formes artistiques sur tout le territoire.

Il est important aussi d’encourager les formes innovantes de philanthropie qui placent le citoyen au cœur du dispositif. Je pense notamment aux Nouveaux commanditaires. Avec ce programme, la Fondation de France permet à tous les citoyens qui le désirent de prendre l'initiative d'une commande d'œuvre à un artiste contemporain. C’est un formidable vecteur de démocratisation culturelle.

L’augmentation du nombre de jeunes mécènes et la diversité des pratiques liées au numérique à travers les réseaux sociaux et les plateformes de financement participatif (crowdfunding) suggèrent aussi l’apparition d’un acteur majeur : la jeunesse. C’est pour nous tous un signe fort. Le signe d’un sentiment d’appartenance, d’un goût pour la culture qui existe véritablement chez nos jeunes.

L’éducation artistique et culturelle qui touche tous les âges de la vie est aussi une belle manière de faire connaître ces nouvelles pratiques de mécénat.

Il nous reste encore à tordre le coup à un certain nombre de caricatures. Non, le mécénat n’a pas vocation à boucher les trous d’un budget nécessiteux, à aider les fins de mois difficiles de l’Etat. Il n’est pas davantage le symptôme d’une culture abandonnée aux lois aveugles du marché ou laissée entre les mains de riches philistins.

Il y a des améliorations à apporter, en termes d’éthique. Le mécénat est un formidable vecteur de citoyenneté.

C’est pour cette raison que le ministère de la Culture et de la Communication travaille, en liaison avec l’ensemble des partenaires, à l’élaboration d’une charte éthique du mécénat.

Mes services travaillent avec l’ensemble des partenaires sur un texte qui permettra d’encadrer les pratiques en clarifiant les modalités d’application de la législation en vigueur. En formulant, aussi, des recommandations sur des points qu’elle n’encadre pas suffisamment. La publication de cette charte devrait venir ponctuer le calendrier des festivités organisées autour de ce 10ème anniversaire.

Je tiens à ce que cet anniversaire soit un moment d’échange et de communication autour du mécénat, l’occasion de dresser un bilan, de nous pencher sur l’évolution et les perspectives du mécénat en France.

Mes services organiseront les 5 et 6 novembre prochain, au Grand Palais, des Entretiens du Mécénat Culturel qui rassembleront des personnalités du monde du mécénat autour de quatre grandes problématiques : « Le mécénat culturel territorial des entreprises » et c’est essentiel pour repenser la relation entre l’Etat et les collectivités territoriales, « La place des fondations dans la culture », « Nouveaux outils du mécénat, nouvelles générations de mécènes » et « Mécénat culturel : nouvelles frontières, nouveaux engagements». Je serai heureuse de participer à ces journées.

Alors que nous fêtons les 10 ans de la loi sur le mécénat, je voudrais citer Jacques RIGAUD qui a si bien décrit le principe qui sous-tend le mécénat : permettre à la société civile de devenir majeure. Le lancement de ce timbre est une belle manière de fêter cette majorité qui pour nous est à dix ans !

Je vous remercie.