Madame la Commissaire, Chère Androulla VASSILIOU,Mesdames et messieurs les Ministres, Monsieur le Président de la Conférence Permanente de l’Audiovisuel Méditerranéen, cher Emmanuel HOOG,Madame la Secrétaire générale de la COPEAM, chère Alessandra PARADISI,Mesdames et Messieurs les directeurs et présidents de chaînes et opérateurs de l’audiovisuel,Mesdames, Messieurs,Chers amis

Depuis quelques années, nous avons su renouer – dans un esprit nouveau – avec un rêve ancien, munis de la volonté de le faire advenir à la réalité : ce rêve, c’est bien sûr le rêve méditerranéen, celui d’une « Mare Nostrum » du XXIe siècle, celui d’une communauté de destins, j’ai même envie de dire une communauté de désirs entre l’Europe, l’Afrique et le Proche-Orient. Sans doute fallait-il que l’Europe eût d’abord achevé de se rassembler après la chute du mur de Berlin, pour qu’elle puisse, plus résolument encore, tourner ses regards vers d’autres horizons, jeter des passerelles solides et durables vers d’autres rives, et, par là, retrouver une dimension essentielle de son identité.
La France, vous le savez, a été l‘une des initiatrices de ce grand projet, porté tout particulièrement par le Président de la République. Le Sommet de Paris, le 13 juillet 2008, est venu donner corps à ce rêve d’une Union Pour la Méditerranée, en a posé les premiers fondements.
Dès la veille de ce sommet fondateur, la Conférence Permanente de l’Audiovisuel Méditerranéen lançait un appel aux chefs d’Etat pour que les médias soient inclus dans sa déclaration et pour que puisse se structurer un véritable paysage audiovisuel méditerranéen.
Ce « Pari audiovisuel de la Méditerranée », nous sommes en train de le gagner, et tel est l’objectif ambitieux du rendez-vous d’aujourd’hui,
Aussi est-ce pour moi un grand bonheur, en même temps qu’un grand honneur, d’accueillir, ici à Paris, dans ce lieu symbolique de la Bibliothèque nationale de France, cette 17e Conférence de la COPEAM. Nous y plaçons tous beaucoup d’espoirs, car c’est ici que se construit une partie importante de notre avenir commun.
Parmi les dix projets adoptés par la dernière Conférence annuelle du Caire, quatre projets particulièrement ambitieux ont retenu mon attention, car ils sont de nature à structurer l’édifice audiovisuel, et plus largement culturel, euro-méditerranéen.
Le 1er projet consiste dans la création d’une chaîne de télévision de la Méditerranée, une chaîne multinationale et plurilingue, émettant sur l'ensemble du territoire euro-méditerranéen. Cette chaîne constituera le point focal, et, à terme, le parfait miroir de cette Méditerrannée ouverte que nous sommes en train de construire ensemble.
Ce projet ambitieux est aujourd’hui à notre portée. Il a retenu toute l’attention des ambassadeurs auprès de l’Union pour le Méditerranée. La première « étude de faisabilité », réalisée par la présidence de la COPEAM, montre que, d’un point de vue tant technique que financier et éditorial, cette chaîne est aujourd’hui possible.
Bien sûr, elle a besoin, pour exister sans tarder, d’une large mobilisation de tous les acteurs de l’audiovisuel méditerranéen, mais aussi des responsables politiques. Je mettrai toute mon énergie pour que nous puissions donner à la Méditerranée une voix et des visages à son image, c’est-à-dire à l’image d’une communauté de désirs et de destins pleinement assumée.
Le 2e grand projet répond pleinement à l’objectif éducatif de l’Union Pour la Méditerranée. C’est celui d’une Université audiovisuelle de la Méditerranée. Je salue la volonté de mettre en place ce réseau d’universités et d’écoles d’enseignement audiovisuel et de cinéma, une première dans le bassin méditerranéen. Il s’agit, en s’appuyant sur le dynamisme de la COPEAM, de constituer un réseau d’excellence, tissé autour de rencontres, d’échanges d’expériences et de formation des cadres audiovisuels.
Le premier pas devra être fait cette année avec le développement de la plateforme Internet de l’Université, qui permettra d’animer le réseau de tous les partenaires, de mettre en ligne des outils d’enseignement à distance, et de mettre à la disposition de chacun un centre de ressources numériques.
Pas à pas, pierre après pierre, cette université pourra se construire et s’élaborer, par exemple grâce à la mise en place de séminaires et d’universités d’été, puis par la création d’un cursus commun de master audiovisuel.
La COPEAM et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) ont toute l’expertise et toute la reconnaissance de leurs partenaires pour mener à bien ce projet.
À l’heure où les mutations technologiques – mais aussi culturelles – sont de plus en plus rapides, nous avons compris que nous ne pouvions bâtir l’avenir que sur le socle solide et vivant d’une mémoire partagée. C’est pourquoi le 3e projet qui nous rassemble concerne les mémoires audiovisuelles de la Méditerranée, et vise à faciliter l’accès des publics aux archives. L’outil le plus approprié est à l’évidence un site Internet dédié au patrimoine matériel et immatériel des pays de la Méditerranée.
Nous ne partons pas de rien : le projet CAPMED, piloté par l’INA dans le cadre du programme Euromed audiovisuel, nous donne une base solide. En sauvegardant les documents les plus emblématiques, CAPMED a permis de rendre disponible ce patrimoine audiovisuel inestimable. C’est une réalisation remarquable que je salue.
Il s’agit maintenant d’aller plus loin et de permettre l’accès gratuit à un grand nombre de ces documents.
L’enjeu est considérable : il en va de la capacité des pays de la Méditerranée à faire vivre en commun leur patrimoine partagé, et à faire mieux apparaître tout ce qui nous rassemble, sans occulter les spécificités de chacun, sans réduire la diversité qui fait la force de l’Union pour la Méditerranée.
Le 4e grand chantier de la COPEAM que je voudrais enfin évoquer, c’est celui d’un renforcement de nos échanges d’informations, grâce au projet EuroMed News.
Nous devons cette initiative à la Commission européenne. Les objectifs d’EuroMed News sont clairs. Il s’agit notamment :
de favoriser les partenariats et les coproductions euro-méditerranéennes ;
d’encourager la formation des journalistes aux thématiques euro-méditerranéennes et de faciliter la diffusion de l’actualité, en respectant la liberté éditoriale du diffuseur ;
d’informer le grand public sur le partenariat euro-méditerranéen ;
enfin, de promouvoir la diversité culturelle, ainsi que l’égalité entre hommes et femmes.
La présence de la COPEAM au sein du consortium institué pour réaliser ces objectifs est à l’évidence non seulement légitime, mais nécessaire.
D’autres projets issus de la Conférence du Caire sont bien entendu portés par la COPEAM, mais ceux que je viens d’esquisser rapidement devant vous sont, je crois, ceux qui illustrent le mieux notre ambition : renforcer le dialogue interculturel entre les deux rives de la Méditerranée par ce levier essentiel qu’est l’audiovisuel dans tous ses aspects et dans tous ses états.
Soyez assurés, Madame la Commissaire, Monsieur le président et Madame la secrétaire générale de la Conférence Permanente de l’audiovisuel Méditerranéen, que la COPEAM bénéficiera du plein soutien de la France pour réaliser ce « pari », qui est aussi le nôtre, comme cette « Mare Nostrum » doit devenir vraiment, pleinement nôtre, la nôtre à tous.
Je vous remercie.