Pour favoriser l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques publiques, Fleur Pellerin a annoncé, le 2 novembre, plusieurs mesures, dont un accompagnement financier de l’État dès 2016.

Engagement. Dès 2016, les collectivités territoriales qui le souhaitent pourront bénéficier d’un soutien financier de l’État pour favoriser l’adaptation ou l’extension des heures d’ouverture de leurs bibliothèques publiques. Temps fort de la conférence de presse que Fleur Pellerin a tenue le 2 novembre lors de la remise du rapport de la sénatrice Sylvie Robert sur les horaires d’ouverture des bibliothèques, cette annonce a été rendue possible grâce à la réforme de la dotation générale de décentralisation : celle-ci, dotée de 80 millions d’euros, pourra donc prendre en charge en 2016 une partie des coûts supportés par les collectivités pour un projet d’extension d’ouverture, alors qu’elle ne peut financer aujourd’hui que des aides à l’investissement en faveur des bibliothèques.

« Ce service public ne pourra remplir pleinement sa mission que s’il est encore plus au service du public » (Fleur Pellerin)

Mesures. Outre cette mesure-phare, le rapport de Sylvie Robert présente dix-huit préconisations pour parvenir à adapter ou à étendre l’extension des horaires des bibliothèques, dont Fleur Pellerin a promis que « plusieurs d’entre elles pourraient être mises en œuvre rapidement ». Signalons-en trois :

> une réflexion sur la conception des médiathèques, notamment pour privilégier une architecture économe en coût de fonctionnement favorisant des plages d’ouverture plus étendues, sera encouragée, dans le prolongement de la stratégie nationale pour l’architecture. « Les collectivités territoriales qui engagent des initiatives de ce type seront soutenues par l’État » ;

> il faut développer les applications mobiles qui recensent les heures d’ouverture des bibliothèques à proximité, comme celle que teste la Bibliothèque publique d’information depuis 2014, et qui a été adoptée, depuis, par une vingtaine de bibliothèque d’Ile-de-France. « Mon ministère soutiendra les collectivités qui souhaitent s’en équiper » ;

> une coopération plus étroite entre les différentes catégories de bibliothèques – nationales, municipales et universitaires – permettant d’accroître les plages d’ouverture, en articulant mieux les politiques d’horaires sur un même territoire, sera promue. « Des projets, notamment numériques, renforçant cette coordination seront soutenus ».

Défis. Dans son rapport, Sylvie Robert révèle quelques précieuses données statistiques sur les horaires d’ouverture des bibliothèques. Ces équipements culturels sont ouverts en moyenne 14 heures par semaine ; il existe de fortes disparités en fonction de la taille de la ville dans laquelle elles sont situées, mais, même dans les plus grandes villes, les horaires d’ouverture moyens sont à peine supérieurs à 40 heures par semaine. Au vu de l’évolution des pratiques culturelles des Français, ce service public, l’un des plus remarquables du modèle culturel français – avec plus de 30 000 professionnels, les bibliothèques reçoivent chaque année 15 millions d’usagers, et jouent aujourd’hui un rôle culturel, mais aussi éducatif et social, de premier plan – « ne pourra remplir pleinement sa mission que s’il est encore plus au service du public », a relevé la ministre. Un défi à relever pour cet équipement de proximité emblématique, qui, pour Fleur Pellerin, « représente précisément ce que je veux mettre en œuvre pour rapprocher nos concitoyens de la culture : faire tomber les barrières de l’inhibition, effacer le sentiment d’illégitimité que ressentent ceux qui en sont les plus éloignés, embrasser la culture dans sa diversité ».

Une « Nuit des bibliothèques » pour mettre en valeur ces équipements culturels

Fleur Pellerin a salué l’initiative de la métropole de Lille qui organise avec succès une Nuit des bibliothèques depuis deux ans. Elle souhaite qu’une telle opération puisse être envisagée au plan national et va donc engager dans les semaines à venir le dialogue avec les associations de professionnels et les élus pour en préciser les modalités. « C’est une idée formidable pour mettre en valeur ces lieux si précieux », a-t-elle souligné.