Forums, émissions de radios, reportages... L'éducation aux médias mobilise enseignants et élèves du Lycée Blaise Pascal à Brie-Comte-Robert (77). Une façon pour les élèves de s'interroger sur l'information et de cultiver un espace de liberté. Reportage en amont de la 25e Semaine de la presse et des médias dans l'école du 24 au 29 mars 2014.
No future et Let it be
La pression monte. Ça doit aller vite. Attendre le signal pour dire son texte au micro, écouter chacun autour de la table, ne pas l'interrompre, ne pas se tromper, s'assurer de la technique, veiller à l'enchaînement des voix et des extraits musicaux, prévoir les réactions du public, le tout dans les conditions du direct. La classe de 2nd 7 du lycée Blaise Pascal de Brie-Comte-Robert enregistre sa propre émission de radio, un Top Ten des meilleurs groupes musicaux de l'histoire de rock britannique – un sujet concocté avec leur professeur d'anglais Sophie Deguelle. Les Clash, David Bowie, les Sex Pistols, Madness, la chanteuse Adèle ou Amy Winehouse sont annoncés en anglais avec quelques mots sur leur identité musicale et le contexte social, politique ou culturel dans lequel ils s'inscrivent. Pour finir, les grands gagnants du classement seront les Beatles.
La presse au service de l'éducation
La classe de 2nd 7 fait partie d'un cursus spécifique, le « projet d'éducation aux médias ». Chris Trabys, la documentaliste du lycée développe le module depuis 1991, en lien avec le CLEMI (Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information) par intérêt personnel pour les médias et par passion pour « le travail des journalistes ». La Semaine de la presse et des médias dans l'école est le point d'orgue de ce travail effectué tout au long de l'année. « Tous les enseignants », explique-t-elle avec une énergie communicative, « sont volontaires pour utiliser leur discipline au service de l'éducation aux médias ». Ainsi, le professeur de français emmène les élèves à l'aube pour un reportage aux Halles de Rungis, comme une sorte de continuité avec « Le Ventre de Paris », décrit par Zola. Le professeur de physique répond dans le studio de radio installé dans une salle du lycée aux questions des élèves sur l'oreille et du son...
Une intense semaine d’activités
En amont de la Semaine, des visites sont organisées dans les rédactions, comme récemment à France 2. Les élèves assistent à la fabrication d'une émission sur France Inter. Une manière pour eux de se rendre compte « comment on fait une Une », dit Anaïs.
La télé, le net, la presse écrite, « Le Parisien, BFM TV, I télé, mais aussi les réseaux sociaux » sont les cibles privilégiées pour s'informer. Avec une nette préférence des lycéens pour Twitter. « Avec Twitter, l'actu, tout le monde en parle » renchérit Lévana qui se rappelle la rapidité avec laquelle s'est diffusée sur le site de microblogging l'annonce de la mort de Nelson Mandela. Et de maintenir le lien en continu avec l'info, d'interagir avec elle, d'y laisser une trace.
Un espace de liberté
L'éducation aux médias contribue selon le proviseur du lycée, Mme Destas, à plus de cohésion pour les élèves. « A 15 ans », poursuit-elle, « les jeunes sont amenés à poser un regard sur le monde qui les entoure. On les pousse à distinguer et à comprendre la spécificité de chaque média ». En somme, on leur apprend à faire la part des choses entre l'information et l'opinion. Un moyen aussi de s'interroger sur sur l'autre face de l'actualité : les droits de l'homme, comme ce fut le cas lors du naufrage de Lampedusa au large de l'Italie, en octobre 2013, avec à son bord 500 migrants clandestins africains.
L'éducation aux médias « amène ces jeunes de 15 ans souvent critiques entre eux », continue Mme Destas, « à aiguiser leur sensibilité envers les mots. » Une prise de conscience qui influence leur quotidien. « C'est une façon de réfléchir aux conséquences de ce qu'ils vont dire, de se montrer attentifs à l'autre. »
Pour Jean-François Fagnen, professeur de français et d'histoire-géographie en classe pro, l’éducation aux médias est « un espace de liberté », propre à déclencher une vraie motivation chez les élèves.