En mettant à l’honneur "le français sur la Toile" cette 22e édition de la Semaine de la langue française et de la Francophonie invite à se rassembler autour d’une langue en constante évolution, en phase avec les usages du monde virtuel. Compte-rendu de la présentation avec Bernard Pivot, président de l’académie Goncourt et parrain de cette 22e édition, et Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond-Point (1/2).

Audrey Azoulay : « Une réelle appétence pour ce partage de la lecture, ce partage des mots, ce partage des textes »

 

« Cette 22e édition de la Semaine de la langue française et de la Francophonie se déroulera du 18 au 26 mars. Elle prendra le relais du Printemps des Poètes, sera en harmonie avec la semaine de la presse et des médias. Dans le même temps, elle accueillera le Salon du Livre. On s’interroge en ces moments de campagne électorale sur ce qui nous réunit, ce qui fait une nation, ce qui fait le lien entre des identités qui, heureusement, sont plurielles. Je crois que la langue française est un des éléments de réponse. Le succès de la première la Nuit de la lecture, qui en janvier 2017, a rassemblé 250 000 personnes sur l’ensemble du territoire nous montre qu’il existe une réelle appétence pour ce partage de la lecture, ce partage des mots, ce partage des textes. »

Bernard Pivot : « Je me sens très fier d’être Français, quand nous discutons avec ardeur d’un point d’orthographe ou de grammaire »

« Rappelez-vous. C’était fin 1990, la veille de la première guerre du Golfe, une grande polémique secouait la société française. Il y avait des libres opinions dans la presse, il y avait des débats à la radio et à la télévision… Le sujet ? C’était l’orthographe du mot nénuphar. Certains, en effet, préconisaient le retour au « f » d’origine, quand d’autres désiraient maintenir le « ph » auquel nous étions habitués. Le New York Times avait à l’époque publié un article sur le sujet : « Ces français sont quand même assez incroyables, on est peut-être à la veille d’une troisième guerre mondiale et de quoi parlent-ils ? De l’orthographe d’une petite plante aquatique que la plupart d’entre eux n’ont vue qu’en image ». Pour ma part je me sens très fier d’être français, quand nous discutons avec ardeur d’un point d’orthographe ou d’un problème de grammaire, cela prouve que nous aimons notre langue et ce qui peut paraître un débat subalterne à certains n’est pas sans charme ni importance pour d’autres ».

Son actualité : le 20 mars, à 20h30, le ministère de la Culture et de la Communication accueille le spectacle de et avec Bernard Pivot, Au secours ! les mots m'ont mangé, véritable déclaration d'amour à la langue française

Jean-Michel Ribes : « Notre oxygène, c’est le plaisir de vivre et la parole en liberté »

« A l'occasion de la Semaine de la langue français et de la Francophonie, je vais saluer quelqu’un qui a été plus qu’un ami : un frère. Quelqu’un qui a toujours réinventé le rire, quelqu’un qui ressent la souffrance des choses tout en n'étant jamais sérieux, quelqu’un qui dit qu’il préfère "vivre en marge" plutôt que "mourir au milieu". Roland Topor est un immense créateur, salué dans le monde entier. On a besoin d’oxygène, on a besoin de gens qui, comme lui, nous disent le plaisir et l’insolence d’être, de vivre, de parler librement. C’est quelqu’un qui me manque tous les jours et qui, je l’espère va revenir grâce à cette grande exposition que la Bibliothèque nationale de France – ce temple élevé à la mémoire de la langue française – lui consacre à partir du 28 mars ».

Son actualité : le 23 mars, à 20h30, le Rond-Point fait sa fête à Roland Topor, lors d'une soirée exceptionnelle au ministère de la Culture et de la Communication, mêlant lectures, chansons, projections...

#SLFF17, mode d’emploi

La Semaine de la langue française et de la francophonie a été créée en 1995 à l'initiative du ministère de la Culture et de la Communication. Elle est organisée chaque année autour du 20 mars, journée internationale de la francophonie et donne lieu à plus de 1500 rendez-vous en France et dans le monde : ateliers d’écritures, dictées, slam, animations, concours, lectures, spectacles, jeux linguistiques, expositions…

Cette année c’est Bernard Pivot, grand amoureux de la langue française et inconditionnel des réseaux sociaux (7 980 tweets pour 485 000 abonnés) qui parraine ce rendez-vous culturel. La thématique de 2017, « le français sur la Toile » , célèbre un français moderne et agile qui se transforme et s’enrichit au contact des technologies et des usages du monde virtuel.

A noter : outre le spectacle de Bernard Pivot et la soirée consacrée à Topor, le ministère de la Culture et de la Communication accueille un concours d'orthographe de collégiens du Val-de-Marne (le 22, à 14h), un concert acoustique d'Oldelaf (le 22, à 20h30), un concours d'art oratoire (le 24, à 14h) et un concert d'Emily Loizeau (le 24, à 20h30).