Un magnifique parcours que vous devez à votre talent bien sûr, mais aussi
à Jean Shelton. Votre formation au Conservatory Theater puis au Shelton
Actors Lab de San Franscisco lui doit beaucoup, ainsi que le démarrage de
votre carrière à Los Angeles.
On vous connaît en officier de police, en sergent, en capitaine… En
comparse de Mel Gibson dans L’arme fatale, bien sûr ; en Président des
Etats-Unis, aussi, dans 2012 de Roland Emmerich. On vous retrouve aussi
chez Peter Weir dans Witness, chez Lars von Trier aussi, ou encore chez
Wes Anderson.
Danny Glover, c’est aussi bien sûr le mari de Whoopy Goldberg dans La
couleur pourpre de Steven Spielberg ; c’est aussi le policier noir en plein
apartheid dans Bopha !, le premier film réalisé par Morgan Freeman.
Derrière ces rôles, on retrouve votre engagement très fort pour la
communauté afro-américaine, qui se traduit aussi dans votre action pour le
théâtre, avec la fondation, aux côtés de Ben Guillory, de la Robey Theatre
Company, en l’honneur de l’acteur et activiste Paul Robeson ; dans vos
choix de réalisateur et de producteur également, quand vous vous
engagez en 2005 à porter à l’écran l’affaire Dr. Marsha Coleman-Adebayo,
dans laquelle le respect des droits civiques et celui de l’environnement
avait été remis en cause. Et depuis 2006, vous souhaitez réaliser un film
biographique sur Toussaint Louverture, avec un casting prestigieux mis au
service de la mémoire du fondateur de la république haïtienne.
Cet engagement vous vient de loin. « J’ai grandi à San Francisco, mais j’ai
été confronté à l’injustice raciale enfant, quand j’allais rendre visite à mes
grands-parents dans l’état rural de Géorgie, et quand j’allais dans le Sud
dans les années cinquante et soixante : les quartiers séparés, les écoles
séparées ; les portes séparées, les salles de bain séparées, les zones
séparées de bus. »
C’est bien d’un engagement de famille qu’il s’agit : vos parents
appartenaient à la National Association for the Advancement of Colored
People (NAACP).
Etudiant à l’université de San Francisco, vous devenez membre de la
Black Students Union, l’une des trois principales associations ayant
collaboré à la plus longue grève étudiante de toute l’histoire américaine
pour la création d’un département de « Black Studies », mais aussi de la
toute première « School of Ethnic Studies » des Etats-Unis.
Votre engagement s’étend par ailleurs à toutes les formes de
discrimination, celles qui sont liées à la drogue ou au SIDA. C’est ainsi que
vous êtes membre du Black AIDS Institute, de la Walden House à
Oakland, ou encore du Transafrica Forum. Votre engagement aux côtés
des syndicats ouvriers, aux côtés des militants humanitaires lors de la crise
du Darfour ou à la suite du tremblement de terre de Haïti en 2010 ont
contribué à ce travail de longue haleine que l’on appelle l’éveil des
consciences. L’UNICEF vous a d’ailleurs confié une mission
d’ambassadeur itinérant de l’UNICEF, pour soutenir la reconnaissance des
populations d’ascendance africaine dans les nations caribéennes.
En venant au festival de Deauville ainsi qu’à Paris pour cette très belle
remise des Trophées des arts afro-caribéens, dont c’est la sixième édition,
vous venez nous montrer l’exemple de ceux qui savent rendre leur
notoriété utile. En France, c’est souvent la figure de l’intellectuel,
universitaire ou écrivain, qu’on attend sur le terrain de l’engagement ; aux
Etats-Unis, les grands acteurs se sont aussi pleinement emparés de cette
mission d’intérêt public. Cher Danny Glover, vous faites partie de ceux qui
donnent ses lettres de noblesse à ce qui porte aux Etats-Unis le beau nom
d’activisme.
Cher Danny Glover, au nom de la République française, nous vous
remettons les insignes de chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres.