Avec 9 récompenses à la foire du livre de Bologne, la littérature jeunesse hexagonale confirme qu’elle est, aussi bien au plan créatif qu’économique, l’un des fers de lance de l’édition française. A quelques mois de la foire du livre de Francfort, où la France est l’invité d’honneur en octobre prochain, Sylvie Vassalo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, évoque le dynamisme de ce « secteur innovant ».
Signe incontestable de sa bonne santé, la littérature jeunesse française bénéficie en 2017 d'une exposition exceptionnelle à l'international avec la Foire de Bologne, qui vient de se terminer, puis avec la foire du livre de Francfort du 11 au 15 octobre. Comment envisagez-vous ces deux événements ?
L’importance prise par l’édition et la création de jeunesse française dans le cadre de ces deux grands événements mondiaux (et marchés référents de l’édition internationale) offre l’occasion de mesurer la puissance de notre littérature de jeunesse, sa place stratégique pour l’édition en général.
En France, la littérature de jeunesse occupe une place de tout premier plan dans le secteur culturel du livre, aussi bien du point de vue artistique qu’économique. Elle participe fortement à la vitalité du secteur mais également au rayonnement de l’édition française à l’international. Nos créateurs et nos éditeurs sont renommés, récompensés par de grands prix internationaux, cette légitimation bénéficie d’une image de marque et d’une influence très positive à l’étranger. À titre d’exemple, l’édition jeunesse, qui assure 30% des cessions de droits de l’édition et 64% des coéditions, est leader dans les deux cas. La bande dessinée, qui publie aussi de nombreux titres jeunesse, représente, quant à elle, 14% des cessions de droit. Ces chiffres témoignent, de façon très concrète, de la reconnaissance de l’excellence de la création et de l’édition de jeunesse française à l’international.
C’est pourquoi nous nous réjouissons que le commissariat de « Francfort en français », sous la houlette de Paul de Sinety, ait choisi d’accorder autant de place à la littérature de jeunesse et plus particulièrement à la force de son illustration, dans le cadre de l’invitation de la France à la Foire de Francfort cet automne.
Quel est le bilan de la foire du livre de Bologne, auquel était présent le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil ?
À la dernière Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne, les auteurs, illustrateurs, livres français ont été, comme chaque année d’ailleurs, largement récompensés. Avec trois mentions pour la catégorie « non fiction », trois mentions également pour la première œuvre, le prix « Book and seeds » le prix de la « création digitale » pour l’adaptation numérique du Pop Up « Oh ! » de Louis Rigaud et Anouck Boisrobert publié chez Hélium et une mention pour la même catégorie, au total ce sont six éditeurs français qui se sont partagés 9 récompenses sur les 21 attribuées par le jury international. Une fois encore, présents sur le stand du BIEF, nous avons pu apprécier l’attractivité des éditeurs de jeunesse français et la vitalité de leurs échanges internationaux.
A Bologne, nous avons pu apprécier l’attractivité des éditeurs de jeunesse français et la vitalité de leurs échanges internationaux
La transition numérique et l'internationalisation du secteur de l’édition jeunesse sont des enjeux qui vous tiennent à cœur. Pour y répondre vous avez lancé en 2014 l'opération Transbook avec six partenaires européens. Où en est aujourd’hui ce projet ?
Que nous soyons à Bologne ou à Montreuil, nous nous attachons à valoriser la richesse et la grande diversité de l’édition de jeunesse, la créativité de ses auteurs et illustrateurs, sans lesquels il n’y aurait pas d’histoires mais également à contribuer aux débats interprofessionnels sur la chaine du livre et sur les enjeux de la lecture, notamment dans le secteur numérique. Cet intérêt pour le domaine des narrations digitales et la place qu’occupe cette question est au cœur de notre projet européen de coopération « Transbook ». Soutenu par le programme Europe Créative, ce programme a concouru à la création d’un réseau favorisant l’émergence d’œuvres de qualité mais aussi la valorisation et la mobilité des acteurs de la littérature jeunesse européenne.
Pour la Foire de Bologne, avec l’association Hamelin, partenaire italien du projet Transbook, nous avons réinstallé l’exposition « La Règle et le Jeu » créée pour notre propre Salon en décembre 2016. Nous avons également invité sept illustrateurs de notre programme européen de mobilité et mené trois symposiums au café digital de la Foire. À l’occasion de cet événement, nous avons également réuni nos six autres partenaires pour déterminer les prochaines étapes du projet et rencontrer de nouveaux partenaires potentiels pour le prochain projet européen que nous souhaitons déposer.
Auprès de l'Institut français, maître d'œuvre de la présence française à la Foire de Francfort, l'équipe du Salon est fortement impliquée dans la préparation de "Francfort en français". Quels types d'actions allez-vous privilégier ?
Nous travaillons effectivement, au sein du commissariat, à faire valoir l’originalité de la littérature de jeunesse pour cette invitation. Plusieurs axes sont à l’œuvre : la participation forte d’auteurs et d’illustrateurs, parmi les plus représentatifs de la créativité et de l’innovation de ce secteur, à l’ensemble du programme prévu (rencontres, conférences professionnelles…), mais aussi le déploiement, au Pavillon français, de différents dispositifs qui privilégient la découverte de cet art littéraire francophone, si singulier, dédié à la jeunesse.
Une grande exposition viendra mettre en valeur des points forts de notre édition, notamment en matière d’albums, à travers la création d’un abécédaire collectif. Un coup de projecteur sera également porté sur le savoir-faire unique du côté des livres objet avec une exposition de livres « extraordinaires » (Pop-up, 3D, leporello, etc.) ou encore sur les livres pour plus petits adaptés en séries télé. La littérature ado française sera elle aussi à l’honneur, avec la réalisation d’une web-série inédite avec 12 auteurs francophones parmi les plus talentueux.
En parallèle, nous travaillons avec les classes du lycée français pour permettre au jeune public allemand de profiter de cette Foire, de découvrir les œuvres et de rencontrer les créateurs, notamment en les conviant à modérer les rencontres qui seront organisées avec les auteurs de jeunesse invités.
Le livre et la lecture, une priorité publique
> Un an après l'instauration de la mesure, la ministre de la Culture et de la Communication s'est félicitée le 20 avril de la dynamique autour de l’ouverture des bibliothèques publiques sur des horaires étendus en soirée et le dimanche. En un an, ce sont plus de 20 collectivités qui ont décidé d’ouvrir plus largement leurs bibliothèques, parmi lesquelles Paris, Angers, Le Havre ou Vaulx-en-Velin. Comme il s’y était engagé, l’État les a soutenu et mobilisé plus de 700 000 euros pour l’ensemble des collectivités qui ont fait ce choix de la culture. En 2017, ce sont plus de 30 bibliothèques supplémentaires qui devraient ouvrir davantage au public, parmi lesquelles celles des villes de Caen, Lille, Bordeaux, Brest, Rouen, Marseille ou Strasbourg. Par ailleurs, 155 collectivités ont fait part de leur intention de rentrer dans le dispositif. "Avec l’extension de leurs horaires d’ouverture, y compris le dimanche, les services publics d’accès à la lecture s’adaptent au rythme de vie des Français", a assuré Audrey Azoulay.
> L’élargissement de l’accès à la culture passe aussi par l’organisation de rendez-vous publics et de grandes manifestations autour du livre. A cet égard, la ministre se félicite du succès de la première édition de la Nuit de la Lecture, le 14 janvier dernier. Elle a rassemblé près de 250 000 personnes dans les bibliothèques et les librairies de France, autour des auteurs, des professionnels et des amoureux du livre, pour des lectures en famille ou entre amis tard le soir et parfois toute la nuit.
> Enfin, la deuxième édition de « Partir en livres » organisée du 19 au 30 juillet prochains, l’événement-phare concernant le livre jeunesse lancé en 2015 par le ministère de la Culture et de la Communication, a toujours la même ambition : promouvoir la lecture auprès du jeune public. Cette manifestation nationale qui, selon Vincent Monadé, président du Centre national du livre, et organisateur, avec le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, de « Partir en livres », permet de «sortir les livres des lieux qui leur sont dédiés» pour leur redonner le statut «d’objets de plaisir», avait réuni en 2016 près de 500 000 personnes.