Street artiste engagé, connu pour ses interventions "coup de poing" et ses collages dans Paris après les attentats de novembre, Combo, qui signe cette année l’affiche de la 35e Fête de la musique, évoque l’ "esprit de rue" qui anime une culture vivante et partagée. Un véritable plaidoyer pour l'art dans l'espace public.
Comment avez-vous imaginé cette affiche ?
Je voulais rendre palpable l’idée de la diversité, montrer que la Fête de la musique ce n’est pas une, mais des milliers de personnes qui viennent célébrer l’événement, chacune à sa manière, avec son instrument, son style… En même temps, les deux figures qu’on voit sur l’affiche – l’une masculine, l’autre féminine – sont de vrais chanteurs, ce ne sont pas des personnes inventées. Les gens peuvent donc s’imaginer être à leur place, peut-être même reconnaître un visage familier, cela donne un côté un peu plus chaleureux, plus humain à l’image. J’ai eu enfin la volonté de mettre en lumière ceux qui agissent, réalisent de belles choses, cela permet encore une fois de se projeter, de voir des choses positives. Le choix des couleurs, n’y est pas non plus indifférent.
Dans la rue, nous parlons d’emblée à tout le monde ! la Fête de la musique, c'est un événement populaire, au sens le plus noble du terme
Votre travail, comme celui d’autres artistes de votre génération, n’est pas sans rappeler celui de Robert Combas ou d’Hervé di Rosa.
Nous assumons clairement cette filiation. La figuration nous correspond, c’est profondément ce que nous aimons faire. D’ailleurs, je suis très heureux de ce retour en force du mouvement figuratif, on est très loin de l’abstraction, de l’art contemporain froid.
Le street artiste qui pratique son art dans la rue est engagé, le musicien qui joue dans l’espace public l’est aussi, et peut-être plus encore cette année avec une édition de la Fête de la musique placée sous le thème de « La musique plus forte que… »
Oui, l’un et l’autre sont sans filet, le musicien n’est pas dans les conditions de l’enregistrement, c’est moins confortable, au départ, il peut être décontenancé, mais il doit continuer, faire comme si de rien n’était, les gens qui pratiquent la musique, le théâtre et le street art ont ce même esprit de rue. Dans la rue, qui plus est, nous parlons d’emblée à tout le monde, c’est le contraire d’une musique sélective, qui ne va s’adresser qu’à une partie seulement de la population, la Fête de la musique est un événement populaire, au sens le plus noble du terme.
Dans l’espace public, vous invitez les gens à s’approprier vos œuvres. En revanche, l’affiche de la Fête de la musique est quant à elle donnée une fois pour toutes...
Dans le street art, la dimension participative est recherchée, on veut que les gens s’arrêtent dans un coin de rue, une embrasure… les affiches, quant à elles, sont déjà placardées, situées à des endroits bien précis, la difficulté est moindre. Pour la Fête de la musique, j’ai donc fait le choix de faire passer le message de la façon la plus directe et la plus simple possible. C’est peut-être plus facile, mais c’est aussi très plaisant.
De manière plus personnelle, est-ce qu’un événement comme la Fête de la musique a compté dans votre trajectoire d’artiste, quel spectateur de la Fête de la musique êtes-vous ?
Mon premier souvenir de la Fête de la musique date de mes premières sorties alors que je vivais à Nice. Nous nous sommes retrouvés dans une rue bondée du vieux Nice, quelqu’un avait mis de la musique sur son balcon, c’était impressionnant de voir comment les gens tout à coup s’appropriaient l’espace, cela m’a beaucoup plu. Cette manière de reprendre l’espace public en main caractérise notre peinture.
La Fête de la musique est un événement international, vous-même êtes un artiste sans frontière…
Si je me suis lancé dans ce projet, c’est bien sûr aussi pour cette raison… la Fête de la musique non seulement dépasse les frontières, mais fédère l’espace d’une journée le pays entier, que l’on soit à Paris, dans une ville ou dans un village.
Récemment l’Institut du monde arabe a accueilli votre travail avec l’exposition « Coexist »
C’était plus qu’un symbole : faire un an après les attentats une exposition qui rend hommage aux grandes marches républicaines de janvier 2015, prône la tolérance et la paix entre les religions à l’Institut du monde arabe, ce n’est pas la même chose que de la faire au Palais de Tokyo ou au Centre Pompidou. La résonance est beaucoup plus forte, cela donnait plus de corps encore au message.
Si votre travail est avant tout visible dans l’espace public, cela n’empêche donc nullement qu’il soit montré à un moment donné dans un musée
Non, ce n’est absolument pas un problème, on fait de la peinture et du dessin avant tout, nous sommes des artistes tout-terrain d’une certaine manière. Si les murs sont effacés, nous n’y sommes pour rien, l’art que l’on pratique est éphémère, nous aimerions qu’il soit visible plus longtemps. Parfois, nous changeons de medium et nous travaillons soit à l’identique soit en tenant compte des intérêts et des niveaux de lecture propres aux musées.
Quand la Fête de la musique investit le ministère de la Culture et de la Communication
A l’occasion du 35e anniversaire de la Fête de la Musique, Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, a souhaité que le siège historique du ministère soit transformé en véritable scène ouverte au plus grand nombre, artistes comme publics, pour célébrer la musique pendant une semaine de fête du dimanche 19 au vendredi 24 juin.
Dimanche 19 juin
- 14h / 15h : « Les siestes acoustiques » de Bastien Lallemant, concert pour public endormi dans la semi-obscurité avec des artistes invités.
- 17h / 18h : Virginie Capizzi, « Drôles de Zanimaux », spectacle jazz pour le jeune public (à partir de 4 ans) en intérieur.
Lundi 20 juin
- 19h30 / 21h : Jeanne Cherhal, concert issu de la tournée actuelle En solo où l’artiste offre un moment d’intimité et d’intensité seule sur scène avec son piano.
Mardi 21 juin
- 18h / 18h30 : Marvin Jouno, le chanteur-compositeur, présente sur la scène du Palais-Royal son premier album pop intime, Intérieur nuit.
- 18h50 / 19h40 : Raphaële Lannadère - L -, auteure-compositrice-interprète, révèle le texte avec une musique teintée de rock, de pop et d’électro.
- 20h / 21h : Concert surprise ! Un/une artiste phare de la scène rock indé française viendra présenter son 1er album
Mercredi 22 juin
Scène du Palais-Royal
- 14h / 14h30 : Maîtrise de Radio France Paris-Bondy, les 41 élèves de CM1 et CM2 dirigés par Morgan Jourdain et accompagnés au piano par Bruno Perbost, interpréteront Le Cirque volant de Jean Absi (en français) et Peter Pan de Leonard Bernstein (en anglais).
- 17h30 / 18h15 : Lucienne Renaudin Vary, jeune trompettiste française de 17 ans récemment lauréate de la Victoire de la Musique de la révélation soliste instrumentale, se produira en quartet autour d’un programme jazz.
Salon des Maréchaux – ministère de la Culture et de la Communication
- 15h / 15h30 : Les Primeurs à l’école, restitution du projet de sensibilisation aux esthétiques des musiques actuelles de 30 élèves d’une école primaire de Massy, initié par les DUNIstes, musiciens intervenant en milieu scolaire, porté par la Scène de musiques actuelles Paul B en partenariat avec le conservatoire et en lien avec le festival des « Primeurs de Massy ».
- 18h30 / 19h15 : Le Quatuor Hermès (Omer Bouchez et Elise Liu – violons -, Yung-Hsin Chang – alto - et Anthony Kondo – violoncelle) interprète le premier mouvement de la « Petite musique de nuit » de Mozart et « Quatuor Américain » de Dvorak.
- 20h15 / 21h30 : Bachar Mar-Khalifé, chanteur-compositeur franco-libanais, interprétera en solo notamment son troisième album, Ya Balad, sorti en 2015.
Jeudi 23 juin
- 19h30 / 20h45 : Le Camille Bertault Quartet interprète son premier album En vie, assemblage de ses textes, arrangements et compositions, sorti en avril 2016.
Vendredi 24 juin
- 19h30 / 20h45 : ALA.NI, auteure-compositrice-interprète anglaise, clôture la programmation de la Fête de la Musique au Palais Royal avec son premier album You and I, sorti en janvier 2016.