Scène atypique dans l'offre théâtrale hexagonale, l'International Visual Theatre (IVT) a su, depuis 1977, faire sortir les spectacles visuels et en langue des signes de l'espace qui leur était réservé. Emmanuelle Laborit et Jennifer Lesage-David, ses directrices, reviennent sur cette aventure hors du commun, qui va fêter, du 9 au 13 mai, ses 40 ans d'existence.

L’International Visual Theatre a été créé en 1977. Pouvez-vous nous présenter ce lieu ainsi que la ligne artistique des spectacles proposés aujourd’hui ?

Emmanuelle Laborit et Jennifer Lesage-David : Lieu de ressources dédié à la recherche artistique, linguistique et pédagogique sur la langue des signes et les arts visuels et corporels, IVT – International Visual Theatre est depuis 1977 un espace d’échange, de rencontre et de découverte pour tous les publics, sourds et entendants. C’est à la fois un lieu de spectacle, un centre de formation et une maison d’édition. Nous nous appliquons à proposer une programmation de spectacles pluridisciplinaires à l’univers visuel riche et où le corps occupe une place importante. Une partie de la programmation propose des spectacles dits « bilingues », c’est-à-dire compréhensibles par un public « signant » (connaissant la langue des signes) et/ou entendant. Nos choix visent particulièrement les formes hybrides qui expérimentent de nouveaux partis pris de mise en scène du bilinguisme sur scène. L’autre partie de la programmation propose des spectacles dits « visuels » sans parole. Nous cherchons à promouvoir des propositions originales à l’univers visuel et corporel particulièrement expressif. Nous sommes aussi très sensibles aux formes originales et au propos.

Lieu unique, IVT a longtemps été seul dans le paysage culturel à produire des spectacles qui intègrent la langue des signes (LSF) dans la création et non comme support d’accessibilité

Comment la création en langue des signes a-t-elle évolué en 40 ans ?

EL et JLD : Lieu unique, IVT a longtemps été seul dans le paysage culturel à produire des spectacles qui intègrent la Langue des signes (LSF) dans la création et non comme support d’accessibilité. Depuis quelques années, des compagnies travaillent dans la même philosophie. IVT ouvre son plateau à ces compagnies émergentes, dans le cadre de résidences et de coproduction. Après 40 ans d’expérience, IVT vise par ce biais à encourager la transmission entre les générations.

L’IVT est aussi un centre de formation. Quelles activités proposez-vous dans ce cadre ?

EL et JLD : Depuis 2016, IVT est agréé par l’Éducation Nationale. Nous proposons une formation de LSF correspondant au référentiel européen des formations en langue. Notre formation est reconnue pour préparer au DCL – Diplôme de Compétence en Langue. Nous proposons aussi des stages « spécifiques » en langue des signes sur différentes thématiques : artistiques, linguistiques, histoire… Actuellement nous travaillons à l’ouverture d’une master-class artistique.

Du 9 au 13 mai, l’IVT célèbre ses 40 ans. Quels sont les temps forts ?

EL ET JLD : Les cinq jours sont en soi un temps fort. Nous pouvons citer particulièrement la soirée autour de Dévaste-moi, mis en scène par Johanny Bert avec Emmanuelle Laborit et The Delano Orchestra le mardi 9 mai ; la conférence sur la création d’IVT en présence des fondateurs d’IVT Alfredo Corrado, Jean Grémion, Bill Moody et Ralph Robbins et le lancement du livre de Jean Gremion qui relate l’histoire de la création d’IVT… Mais on peut aussi citer le spectacle Rétrospective qui se remémore les scènes emblématiques du répertoire d’IVT ; Le Prince Tigre, lecture théâtrale pour le jeune public d’après l’album jeunesse de Chen Jiang Hong, mis en scène par Emmanuelle Laborit …