Hommage de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, à Michel Mohrt

Avec Michel Mohrt, disparaît un très bel écrivain : romancier, essayiste, critique littéraire et cinématographique au Figaro, il avait été élu à l’Académie française en 1985 pour l’ensemble d’une œuvre tout entière placée sous le signe de l’air du large.

Fin connaisseur du roman anglo-américain, éditeur inspiré de Kerouac, Roth ou Styron, il était entré en littérature en pleine mode du nouveau roman, la Bretagne au cœur, en réinventant le goût des histoires de guerre, de mer et d’exils, et en retrouvant le sel perdu des monologues et des dialogues, à la façon d’un Faulkner breton.

Il y avait, chez cet homme discret né avec la Première Guerre mondiale, qui combattit courageusement dans les Alpes et sut conjuguer avec art son double métier d’écrivain et de découvreur de talents, une qualité particulière faite de subtilité, de rigueur et de cette distance fraternelle que Jean d’Ormesson a appelé « le charme Michel Mohrt ».

Les lecteurs du « Serviteur fidèle » ou de « La prison maritime », ce livre magique qui reçut le Prix du roman de l’Académie française, connaissent bien l’âme voyageuse de cet écrivain mélancolique et tenace qui chaque année, malgré le grand âge, s’exerçait patiemment à dessiner et peindre les rues de Venise. Pour toujours mieux voir.