Le sait-on suffisamment ? Le ministère de la Culture entretient une relation partenariale forte avec les collectivités locales, dont le rôle dans le développement culturel n’est plus à démontrer. Pour s’en convaincre, il n’est qu’à se pencher sur la variété – et la vitalité ! – des initiatives et autres outils d’ingénierie qu’il mobilise pour les accompagner : instances de concertation, comme le Conseil national des territoires pour la culture ; dispositifs pour renforcer la cohésion et l’attractivité des territoires, comme le pass Culture ou les Micro-Folies ; labels pour mettre en valeur la diversité culturelle, comme les Capitales françaises de la culture ou le 100% éducation artistique et culturelle. Incontestablement, cette diversité traduit un ancrage durable et fort dans les territoires, notamment à travers les directions régionales des affaires culturelles.
Pour mieux faire connaître l’ensemble de ces propositions, dont certaines sont bien connues, d’autres moins, le ministère de la Culture a participé cette année – c’était une grande première – au Salon des maires et des collectivité locales, qui s’est tenu du 22 au 24 novembre à la Porte de Versailles, à Paris. L’objectif ? Aller à la rencontre des élus et des collectivités pour leur présenter les dispositifs dont ils peuvent bénéficier ou qui peuvent les intéresser. Le succès a été au rendez-vous, puisque le ministère de la Culture a d’ores et déjà pris date avec la direction du Salon pour la prochaine édition de celui-ci.
Un ancrage durable dans les territoires
Premier constat : le stand du ministère de la Culture, qui réunissait, fait notable, des collaborateurs issus de l’ensemble des directions du ministère, a suscité l’intérêt et la curiosité de nombreux visiteurs. D’autant qu’il se « prolongeait » dans des espaces – la bien nommée « Arène de l’innovation » pour les pastilles, et « l’Espace culture » pour les conférences – où deux types d’interventions étaient proposés au public : les conférences (présentation d’un sujet spécifique) et une série de petites « pastilles » (synthèses rapides sur un sujet transversal).
Avant de revenir plus en détail sur le sujet de plusieurs conférences (voir nos articles sur l’Olympiade culturelle, le pass Culture et les Micro-Folies), penchons-nous sur un format innovant, celui de la présentation des enjeux d’un dispositif sous forme de « pastilles ». Présentées et animées par Évelyne Laquit, directrice de l’information et la communication au ministère de la Culture, ces « pastilles » (voir les vidéos), qui ont séduit par leur forme ramassée, portaient sur un thème générique : « l’innovation territoriale ». Elles abordaient les sujets suivants : la commande publique, le pacte linguistique, l’Atlas de la culture, le Fonds d’innovation territoriale et l’achat public de livres non-scolaires.
Un enjeu de démocratie territoriale
Promouvoir la création artistique partout et pour tous, tel était l’enjeu, ô combien démocratique, de la première « pastille », qui portait sur la présentation du dispositif de la commande publique dans l’espace public. « Ce mode d’action a fait ses preuves depuis longtemps, mais il n’est pas contradictoire avec l’innovation territoriale », souligne Simon André-Deconchat, adjoint au délégué aux arts visuels à la direction générale de la création artistique au ministère de la Culture, qui met en exergue deux de ses modalités sur les territoires : le 1% artistique (« un dispositif qui oblige à faire appel à la commande d’œuvres à des artistes pour toute construction publique, ce qui a permis la constitution d’un patrimoine exceptionnel ») et, tout récemment, la charte « 1 immeuble, 1 œuvre » (« avec ce dispositif, des promoteurs immobiliers privés s’engagent à commander des projets artistiques pour leurs programmes d’immeubles »).
Autre dispositif propre à inspirer les collectivités : le pacte linguistique. « C’est un outil innovant, qui invite à promouvoir l’extraordinaire diversité linguistique de notre pays », souligne Claire Extramania, conseillère pour l’action territoriale à la délégation générale à la langue française et aux langues de France. En témoigne le pacte linguistique signé dans les Hauts-de-France en 2020 entre le ministère de la Culture, la région Hauts-de-France, le Conseil départemental de l’Aisne et la communauté de communes de Retz-en-Valois, lequel impulse des actions dans trois domaines « la lutte contre l’illettrisme, la promotion de la diversité linguistique, et l’accueil de la francophonie dans le cadre de l’ouverture de la Cité internationale de la langue française qui ouvrira au printemps 2023 ». De nouveaux pactes linguistiques devraient être signés prochainement à La Réunion, en région Provence-Alpes Côte d’Azur et région Grand Est.
Tout y est pour une connaissance approfondie de la France culturelle : les données concernant l’offre culturelle, les politiques culturelles territoriales, les entreprises et l’emploi culturel… Outil particulièrement précieux, l’Atlas culturel permet « d’appréhender l’offre culturelle sur un territoire à partir d’une cartographie et de données », explique Edwige Millery, responsable des publications du département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation au ministère de la Culture. Des données choisies en raison de « leur robustesse, de leur ouverture, et du fait qu’elles peuvent être comparées avec d’autres données », qui documentent « ce cœur de réacteur » qu’est l’outil de cartographie. À cette carte, s’ajoutent un outil de data-visualisation qui permet de visualiser les dépenses d’une collectivité et de les comparer avec d’autres, ainsi que des fiches-portraits de territoires.
Un enjeu de développement des territoires
Deux dispositifs permettant d’apporter un soutien financier aux collectivités ont également fait l’objet d’une présentation : la Fonds d’innovation territoriale et le dispositif d’achat public de livres non scolaires.
Pour présenter le premier, quoi de mieux que de donner la parole à une collectivité qui l’a – avec succès – utilisé ? C’est le cas de Montmédy, une municipalité de la Meuse, dont le maire, Pierre Léonard, plébiscite ce dispositif. Grâce à celui-ci, Carole Nieder, diplômée de l’école nationale supérieure d’architecture de Strasbourg a récemment été accueillie sur le territoire de la commune où elle a développé un projet sur « l’influence réciproque entre corps et espace à travers la notion d’empreinte ». En définitive, « les habitants ont redécouvert leur territoire », s’enthousiasme Pierre Léonard qui remercie la Drac Grand-Est pour son aide « concernant la programmation et l’accès aux réseaux ».
Second exemple : le « dispositif d’achat public de livres non scolaires » est présenté par Eva Carlin, chargée de mission au département de l'économie du livre de la direction générale des industries culturelles du ministère de la Culture. « Depuis 2016, détaille-t-elle, une disposition spécifique du code de la commande publique autorise les collectivités locales dans le cadre d’un marché de gré à gré à s’adresser directement aux libraires de leur territoire pour les commandes inférieures à 90 000 euros hors taxes ». Marché de gré à gré, c’est-à-dire sans passer par un appel d’offres classique « que des grossistes spécialisés, mieux armés que des librairies indépendantes, ont plus de chance de remporter ». L’idée est bien sûr de préserver le riche tissu de librairies de proximité de l’Hexagone.
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