Première capitale française de la culture, Villeurbanne mobilise toutes les énergies au service de la plus belle des causes : la vitalité de la culture. Aujourd'hui, nous explorons un spectacle exceptionnel signé Valère Novarina présenté au TNP jusqu'au 30 janvier.

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Le Jeu des ombres, spectacle, initialement prévu pour la Cour d’honneur du Festival d’Avignon 2020, s’est heurté à l’épidémie de Covid-19. Présenté à la Semaine d’art en Avignon en octobre 2020, il sort enfin des Enfers où le contexte sanitaire l'a retenu. Et quelle meilleure occasion que cette fête populaire qui, depuis quelques jours, flambe autour du label « Capitale française de la culture » !

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S’il est vrai que la ville et ses habitants entendent « retrouver les émotions collectives qui réconcilient la société », nul doute que ceux qui auront eu la chance d’assister à ces représentations du Jeu des Ombres seront comblés. Un spectacle chatoyant, rempli de nuit, de lumières et de couleurs, un opéra – on y entend de beaux extraits de l’Orféo de Monteverdi – autant que du théâtre, une œuvre musicale, picturale, chorégraphique – Thierry Thieû Niang y orchestre la rencontre des corps –  et plastique – Macha Makeïeff a dessiné les costumes, Jean Bellorini signe la scénographie et la mise en scène – autant que du spectacle vivant.

Les Enfers, envers du monde

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« La grande mort que chacun porte en soi / voilà le fruit autour duquel tout gravite », écrivait Rainer Maria Rilke. Mais qu’on ne s’effraie pas : ici les morts sont, sinon comme vous et moi, du moins de fort beaux personnages de théâtre. Avec Valère Novarina, on participe au « retournement du sens commun », c’est là le voyage aux Enfers, en compagnie d’Orphée. Le théâtre est conçu comme un envers : envers du monde, envers de l’homme et envers du mot. Et cet envers du monde commande de « retourner le mot ». D’où cette langue poétique et exubérante.

Pour Valère Novarina, la parole est un chant, « un sang qui circule, capable d’éveiller les sens » : on ne saurait mieux réunir, de façon retorse, l’art et la vie ! L’un sublime l’autre.

Le choix de l'imprudence

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« Je disais aux acteurs, précise Jean Bellorini dans le magazine du festival d’Avignon, qu’ils sont remplis de tous ces morts, de tous ces êtres qui nous façonnent tous. Nous sommes tous faits de ceux que l’on a aimés, de ceux qui nous ont aimés et qui sont quelque part. Orphée, quant à lui, descend aux Enfers récupérer son amour, mais choisit finalement de se retourner vers Eurydice, de la regarder et de la perdre à tout jamais. Pourquoi ce choix… ? C’est le choix de l’imprudence, le risque de vivre pleinement. En fait la question ne se pose pas : il s'agit de sur-vivre. »

Le Jeu des Ombres est la première création de Jean Bellorini en tant que directeur du TNP. Après une saison 2021-22 bien occupée à fêter le Centenaire du Théâtre national populaire, fondé – rappelons-le – par Firmin Gémier, le 11 novembre 1920, puis revitalisé par Jean Vilar, que Jeanne Laurent nomma directeur en 1951, voilà que Villeurbanne, labellisée Capitale française de la culture 2022, sous le signe d'Orphée et d'Eurydice, prend feu et flamme autour de sa vénérable institution, pionnière de la Décentralisation théâtrale !

L’inquiétude rythmique, une exposition des œuvres de Valère Novarina

On ne manquera pas d’aller admirer les peintures, dessins et lithographies de cet artiste complet, à l’URDLA, centre de l'estampe, jusqu’au 12 mars.

Créé en 1978, URDLA est un lieu hybride, atelier, galerie d’art et unité d’édition. Chaque année, URDLA sélectionne et invite des artistes en résidence. Ces artistes, d’origines, d’esthétiques et de générations diverses ont l’opportunité de pratiquer l’estampe originale grâce au matériel et au personnel mis à leur disposition : huit presses, dont l’une des rares Voirin 120 x 160, que le Ministère de la Culture a mis à la disposition des artistes en 1983, ses œuvres, ses pierres lithographiques, etc.

Ces outils témoignent du labeur que constitue la fabrication d’une image, en opposition radicale avec les techniques numériques aujourd’hui. Une galerie d’exposition et de rencontres, un magasin avec quelques 2 000 estampes disponibles, et une librairie complètent ce lieu exceptionnel installé dans une ancienne usine sur 1000 m².