La Cinémathèque française fait sa rentrée le 4 septembre avec une rétrospective consacrée à Michel Piccoli. Un événement auquel participe Aurélie Filippetti.
Trois questions à Serge Toubiana, son directeur général.

Directeur général de la Cinémathèque française depuis 10 ans, vous attachez beaucoup d'importance à la notion de « maison »...

Oui, aujourd'hui, nous perpétuons la tradition insufflée par Henri Langlois : donner au public cinéphile la possibilité de voir des films du répertoire du cinéma mondial. Nous ouvrons aussi à d'autres publics, grâce aux expositions. Les plus récentes consacrées aux réalisateurs Jacques Demy et Tim Burton ont été de grands succès. Elles permettent d'ouvrir ce lieu de référence en maison du cinéma pour tous les publics. Nous invitons des acteurs et des actrices emblématiques du 7e art (Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Isabelle Huppert) des cinéastes, mais aussi des techniciens, des chefs opérateurs, des compositeurs de musique de films, comme récemment Michel Legrand, tous ceux qui incarnent par leur talent, le cinéma. C'est un lieu vivant.

Avec des défis?

Oui. Accroître la notoriété de la Cinémathèque française à l'international. Mais aussi faire connaître nos riches collections de ce qu'on appelle des « non-films » : affiches, costumes et décors. Autres défis : il faut résoudre leur problème de stockage et les numériser pour en faire bénéficier d'autres institutions de par le monde, et d’autres publics encore.

Michel Piccoli, à qui vous consacrez une rétrospective ne voulait pas, dites-vous, d'un hommage?

Il n'en voulait pas parce qu'il est un acteur modeste et curieux, jamais blasé, toujours en activité. Il est une figure majeure du cinéma français depuis six décennies. On reconnait Michel Piccoli à sa voix. C'est un acteur qu'on entend. À son physique aussi. Depuis son rôle dans Le Mépris de Jean-Luc Godard qui l'a propulsé comme un acteur incontournable à 38 ans, il incarne la séduction physique de l'homme mûr. Mais aussi une fragilité, que l'on voit chez Claude Sautet dans Les choses de la vie, avec Romy Schnieder ou encore dans Habemus Papam de Nanni Moretti. Il est comme un ogre et un enfant. Et un admirable acteur.