Le 11 mai, le président de la Commission européenne a annoncé un alignement en 2016 des taux de TVA des livres électroniques et de la presse en ligne sur ceux des supports papier, rejoignant ainsi les revendications franco-allemandes.

Contexte. « Un livre est un livre, quelle qu’en soit la forme ». Fondé sur cette conviction, le taux réduit de TVA de 5,5 % a été adopté par la France en 2012 pour tous les livres, qu’ils soient imprimés ou numériques. Il visait à assurer l’égalité de leur traitement fiscal et à soutenir l’innovation dans la diffusion de la culture. Cette mesure a été remise en cause par un arrêt du 5 mars de la Cour de justice de l'Union européenne, qui a estimé que l'état actuel du droit de l'Union européenne ne permettait pas l'application de ce taux réduit au livre numérique. Avec plusieurs de ses partenaires européens, Fleur Pellerin a alors réagi en appelant « à mettre fin à la discrimination dont fait l’objet le livre numérique ». Pour cela, les ministres de la Culture d’Allemagne, d’Italie et de Pologne ont demandé à la Commission européenne, le 19 mars, « l’inclusion d’une modification du droit européen permettant l’application du taux réduit de TVA aux livres numériques dans la stratégie numérique pour l’Europe ».

« Le principe de neutralité technologique doit être clairement affirmé au niveau européen afin que l’innovation livre numérique ne soit pas compromis » (Fleur Pellerin)

Réforme. Lors de la présentation le 6 mai de la stratégie numérique de l’Europe, le président de la Commission européenne a annoncé son intention de traiter le problème que pose l'écart de taux de TVA entre le monde physique et le monde numérique pour la presse et le livre. Rejoignant la position notamment défendue par la France, il a précisé le 11 mai devant la fédération des éditeurs de presse allemands (BDVZ), qu’il souhaitait présenter en 2016 une réforme destinée à aligner les taux de TVA des livres électroniques et de la presse en ligne sur ceux des supports papier, les faisant passer de 20 % – régime actuellement en vigueur dans l’Union européenne – à respectivement 5,5 % et 2,1 %. « Nos règles doivent être technologiquement neutres », a assuré Jean-Claude Juncker, se ralliant au principal argument avancé par Fleur Pellerin. « Le principe de neutralité technologique doit être clairement affirmé au niveau européen afin que l’innovation et le développement du livre numérique ne soient pas compromis », avait revendiqué le 19 mars la ministre, ajoutant que « l’Europe doit s’appuyer sur les ressources numériques afin d’encourager l’accès au savoir et à la culture ainsi que la promotion de la diversité culturelle ».

TVA du livre numérique : les étapes vers un accord

1er janvier 2012 : après le vote de la loi de finances pour 2011, la France peut appliquer pour le livre numérique un taux de TVA réduit à 5,5 % ;

5 mars 2015 : un arrêt de la Cour de justice européenne juge « illégale » l'application du taux réduit de TVA sur le livre numérique par la France et le Luxembourg ;

5 mars 2015 : Michel Sapin et Fleur Pellerin indiquent que « la France prend acte de la décision de la Cour » mais appellent Bruxelles « à faire des propositions pour introduire dans le droit européen un principe de neutralité » ;

19 mars 2015 : « Qu’il soit imprimé ou dématérialisé, c’est le contenu qui fait le livre et non la manière par laquelle le lecteur y a accès », assurent les ministres de la culture français, allemand, italien et polonais dans une déclaration conjointe ;

31 mars 2015 : à l’issue d’un sommet franco-allemand, Fleur Pellerin et Heiko Maas, ministre de la Justice, détaillent 8 principes qu’ils défendront dans le cadre de la reforme du droit d'auteur engagée par Bruxelles, notamment « l'accès aux œuvres en tirant parti des ressources du numérique » ;

6 mai 2015 : présentation à Bruxelles des 16 initiatives de la stratégie européenne pour le marché unique numérique ; dans un communiqué, Fleur Pellerin appelle alors la Commission à « agir rapidement » ;

11 mai 2015 : le président de la Commission européenne annonce qu’il souhaite aligner en 2016 les taux de TVA du livre numérique et de la presse en ligne sur ceux des supports papier ; Fleur Pellerin salue « l’engagement clair » de Jean-Claude Juncker.