Monsieur le Président du Conseil économique, social et environnemental,Monsieur le Médiateur de la République, cher Jean-Paul Delevoye,Monsieur le Président de l’établissement public de La Villette, cherJacques Martial,Mesdames et Messieurs,Chers ami(e)s,

Le grand écrivain Edouard Glissant, celui qui disait « j’écris en présence de
toutes les langues du monde », nous a quittés. Je souhaite que nous
fassions une minute de silence pour lui rendre hommage. Rendre
hommage à Edouard Glissant, c’est saluer une vie de réflexion consacrée
à une grande entreprise : tenter de nommer la créolité. Une réflexion qui
chez lui a évolué, depuis l’époque où il était proche de Frantz Fanon et
engagé dans le combat anticolonialiste, depuis le temps de sa thèse où il
adhérait à la notion de négritude.

Le penseur français du postcolonialisme est allé plus loin : il s’est fait le
penseur de la mondialisation et de la polyphonie. Glissant nous a donné
les armes pour nous abstraire des simplifications, pour éviter que la
créolisation et le métissage, à force d’être assénés comme messages
obligés, ne soient comprises que comme des slogans publicitaires. La
créolisation, ce n’est pas United Colors of Benetton. Avec les notions de
« Tout-monde », de « mondialité », il tente d’appréhender les identités en
réseau, il tente de replacer la « périphérie » au centre de nos identités
plurielles.

Edouard Glissant, c’est l’avocat splendide d’« une identité racine qui ne tue
pas autour d’elle, mais au contraire étend des branches vers d’autres ».

La « poétique du divers », celle auquel je pensais quand j’évoquais la
Culture pour chacun – et je me rends bien compte aujourd’hui que les
innovations sémantiques sont toujours porteuses d’équivoques et de
malentendus et ne peuvent être faites dans un moment de doute,
d’interrogations - c’est aussi un moyen de réfléchir aux enjeux de la culture
aujourd’hui le monde globalisé du XXIe siècle. Je ne crois pas à la
désespérance culturelle, je ne crois pas aux prophéties du bug made in
France, je ne crois pas à l’épuisement de notre création face à une culture
globale du mainstream pour tous. C’est pour cela que je suis là avec vous,
c’est pour cela que vous êtes présents aujourd’hui. Comment désespérer
d’un pays qui multiplie les co-productions et garantit la vitalité du deuxième
cinéma du monde ? Comment désespérer d’un pays qui fait connaître à
travers le monde ses compagnies d’art de la rue, à l’image de Royal de
Luxe ? Comment désespérer d’un pays qui propose en première partie de
soirée, sur le service public audiovisuel, des opéras ? Comment
désespérer d’un pays qui fait connaître sur ses scènes Tata Milouda,
phénomène du slam à 60 ans, révélé par Grand Corps malade ?

Parce que le monde change, parce les pratiques culturelles des Français
évoluent, la démocratisation culturelle doit sans cesse être repensée et
adaptée. Votre présence nombreuse aujourd’hui témoigne de l’actualité de
cette question et de la nécessité d’y répondre. C’est pourquoi j’ai souhaité
donner la parole aux acteurs culturels, à ceux qui produisent, créent et
diffusent l’art et la création aujourd’hui.

En cela, je suis fidèle à ma méthode : celle du dialogue, de l’écoute, de la
concertation afin d’établir un diagnostic partagé. [ s’il y a lieu : La
confrontation, le vacarme, l’obstruction, ce n’est pas le dialogue]. La
controverse respectueuse, l’écoute réciproque, le dialogue c’est l’idée que
je me fais de l’art et des artistes. Comme le dit Milan Kundera, « la culture
n'est qu'une longue interrogation (...) la culture est la gardienne de la
mémoire ». Cette mémoire, vous en êtes les dépositaires ; cette mémoire
je la fais mienne, en vous donnant la parole aujourd’hui.

Depuis le début des années 1970, le ministère de la Culture et de la
Communication réalise régulièrement l’enquête Pratiques culturelles. La
publication des résultats de l’enquête 20081, plus de dix ans après celle de
1997, a été l’occasion de faire le point sur les profondes transformations
qu’ont connues récemment les conditions d’accès à la culture. Je sais que
cette enquête ne peut prétendre à l’exhaustivité, je sais que ses résultats
ont été contestés ; néanmoins elle fournit des repères et témoigne du
chemin qu’il reste à parcourir.

Permettez-moi de citer quelques chiffres. Au cours de la période 1997-
2008, la lecture quotidienne de journaux payants a continué à diminuer, de
même que la quantité de livres lus en dehors de toute contrainte scolaire
ou professionnelle. Depuis plusieurs décennies, chaque nouvelle
génération arrive à l’âge adulte avec un niveau d’engagement dans le
monde de l’imprimé inférieur à la précédente. L’érosion des lecteurs
quotidiens de presse et des forts lecteurs de livres s’accompagne en outre
d’un vieillissement du lectorat. Comment se satisfaire que 33% des
ouvriers qualifiés, 29% employés, 38% des agriculteurs, 12% des
professions intermédiaires, déclarent n’être jamais allés dans un
établissement culturel au cours de l’année, contre 5% des cadres
supérieurs ? Peut-on se satisfaire qu’au cours de l’année, 72 % des
Français de plus de 15 ans ne soient jamais rentrés dans une bibliothèque,
58% d’entre eux dans une exposition, 51% d’entre eux dans un lieu dédié
au spectacle vivant ?

Le sujet n’est pas simplement limité à la France. Comment répondre à ce
défi immense quand on sait que le budget de l’Union européenne consacré
à la culture représente 400 millions d’euros sur 7 ans, soit le budget du film
Avatar ?

A mon initiative, vous le savez, le ministère s’est engagé depuis plusieurs
mois dans un travail de réflexion sur la démocratisation culturelle. J’ai
souhaité ouvrir le dialogue, j’ai accordé une large place à ceux qui font la
culture sur le terrain, j’ai souhaité vous écouter et vous entendre. Ce
forum, vous le savez, s’inscrit dans la continuité des 25 forums régionaux
qui se sont tenus localement depuis septembre 2010. Ils ont regroupé
plusieurs centaines d’acteurs venus de tous horizons : structures
culturelles, associations, fédérations d’éducation populaire, artistes,
chercheurs, collectivités territoriales.
J’entends inscrire mon action dans les pas de mes prédécesseurs qui ont
tous oeuvré, sous des formes diverses, en faveur du développement
culturel. Avant même la création du ministère, dans les années d’aprèsguerre,
comment ne pas citer l’action de Jeanne Laurent, maître d’ oeuvre
de la première décentralisation théâtrale. Cet acte fondateur a permis pour
la première fois des implantations de compagnies prestigieuses en
résidence dans différentes villes de France. Pour la première fois on jouait
tous les soirs dans les grandes villes concernées, à l’image du théâtre
quotidien de Marseille, si bien nommé à l’époque.

La démocratisation culturelle, c’est l’histoire de ce Ministère. C’est André
Malraux et l’aventure des Maisons de la Culture, où celui-ci voyait un
réseau de cathédrales de la Culture, C’est Jacques Duhamel, qui eut cette
phrase extraordinaire « La culture est ce qu’il faut ajouter à une journée de
travail pour en faire une journée de vie »

C’est Michel Guy qui permet avec les Chartes de développement culturel
d’impliquer plus fortement les grandes villes et les collectivités locales.
Michel Guy pour qui la capacité d’entraînement des oeuvres ne suffit pas :
« l’accumulation du savoir ne fait que rendre les individus semblables.
C’est la stimulation du vouloir qui permet l’épanouissement de la différence
[…] par une décentralisation extrêmement poussée et par l’école, les
associations, la radio et la télévision ».

C’est la création de la Direction du développement culturel voulue par Jack
Lang dans les années 80, structure ministérielle emblématique des
politiques à destination de tous les publics. C’est Jacques Toubon qui
lance en 1993 le plan national de numérisation, anticipant l’impact du
numérique au moment du démarrage d’Internet. C’est Catherine
Trautmann qui lance les Chartes de mission de service public. C’est
Catherine Tasca qui met en place en place en 2000, le plan « Art et
culture », pour le développement de l’éducation artistique et culturelle de la
« maternelle à l’université », première affirmation d’une volonté politique
forte dans ce domaine. C’est le dispositif des « Nouveaux territoires de
l’art » en 2001, ces friches artistiques sources d’innovations dans les arts
plastiques et le spectacle vivant.

Beaucoup d’entre vous ont participé à cet élan. Dans les scènes
conventionnées, dans le travail des compagnies et des artistes, je sais que
beaucoup est fait dans le domaine de la médiation, notamment à
destination des jeunes publics ; dans les musées, je sais que beaucoup est
fait en matière d’accessibilité, conformément à la loi de 2005 ; dans les
festivals, dans les lieux dédiés au spectacle vivant, je sais que beaucoup
est fait pour drainer les publics proches, avec la promotion de
manifestations associées sur le territoire ; dans le domaine du cinéma, le
plan de numérisation des salles porté par le Centre national de la
Cinématographie et de l’image animée – qui concerne notamment les
salles isolées en milieu rural - peut permettre de le rendre plus accessible.
Tout cela, je le sais, tout cela je le vois lors de mes rencontres, lors de mes
déplacements. J’ai rencontré les grands acteurs, j’ai dialogué avec Robert
Abirached, Jacques Rigaud, Hugues Gall, mais aussi Laurent Bayle pour
son projet Demos, Chantal Lamarre à Lens, Jérôme Bouvier et son projet
pour la tour Utrillo à Clichy/Montfermeil. Aujourd’hui, c’est à vous que je
veux parler, vous qui êtes les forces vives de la Culture, celles qui
l’inventent, celles qui la diffusent ; celles qui la créent comme celles qui la
transmettent.

Je veux aussi m’adresser aux collectivités territoriales, dont de nombreux
représentants sont présents parmi nous ce matin. Je connais leur
inquiétude et leurs difficultés pour préserver les financements consacrés à
la culture. Je me suis battu, vous le savez, pour préserver les
compétences croisées en matière culturelle dans la réforme territoriale.
Les besoins et les attentes sont là : nous le savons tous, nous le mesurons
chaque jour. Aujourd’hui, nous sommes conduits à refonder et à
approfondir nos partenariats. Pour conquérir de nouveaux publics, pour
mieux accompagner les artistes et la création émergente, nous devons
dialoguer, travailler et échanger davantage. Ce forum est l’illustration de
l’ambition forte du Ministère de la Culture et de la Communication. Je
souhaite qu’il soit à l’écoute, qu’il dialogue avec les acteurs mais qu’il reste
le pilote en matière de politiques culturelles. Je sais que certains ont
évoqué, au cours des derniers mois, des retraits et un manque d’ambition.
La réalité leur apporte un démenti : le Ministère est là et bien là sur les
sujets de fond – les Entretiens de Valois l’illustrent dans le domaine du
spectacle vivant – comme sur les grands chantiers (le MuCEM à
Marseille, la Philharmonie, les Archives nationales à Pierrefitte) et les
« investissements d’avenir » permettant de répondre au défi de la
révolution numérique.

L’ambition territoriale, elle est au coeur de l’action de ce ministère. Elle est
toujours présente, elle est plus que jamais nécessaire pour reconquérir les
« territoires perdus » de l’action culturelle. Ce forum, je souhaite qu’il soit
un point de départ et non un point d’arrivée, je souhaite qu’il soit une
invitation au débat et non un enfermement dans une posture de combat.

Mais les temps ont changé. Le besoin de culture est là, le désir individuel
de culture est là, plus présent que jamais, mais ils ont évolué. Les
compagnies de spectacle de rue investissent Aurillac, Chalons et bien
d’autres villes, les fanzines et les télés associatives se multiplient dans les
quartiers, les pratiques amateurs s’intensifient, de véritables
« communautés de goût » naissent sur les blogs et les réseaux sociaux.
Est-ce que nous devons nous satisfaire des 915 000 visiteurs qui ont visité
la rétrospective consacrée à Monet au Grand Palais ou bien des 206
millions de spectateurs qui ont fréquenté les salles de cinéma en 2010 ? Je
ne crois pas à la loi d’airain de la fréquentation, je ne crois pas à la
politique du chiffre et de l’audimat. Je veux aller au fond des choses, je
souhaite que nous engagions une action profonde à destination de ces
publics que l’on ne voit pas et qui, parfois, suscite la gêne, parfois même la
peur.

A travers ce forum, je souhaite répondre aux nouvelles réalités de la
société française du début du XXIe siècle : individualisation des pratiques
culturelles ; inégalités d’accès persistantes, notamment dans les quartiers
sensibles, dans le monde rural et péri-urbain ; fractures sociales et
générationnelles et risque du « communautarisme culturel », pointés si
fortement par les travaux de sociologues comme Louis Chauvel ou Eric
Maurin ; visibilité croissante de la diversité de la société française,
immense réservoir de talents et d’ouverture au monde. Ce sont ces réalités
que doit affronter ce Forum sans a priori, sans idées préconçues, avec
toute l’ouverture nécessaire.
Au cours des dernières années, le développement du numérique et de
l’internet a profondément transformé les conditions de diffusion de la
culture, mais aussi le paysage des pratiques en amateurs, en favorisant
l’émergence de nouvelles formes d’expression, de nouveaux modes de
diffusion des contenus dans le cadre du temps libre. La diffusion des outils
numériques dans les foyers est souvent désormais l’occasion du premier
contact des nouvelles générations avec les contenus culturels. La culture
des écrans est là devant nous, ce qu’il importe de promouvoir c’est une
véritable éducation à l’image à la hauteur des enjeux.

L’éducation artistique et culturelle constitue naturellement l’une des clefs
essentielles de la démocratisation culturelle. Je tiens à saluer le travail
accompli depuis cinq ans par le Haut Conseil de l’Education Artistique et
Culturelle. Didier Lockwood, son vice-président, Alain Casabona, son
secrétaire général, et l’ensemble de ses membres. Proposée dès 2006, la
création d’un enseignement d’histoire des arts a désormais franchi un cap,
une étape essentielle avec un enseignement obligatoire pour tous les
élèves et une épreuve obligatoire au brevet en 2011. La réconciliation du
« sensé et du sensible », c’est l’un des enjeux majeurs de toute politique
d’éducation à la culture ambitieuse. Je suis en effet persuadé que c’est à
l’école que se forment les publics de demain. Mais c’est aussi dans les
théâtres et les musées que se forment les consciences libres, qui sont les
viviers de la démocratie.

L’autre défi, c’est celui qui consiste à défendre la diversité culturelle, à
promouvoir toutes les formes artistiques dans leur richesse, leur
foisonnement et leur pluralisme. La France est aujourd’hui un « paysmonde
« : c’est une chance, c’est un atout, c’est une richesse qui permet
de mieux affronter les défis du monde global. C’est aussi un formidable
laboratoire observé dans le monde, comme le souligne l’intérêt de
l’ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin. C’est cela le
pacte républicain, c’est cela le « creuset français » : reconnaître à la
multitude des cultures, des mémoires et des histoires la capacité de
constituer un corps social rassemblé autour de valeurs. L’accès aux lieux
de culture peut y contribuer puissamment, au service de cet « humanisme
de la diversité » qu’Alain Renaut appelle de ses voeux.

Je sais que des acteurs associatifs, des artistes, des chercheurs, des
institutions travaillent déjà à l’intégration de cette dimension dans le
patrimoine commun. Mais il ne peut y avoir de diversité sans politique de la
diversité : cela passe, même à l’heure d’internet, par une politique
ambitieuse pour l’aménagement culturel du territoire, cela passe par une
sensibilisation dès l’école, cela passe, enfin, par une meilleure orientation
des publics dans une offre souvent surabondante car la diversité offerte
n’est pas nécessairement consommée.

Les outils ne manquent pas, comme le développement des résidences
d’artistes, comme l’appui renouvelé en faveur de démarches participatives,
co-production d’oeuvres ou d’événements qui favorisent l’estime de soi -
car l’oeuvre parle avant tout à l’intime - mais aussi le dialogue avec l’autre.
Il n'est pas question de soumettre la création artistique ou les politiques
patrimoniales au goût des populations, mais de considérer les populations
non plus comme de simples destinataires des oeuvres mais comme des
acteurs culturels à part entière. En la matière, je ne veux rien imposer : je
souhaite solliciter votre expérience, vous entendre, vous écouter. Je
mesure bien le fait que ce Forum ne peut aborder tous les sujets et toutes
les questions. Dans les actions centrales pour l’avenir de la
démocratisation culturelle, je n’oublie pas le rôle des arts de la rue, le levier
que représentent les musiques actuelles, à travers les Scènes de
musiques actuelles (SMAC) en lien avec les collectivités locales, les
marionnettes et le cirque contemporain dont les compagnies travaillent
fortement au renouveau des publics, enfin tous les lieux labellisés
« nouveaux territoires de l’art ». Et je pourrai citer bien d’autres exemples
qui auront toute place dans les huit tables rondes de la journée.

Dans les semaines à venir, je veux poursuivre un chantier de réflexion et
des expérimentations avec les élus, les acteurs culturels des territoires,
l’immense réservoir des associations : avec vous, avec votre engagement,
mon Ministère peut beaucoup ; sans vous, sans votre expertise, sans votre
connaissance des attentes et des besoins, mon Ministère ne peut agir
efficacement et dans la durée.

Je ne souhaite pas, vous l’avez compris, remettre en cause ce qui est au
coeur de l’action patiente et continue des pouvoirs publics, de tous mes
prédécesseurs depuis la création de ce ministère. Ce que je souhaite, c’est
que nous mettions en avant les bonnes pratiques, les expertises des
acteurs culturels de terrain, le travail patient des associations engagés sur
le terrain culturel pour rapprocher l’offre culturelle et la demande des
citoyens.

Nos politiques devraient être à même de renforcer les relations et les
interactions entre des « libertés hétérogènes » pour reprendre Amartya
Sen. La mission de création et de diffusion des établissements culturels
doit être sans cesse réaffirmée. Mais n’y aurait-il pas l’espace pour
permettre aux personnes de mieux se situer au monde, de mieux définir
leur identité culturelle, pour plus de respect pour elles et plus de respect
pour les autres. Dans le monde tel qu’il est, au regard des fractures
sourdes et de l’industrie du divertissement qui domine, l’offre culturelle doit
porter cette ambition plus large, une ambition qui l’inscrit comme acte de
mémoire et engagement éthique.

Ce que je refuse, comme vous, ce sont trois dangers qui parfois peuvent
être connexes : je veux parler de l'uniformisation qui aliène, autrement dit
la culture globale du mainstream pour tous ; je veux parler du
communautarisme culturel, et des risques de fragmentation irréversible
dont il est porteur ; je veux parler de l’éclipse du citoyen formé et éduqué à
l’art par la figure du consommateur. Ces périls, il convient de ne pas les
exagérer, mais il importe d’en prendre la mesure afin de mieux les
affronter.

Ce à quoi j’aspire en revanche, c’est la prise en compte de la diversité
effective de la société française du XXIe siècle dans nos politiques
publiques, c’est l’usage des nouveaux outils d’accès à la connaissance et
à la culture dans l’éducation artistique et culturelle, c’est enfin une attention
accrue aux publics empêchés, qui ne doivent pas être enfermés dans des
ghettos, mais bien nourrir des approches spécifiques.

Ces enjeux vous les connaissez, ces enjeux vous les mesurez dans votre
travail artistique, dans votre activité de médiation culturelle. Travaillons
ensemble, partageons, débattons : de ces échanges, je suis certain que
sortira le meilleur. Comme le dit Gaston Bachelard, « Deux hommes, s’ils
veulent s’entendre, ont dû d’abord se contredire. La vérité est fille de
discussion ».

Je vous remercie.