M. le Maire de Nancy, Président de la Communauté urbaine de Nancy,
ancien Ministre, Cher André ROSSINOT,
M. le libraire de « L'autre Rive » à Nancy, Cher Jean-Bernard DOUMENE,
Mme la Présidente de la 34ème édition du « Livre sur la Place », Chère
Amélie NOTHOMB,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Nancy est le premier grand salon littéraire de la rentrée. Celui en fait qui
donne le « la » à toute la saison des prix littéraires. Ce n'est pas un hasard
si les Goncourt choisissent Nancy, depuis longtemps, pour venir y
décerner eux-mêmes le Goncourt de la biographie. Le « Livre sur la
place » est une manifestation de première importance en Lorraine, qui
accueille quelque 140 000 personnes, mais avec une portée culturelle
nationale.
Le « Livre sur la place » possède une effervescence, un
professionnalisme, une élégance, une solidité, une ouverture et une
capacité d'évolution et d'adaptation exceptionnelles.
Une beauté aussi, car ce salon se déroule sur ces places Carrière et
Stanislas classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO, si harmonieuses,
au coeur d'une ville lorraine que j'aime et qui est, à elle seule, comme un
livre de souvenirs et d'émotions ancré profondément en moi. J’étais ce
matin à Metz pour le lancement des Journées européennes du patrimoine
et je suis ce midi à Nancy pour l’inauguration de votre salon. Je suis une
lorraine comblée, qui aura la chance cet après-midi de partir à la
découverte des patrimoines cachés de Nancy.
Ce salon nous donne l'occasion de revenir vers les livres, ces livres qui
sont l'essence même de notre culture, le meilleur gage de notre amour de
l'humanité, de la liberté et qui incarnent ce que l'être humain a de plus
ouvert, de plus responsable, de plus élevé.
Nancy croit au livre depuis longtemps, le prouve magnifiquement à la fin de
chaque été ou au début de chaque automne, entend le faire partager au
plus grand nombre, au plus large public. Le livre est dans la ville, sur la
place, et quel bonheur de le savoir entre les mains de toutes et de tous,
notamment des jeunes publics.
Je remercie André et Françoise Rossinot pour cette belle obstination ; ils
savent qu'ils peuvent compter, pour longtemps, sur le compagnonnage du
ministère de la culture.
Car c’est ma profonde ambition en termes de livre et de lecture : que le
livre soit accessible à tous, quelque soit son support, et que nous
innovions toujours pour ne pas laisser des citoyens et des territoires en
marge de cette richesse culturelle. Le livre doit aussi nous permettre de
lutter contre les inégalités.
Il y a beaucoup de livres, ici, beaucoup d'écrivains aussi. Près de 500
auteurs. Je voudrais leur rendre hommage pour leur vaillance, cette force
intérieure qui, quoi qu'il arrive, les fait aller jusqu'au bout de leur projet, de
leur désir, de leur rêve. Il y a, je l'ai constaté en cette rentrée, une vitalité
magnifique de la littérature française. Tous les courants, toutes les formes,
toutes les manières de raconter, tous les styles, toutes les histoires, sont
là. On a souvent dit, ces dernières années, et surtout à l'étranger, que
notre littérature était « nombriliste», refermée sur elle-même. Mais non !
Elle n'a jamais été aussi ouverte sur le monde, sur la France d'aujourd'hui,
sur les problèmes, les cassures de notre société. Elle s'aventure dans les
lisières, dans la périphérie des villes, des vies et parlent d’autres horizons
et d’autres cultures. C'est une littérature qui a les yeux grands ouverts, qui
pressent souvent ce que sera notre demain à tous. Car les écrivains,
aussi, annoncent, prédisent, même si on ne les entend pas toujours.
Les présidents prestigieux des dernières années illustrent mon propos :
Jean-Claude Carrière, Yves Coppens, Erik Orsenna, Daniel Pennac, etc.
Et cette année, après 20 de succès et de rentrée littéraire
ininterrompue, Amélie Nothomb, qui accepte pour la première fois de
présider une manifestation littéraire.
D'ailleurs, les écrivains ne sont pas enfermés, pour la plupart, dans une
tour d'ivoire : c'est une vieille image qui n'a plus cours. Ils vont vers les
autres et Nancy l'a compris. Ce salon leur permet, dans un programme
dont je salue l’organisation, de se rendre dans les écoles, les ateliers dans
la ville, autour de la ville. Un des axes de ces journées d'animation est « le
parcours littéraire ». C'est exactement cela : un parcours, un passage vers
les jeunes, pour les jeunes. Est-ce pour leur donner des leçons d'écriture,
leur imposer une vision de l'art et ainsi, malgré soi, complexer davantage
ceux qui, défavorisés, éloignés, exilés de la culture, ne songent même pas
à exprimer, à formuler ce qu'ils ont dans le coeur, dans l'esprit, ce qui
restera seulement au bout de la langue ? Non, c'est l'inverse que les
responsables de ces opérations de lecture et de création pour tous ont à
l'esprit : c'est permettre à cette voix retenue, empêchée d'enfant ou
d'adolescent d'arriver ; c'est aider chacun à découvrir, à dévoiler, à
manifester sa sensibilité, à incarner un instinct artistique plus ou moins
caché, secret, dissimulé en lui. Juste l'amener à oser doucement dessiner,
danser, composer, écrire à son tour. Donner l'occasion. Oui, donner
l'occasion, c'est peut-être sur cela que repose l'éducation artistique à
laquelle j'attache tant d'importance et que j'entends, plus que jamais,
développer. Car chaque enfant, d'où qu'il vienne, quelle que soit son
origine, est un petit roi, avec son propre imaginaire, sa propre manière de
sentir, de bouger, de voir le monde, d'inventer, de créer peut-être luimême,
sûrement, un jour. Il ne faut pas laisser tant de petites richesses en
friche. Ce n'est pas seulement une question de culture, c'est une question
d'égalité. Et cette égalité est pour moi fondamentale.
Je tiens donc à saluer tous les écrivains présents ici, et en particulier
Daniel Picouly, Alain Mabanckou, Abd el Malik et Isabelle Autissier, qui
interviennent au cours de la semaine auprès des scolaires et autour des
« bibliothèques éphémères » constituées, pour la deuxième année
consécutive, dans les halls d'immeubles de quatre quartiers difficiles de
l'agglomération.
Je remercie la grande implication des librairies, notamment La Parenthèse,
L'Autre rive, La Librairie Didier, qui ont reçu le label LiR. Sans l'association
des libraires « Lire à Nancy » cette manifestation ne serait pas aussi un
événement populaire et commercial essentiel pour la survie des libraires
locaux.
Je n’oublie pas la quarantaine de structures d'édition implantées en
Lorraine et la bibliothèque municipale de Nancy.
Je salue donc le travail de toutes celles et de tous ceux qui se mobilisent
pour permettre cette rencontre entre les écrivains et leur public et souhaite
à cette édition du « Livre sur la place » tout le succès qu'elle mérite.
Je vous remercie.