Le 5 décembre, Françoise Nyssen a remis leurs diplômes aux huit nouveaux Maîtres d’Art. Créé en 1994, ce dispositif vise à transmettre des savoir-faire d'exception dans le cadre de la relation entre un Maître d'art et un Élève. Retour sur une initiative unique en Europe.
Ils sont tailleur de cristal, luthier, lapidaire spécialisé dans les pierre de couleurs, facteur d'orgues, costumier, restaurateur de véhicule de collection, ébéniste ou encore facteur de flûtes. Leur point commun ? Ils viennent de recevoir le titre de Maître d’art, décerné par le ministère de la Culture à des hommes et des femmes de passion disposant de savoir-faire remarquables et rares. En plus d’apporter une reconnaissance bienvenue aux professions concernées – « ni artistes, ni techniciens, nous sommes enfin perçus comme des artisans d’art », déclare ainsi Hubert Haberbusch, l'un des membres de cette promotion 2017 – ce titre est le symbole d’un engagement.
Savoir-faire d'exception
Tout Maître d’Art a, en effet, le devoir de transmettre ses connaissances et son tour de main à un Élève. Un principe au cœur de la création par le ministère de la Culture, en 1994, du dispositif Maître d’art – Élève. Celui-ci est inspiré des "trésors nationaux vivants" japonais - ces individus qui, du fait de leurs niveaux élevés de maîtrise de compétences, sont distingués par le ministère de l’Éducation du Japon en tant que gardiens de biens culturels immatériels importants.
Le dispositif Maître d’art - Élève concerne des techniques spécifiques, qui ne peuvent être transmises qu’au sein d’un atelier et pour lesquelles il n’existe plus de formation adaptée. Pendant trois ans, les Maîtres d’art, nommés à vie, s’attachent à former un Élève de leur choix. La structure professionnelle qui accueille cette transmission reçoit une allocation annuelle du ministère de la Culture et bénéficie de l’appui pédagogique de l’Institut national des métiers d’art (INMA) qui, tout en veillant à la cohérence du programme pédagogique déployé, soutient le Maître d’art dans sa mission et conseille l’Élève dans ses choix professionnels.
Parcours des élèves
Bien que l’atelier du Maître d'art demeure le lieu privilégié de la transmission, la parcours de l’Élève se prolonge hors-les-murs et se déploie autour de multiples projets. Une attention toute particulière est portée au devenir de celui-ci, détenteur de l’avenir d’une pratique. En témoigne la mise en place, en 2017, dans le cadre de la désignation des Maîtres d'art, d’une nouvelle procédure de sélection, davantage axée sur l’avenir des Élèves et les réflexions que portent les binômes sur l'évolution de leurs métiers. Un soutien supplémentaire a en outre été développé, cette même année, par l’INMA et la Fondation Bettencourt-Schueller. La création de cette nouvelle aide, destinée aux Élèves, vise à favoriser l’épanouissement de projets pérennes, qu’il s’agisse du développement d’une activité économique ou de recherches techniques et esthétiques.
Les huit nouveaux Maîtres d'Art
> Franck Benito, tailleur de cristal, et son élève Allan Letecheur
> Alain Guéroult, ébéniste, et son élève Tristan Desforges
> Hubert Haberbusch, restaurateur de véhicules de collection, et son élève Isaak Rensing
> Yves Koenig, facteur d'orgue, et son élève Julien Marchal
> Judith Kraft, luthière, et son élève Mathieu Pradels
> Christine Leclerq, costumière, et son élève Marie-Pierre Bessac
> Jean-Yves Roosen, facteur de flûtes, et son élève Noémie Stadler
> Manuel Soirat, lapidaire de pierres de couleur, et son élève Quentin Aymard