L’architecture scolaire et universitaire nous livre un témoignage passionnant sur le rapport de notre société à l’éducation et à la jeunesse. La 34e édition des Journées européennes du patrimoine nous invite à partir à sa découverte. Troisième volet de notre série sur jeunesse et patrimoine (3/3).
« John Ruskin [a suggéré] que nous exigeons deux choses de nos bâtiments. Nous voulons qu’ils nous abritent – et nous voulons qu’ils nous parlent – nous parlent de ce que nous trouvons important et que nous avons besoin qu’on nous rappelle » écrivait Alain de Botton dans son Architecture du bonheur (2006). Une réflexion qui se prête particulièrement bien aux espaces scolaires et universitaires. Erigés pour la plupart entre le XVIIIe et le XXe siècle, ces lieux de vie et d’apprentissage incontournables nous parlent des philosophies éducatives, des élèves et des enjeux de société de leurs temps. Ils s’inscrivent dans l’histoire de l’éducation autant que celle de l’architecture et de la nation.
Salle des Thèse, Orléans
De nombreuses occasions de partir à leur découverte seront offertes par les Journées européennes du patrimoine 2017, à commencer par une série de conférences ayant pour thème « La jeunesse universitaire à Orléans du XIVe au XVIIIe siècle ». L’occasion de découvrir la salle des Thèse de l’ancienne université d’Orléans, ce bâtiment médiéval construit entre 1411 et 1421 et parfaitement conservé au sein duquel Calvin, Perrault et Rabelais, ont – entre autres – fait leurs humanités. Depuis, la bibliothèque et salle des professeurs de l’université est devenue le fief de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, qui s’y est installée en1882.
Samedi 16 et Dimanche 17 septembre de 14h30 à 18h
2 rue Pothier 45000 Orléans
Lycée Simone Weil, Dijon
Quoique moins ancien, le Lycée Simone Weil de Dijon, fait également partie de ces édifices aux destinées multiples. Construit au XIXe siècle, le bâtiment a d’abord abrité le couvent des sœurs Marie-Thérèse avant d’accueillir, entre 1907 et 1922, le Grand Séminaire. Transformé, durant la Première Guerre mondiale, en hôpital temporaire, il est, à partir de 1925, choisi pour accueillir la maternité de Dijon jusqu’en 1961. Une visite commentée sera organisée pour donner au grand public la possibilité d’en apprendre davantage sur l’histoire hors-norme de ce lieu.
Samedi 16 septembre de 14h à 18h
1 rue Pelletier de Chambure 21000 Dijon
Villa Arson, Nice
C’est un tout autre type de dialogue architectural - entre le moderne et l’ancien - que les Niçois auront l’opportunité de découvrir. Labellisée Patrimoine du XXe siècle, la Villa Arson est un établissement dédié à l’art contemporain réunissant une école nationale supérieure d’art, un centre national d’art contemporain, une résidence d’artiste et une médiathèque spécialisée. Cet ensemble architectural singulier, érigé au milieu d’un jardin méditerranéen de 2 hectares, abrite la demeure du XIXe siècle de la famille Arson, aujourd’hui enchâssée dans des constructions modernes en béton de style brutaliste conçues en 1970 par Michel Marot. Depuis plus de 40 ans, des artistes travaillent dans ces lieux et un ensemble d’œuvres d’art in situ témoigne du lien particulier qui y unit patrimoine et création. La réouverture au public, après travaux de réhabilitation, des 4 500 m2 de terrasse constituera l’un des points d’orgue de la découverte de ce site.
Samedi 16 et Dimanche 17 septembre de 14h30 à 18h
20 avenue Stéphane Liégeard 06100 Nice
Lycée Hélène Boucher, Paris
A Paris, dans le XXe arrondissement, le lycée Hélène Boucher – huitième lycée de jeunes filles de la ville, premier d’entre eux à avoir pris le nom d’une femme – ouvrira également ses portes aux curieux, qui seront guidés dans leur visite par Emmanuelle Philippe, conservateur du patrimoine à la Région Île-de-France. Ces derniers pourront ainsi découvrir ce lycée nommé d’après une pionnière de l’aviation détentrice de plusieurs records du monde de vitesse, et construit par Lucien Sallez sur l’emplacement d’une mine de gaz dans les années 30. L’ensemble se caractérise par une architecture de style Art déco d’une symétrie parfaite et affiche sa modernité tant par son architecture de béton rose et son décor – une ornementation faite de bas-reliefs, de ferronnerie et de vitraux - que par son emplacement dans un quartier populaire longtemps situé aux confins de la capitale.
Samedi 16 septembre 2017
75 cours de Vincennes 75020 Paris
Promenade commentée autour des universités parisiennes
Les amateurs de randonnées dominicales pourront quant à eux profiter d’une promenade commentée qui, partant du Panthéon, fera le tour des principales universités parisiennes, de Paris 1 à Paris 7. Ce parcours de 6 kilomètres environ présentera aussi bien les archétypes du patrimoine classique, tels que la Sorbonne et l’Ecole de Médecine, que les université d’architecture moderne telles que le campus de Jussieu ou les témoignages du patrimoine industriel – dont la faculté de Paris-Diderot, installée dans les anciens Grands Moulins.
Dimanche 17 septembre 2017 de 9h30 à 10h30 et de 15h30 à 16h30
Place du Panthéon 75005 Paris
Journées du 1% artistique
Créé en 1951, le dispositif « 1 % artistique » consiste à consacrer, à l’occasion de la construction, de la réhabilitation ou de l’extension d’un bâtiment public, un financement représentant un pour cent du coût des travaux à la commande ou à l’acquisition d’une ou plusieurs œuvres d’art, spécialement conçues par des artistes vivants, afin d’être intégrées au bâtiment considéré ou à ses abords. Ce dispositif a donné lieu à plus de 12 600 projets réalisés par plus de 4 000 artistes sur l’ensemble du territoire.
Les Journées du 1 % artistique, de l’école à l’enseignement supérieur sont une manifestation de valorisation de l’art contemporain dans les établissements d’enseignement scolaire et supérieur, général ou agricole. Elles débuteront en même temps que les Journées européennes du patrimoine, le 16 septembre, et dureront jusqu’au 22 septembre.
Pour la quatrième édition de ces Journées, écoles, collèges, lycées, universités et établissements d’enseignement supérieur ouvriront leurs portes afin que les visiteurs se réapproprient les lieux et découvrent les artistes et les œuvres contemporaines qui y ont été créées. Les équipes pédagogiques, les élèves et les étudiants proposeront tout au long de cette semaine des actions de médiation culturelle à destination de leurs pairs et du grand public. Une rencontre passionnante autour d'un corpus d’œuvres uniques, issues du 1% artistique parmi lesquelles figurent notamment le "Sapin des Vosges" d'Alexandre Calder, au lycée Marie Curie de Strasbourg et "Les larmes de couleur" de Jean-Michel Othoniel au collège Arthur Rimbaud d'Amiens.