Elle a dit un jour : « J'ai souvent connu la punition d'être en avance »... Celle
dont on dit aujourd'hui, de New York à Hong Kong, qu'elle est une icône du goût
français, a longuement fait l'expérience de ce qu'il en coûte de n'avoir pas le goût
de tout le monde. Aimer les grandes figures de la modernité française, Eileen
Grey, Pierre Chareau, Jean-Michel Franck, Robert Mallet-Stevens, n'a pas
toujours été aussi naturel qu'il y paraît aujourd'hui. Cette parisienne dont le
lorgnon nous lance des clins d'oeil à chaque coin de rue de Paris, à l'occasion de
son exposition à l'Hôtel de Ville, aime aussi les choses simples, voire ce que nul
ne songe à aimer : par exemple, la grille de poulailler qui habillait un cabinet
dans l'élégant show-room d'Ecart International ouvert rue de Rivoli, à la fin des
années 1970.
Andrée Putman est sans doute, avant tout, une amatrice passionnée qui entend
faire partager ses amours, qu'il s'agisse d'un créateur d'avant-garde (de Samuel
Beckett à Jean-Michel Basquiat), d'une ambiance, d'un souvenir d'enfance (son
enfance passée dans une abbaye cistercienne) ou encore des artistes qu'elle
rencontre avec son mari Jacques Putman, collectionneur, éditeur (Pierre
Alechinsky, Bram van Velde, Alberto Giacometti, Niki de Saint Phalle). Déjà, elle
partage : des éditions de ces artistes intégreront les célèbres catalogues de
Prisunic dont elle suit l'aventure, et où elle a popularisée, la première, les
éditions d’artistes à bon marché.
La section design du fonds national d'art contemporain garde le témoignage de
l'ampleur des grands « écarts » qu'affectionne cette personnalité qui met autant
de sérieux (ou autant d'humour) à concevoir un portemanteau pour un catalogue
de vente par correspondance qu'un miroir en forme de damier mobile comme
« A vous de jouer » (2003), imaginé pour la galerie Kreo. Ce motif est devenu en
quelque sorte sa signature, à la suite de l'aménagement de l'hôtel Morgans à
New York, en 1984.
A l’instar de Charlotte Perriand, Andrée Putman marque son époque comme
femme, comme personnalité, comme instigatrice de fêtes et d'amitiés : Didier
Grumbach l'incite à se lancer dans le monde du textile et du prêt-à-porter avec
Créateurs et Industriels, tandis que Michel Guy l'encouragera plus tard à lancer
sa propre société, Ecart International, en 1978.
A l'occasion de sa nomination au grade de Commandeur dans l'Ordre des Arts et Lettres, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, honore le travail d'Andrée Putman.
A l’occasion de son anniversaire, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et dela Communication est heureux d'honorer le talent d'Andrée Putman, sa carrièreexceptionnelle, inclassable de par la diversité de ses talents, la longévité de sacréativité, et surtout cette capacité à contrarier le fil du temps qui fait d’elle uneartiste.
Publié le 20.12.2010
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