Enseignement supérieur culture : les nouveautés de la rentrée (1/2)

« Un doctorat en création artistique pour questionner sa propre démarche »

Alain Fleischer, directeur du Fresnoy, Studio national des arts contemporains (Tourcoing)

« Si le projet pédagogique du Fresnoy est fondé sur le passage à l'acte, il est aussi d'articuler une activité spéculative intense à la production artistique. Cette année, nous testons un doctorat en création artistique pour les étudiants qui souhaitent questionner leur propre démarche.Ce cycle d'études doctorales qui complète le cursus pédagogique habituel du Fresnoy (ateliers de production et activités spéculatives) a immédiatement intéressé certains étudiants parmi les meilleurs du Fresnoy, désireux d'adosser leur démarche de créateurs à un discours structuré. Il s'inspire du doctorat en pratiques artistiques existant à l'Université du Québec, à Montréal, notre partenaire historique. Le protocole que nous avons signé permet aux étudiants de conduire un travail de doctorat co-piloté par les deux institutions. Il s'agit d'une formation théorique et méthodologique qui conduit, simultanément, à la création d'une oeuvre et à une thèse brève. Les premiers résultats s'annoncent brillants : Isabelle Prim – avec pour co-directeur français Georges Didi-Huberman – et Dorothée Smith – guidée par Bernard Stiegler – sont maintenant proches de la soutenance. 2015 devrait donc marquer l'accès au titre de docteur en création artistique de deux jeunes artistes issues du Fesnoy. Un troisième, Joachim Olender, est engagé dans une démarche semblable à l'Université de Paris VIII... ».

Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains (Nord-Pas-de-Calais)
 

« L'une des richesses de l'école est de croiser les disciplines »

Marc Partouche, nouveau directeur de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Paris)

« Dans le souhait de toujours mieux accueillir les élèves de première année, ceux-ci rentrent dès le 22 septembre, une semaine avant les autres étudiants, pour découvrir l’École et bénéficieront dès la rentrée d'un "passeport technique" leur permettant d'accéder aux ressources des ateliers. L'une des richesses de l’École est de croiser les disciplines. L'année 2014-15 soulignera cette volonté avec l'organisation de workshops inter-secteurs, en design graphique et image imprimée, en design vêtement et scénographie avec les Compagnons du Devoir... Dans le champ théorique, le cycle de conférences "Façonner l'avenir", développé dans le cadre de la Chaire Innovation & Savoir-Faire, sera élargi à deux secteurs, Design textile et matière et Design objet. En complément de nos enseignants réguliers, nous ferons appel à des "artistes ou designers invités", comme Sébastien Gouju, Pierre Favresse, Pierre di Sciullo, Theodore Ustev... A l'international, l’École renforcera son partenariat avec l'Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin via deux workshops croisés. Enfin, elle organisera et participera à de nombreux colloques comme "Design graphique, les formes de l'histoire", les 27 et 28 novembre 2014, coproduit dans le cadre de "Graphisme en France" avec le CNAP, le Centre Pompidou et l'Université Paris VIII ».

Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) (Paris) 
 

«Rester au plus près des évolutions des pratiques artistiques »

Laurence Martin-Cambreleng, directrice des études à l'Ecole nationale supérieure de la photographie d'Arles

« Je signalerai tout d'abord le recrutement de deux jeunes enseignants-artistes – Nicolas Giraud, artiste utilisant la photographie, et Caroline Bernard, artiste en création numérique. Avec ces deux nouveaux recrutements, l'Ensp fait le pari de la jeunesse afin de rester au plus près des évolutions des pratiques artistiques liées au médium photographique et aux nouveaux médias. Un troisième enseignant, théoricien, Fabien Vallos, rejoint également l'équipe pédagogique pour y développer les activités de recherche. Par ailleurs, plusieurs événements marquent cette rentrée. Pour la première fois, une exposition collective consacrée aux diplômés 2014, sous le commissariat d'Anne Cartier-Bresson, "Mixed Border", a lieu jusqu'au 26 octobre à La Friche Belle de Mai à Marseille  A partir du 17 septembre, l'exposition "Territoires d'ici et d'ailleurs /Inside Outside Territory" présentera à l'Institut français des Pays Bas à Amsterdam une sélection des oeuvres de six diplômés de ces trois dernières années. Nous accueillerons également en résidence artistique le photographe Jürgen Nefzger et, pour la première fois en France, Geoffrey Batchen dans le cadre d'un séminaire de recherche co-organisé avec l'Institut national du patrimoine ».

Ensp – Ecole nationale supérieure de la photographie d'Arles

« Un nouveau diplôme Ina-ingénierie sonore »

Sylvie Demet, responsable enseignement supérieur 1er cycle à Ina SUP, Ecole nationale supérieure de l'audiovisuel et du numérique (Bry-sur-Marne)

« L'Ina jouit d'une notoriété historique dans le domaine du son, et aussi dans le domaine des formations au son. L’option « Métiers du son » du BTS Métiers de l’audiovisuel, par exemple, connaît un grand succès chez nos étudiants. Pour aller plus loin encore, l'Ina propose une formation d’excellence à sortie Bac +3, en créant le diplôme « Ingéniérie sonore ». Le 29 septembre, les douze premiers étudiants feront leur entrée dans ce nouveau cursus. Il s'agit d'un diplôme professionnalisant préparé en alternance, car ce choix pédagogique fort assure aux étudiants à la fois un diplôme et une expérience professionnelle, fort appréciée au moment de la recherche du premier emploi. C’est ainsi que des sociétés telles que AMP-TV, Silence, Lobster, Dushow, etc. ont - dès à présent ! - embauché en contrat de professionnalisation nos premiers étudiants, sélectionnés en juin. Cette rentrée voit aussi la mise en place d’un espace numérique de travail qui donne de nouveaux rebondissements aux enseignements, outils pédagogiques, évaluation, supports de cours et de veille. Les élèves vont débattre sur un forum, répondre à des quizz (en relation avec un cours) sur une plate-forme... Avec ce nouvel espace virtuel, nous entrons dans l’ère du « blended learning », qui associe les enseignements sur place et à distance… ».

Ina SUP - Ecole nationale supérieure de l'audiovisuel et du numérique (Bry-sur-Marne)
 

« Favoriser les contacts avec les étudiants d'autres horizons artistiques »

Marc Nicolas, directeur de la Fémis, Ecole nationale supérieure des métiers de l'image et du son (Paris)

« Parmi les nombreuses nouveautés dont profitent nos programmes et cursus d'études, je citerai les ateliers Interpromos qui seront conduits avec l’ensemble des élèves des trois années du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. L’idée est née du désir partagé avec la nouvelle direction du Conservatoire de renforcer notre collaboration et les contacts entre les étudiants des deux écoles. Dans le même esprit de transversalité, de nouvelles initiatives de coopération seront étudiées dans l’année à venir avec les autres écoles d’art parisiennes : Beaux-Arts, Arts Déco, Conservatoire de musique. Elles correspondent au souhait des cinq écoles de développer leurs liens en élargissant l’objet de l’association «Art et recherche» créée il y a deux ans pour la mise en œuvre d'un doctorat pluridisciplinaire ». Dans un autre domaine, je citerai l'entrée en vigueur de nouvelles coopérations internationales. Par exemple, l'accord d’échange inédit conclu avec l’école nationale chinoise, Beijing Film Academy. Celui-ci concernera le département «réalisation» : deux étudiants de 3e année se rendront en Chine pour réaliser un documentaire, pendant que deux autres seront à là Buenos Aires et deux à Los Angeles. D'autres accords ont été conclus avec l’Ecole d’art et de cinéma de Lausanne et celle de Corée du Sud. Du côté technique aussi, nos étudiants seront gâtés : création de deux salles de montage supplémentaires (soit trente au total) et, dans les semaines qui suivent la rentrée, l’espace son sera entièrement rénové. Je signale enfin le début d'une intéressante activité de recherche, avec des programmes dans le domaine des sciences sociales, de l’esthétique, de la création et de la technique, la plupart conduits en partenariat avec des universités, des entreprises de notre secteur et des centres de recherche ».

Fémis – Ecole nationale supérieure des métiers de l'image et du son (Paris)
 

« Un doctorat en formation continue entre l'Inp et la Sorbonne »

Eric Gross, directeur de l'Institut national du patrimoine

« Un partenariat inédit entre l'Institut national du patrimoine (Inp) et l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, va permettre aux futurs conservateurs du patrimoine que nous formons, d'avoir accès au doctorat par la formation continue. Conformément à la convention cadre signée le 18 juillet, nos étudiants sont désormais admis à poursuivre un parcours doctoral en archéologie, histoire ou histoire de l'art. Ils bénéficient d'un parcours aménagé qui prend en compte les acquis de leur scolarité à l’Inp. Cette dynamique, qui s’inscrit pleinement dans les coopérations nouvelles tissées au sein d’HeSam université (Hautes études Sorbonne Arts et Métiers), permettra d’affirmer la valeur scientifique des parcours professionnels français et de renforcer les relations entre le monde des musées et celui de l’Université. Elle contribuera aussi à remplir l’objectif de favoriser la présence de docteurs dans la haute fonction publique, conformément à l’esprit de la loi du 22 juillet 2013 sur l’enseignement supérieur et la recherche ».

Inp - Institut national du patrimoine (Paris)