Alors que le déconfinement entre aujourd’hui dans une nouvelle phase, nous revenons sur la réouverture de certains lieux de culture. Premier volet de notre enquête : les musées de proximité (1/3).

Ils sont parmi les premiers lieux de culture à avoir retrouvé des visiteurs. Depuis le 11 mai – date du début du déconfinement – les musées de proximité sont, avec les librairies, disquaires, galeries d’art, sites ou monuments, autorisés à reprendre leur activité sous réserve, bien entendu, de respecter des règles sanitaires strictes.

Pour savoir comment s’était passée cette réouverture, nous avons interrogé les directeurs de six musées de proximité. Du musée Fenaille, à Rodez, à la maison de Tante Léonie, à Illiers-Combray, en passant par les musées Matisse de Cateau-Cambrésis et de Nice, la Cité internationale de la tapisserie, à Aubusson, le musée-abbaye de Sainte-Croix, aux Sables d’Olonne, et la Fondation Giacometti, à Paris, c’est un véritable tour de France de l'offre des musées que nous avons réalisé.

Principal enseignement : la force – et la variété – exceptionnelle des propositions, collections ou points de vue originaux de ces lieux, souvent situés en zone rurale ou dans des villes moyennes. Une exigence et une qualité parfaitement complémentaires avec celles de ces poids lourds que sont les grands musées – le musée du Louvre, celui d’Orsay, les collections du musée national d’art moderne au Centre Pompidou, pour ne citer qu’eux – qui vont rouvrir plus tard.

La Maison de Tante Léonie : accompagner les amoureux de Marcel Proust

Proust - Tante Léonie

Lieu des vacances d’enfance de Marcel Proust, source majeure d’inspiration de son œuvre, la Maison de Tante Léonie, à Illiers-Combray en Eure-et-Loir, est un véritable Graal pour tout admirateur de l’auteur d’A la recherche du temps perdu. « Bien sûr, il y a la figure de Proust, mais cette maison, en plus, a beaucoup de charme », assure Jérôme Bastianelli, président de la Société des amis des Marcel Proust, propriétaire du musée labellisé « Maison des illustres » par le ministère de la Culture. « Une partie de nos visiteurs vient aussi pour voir ce qu’était une maison de ville d’une famille bourgeoise du XIXe siècle avec du mobilier d’époque ». À l’heure où les musées, progressivement, rouvrent leurs portes, la Maison de Tante Léonie a été l’une des premières à ouvrir le bal, accueillant ses premiers visiteurs dès le 15 mai. « On partait d’une base de volontariat et d’enthousiasme de la part de l’équipe. Le musée est petit, et nous avons pu prévoir des mesures relativement souples, presque de bon sens, sur des questions de limitation de jauge, de port du masque, et de gel hydro-alcoolique ».

On sentait que les gens avaient cette appétence, cette envie de faire autre chose, de reprendre une vie culturelle ou d’aller à la rencontre de choses qu’ils ne connaissent pas

Le bilan est positif : « Le premier vendredi, nous avons eu un visiteur dès l’ouverture. Le lendemain, le musée, soutenu par la direction régionale des affaires culturelles Centre-Val-de-Loire, a reçu une vingtaine de visiteurs, ce qui représente 40% d’une fréquentation normale. Puis, la visite de l’animateur de télévision Stéphane Bern, qui était accompagné d’élus locaux, a constitué un vrai coup de pouce. Le lendemain, on a eu plus de 80 personnes ». Des visiteurs essentiellement locaux du fait de la règle des 100 km mais aussi « quelques visiteurs venant du sud-ouest de la région parisienne voire de Paris », ajoute Jérôme Bastianelli. « Il est probable qu’il y ait eu un peu de tourisme d’opportunité, mais de nombreux visiteurs sont repartis avec un livre. C’était vraiment très émouvant. On sentait que les gens avaient cette appétence, cette envie de faire autre chose, de reprendre une vie culturelle ou d’aller à la rencontre de choses qu’ils ne connaissent pas ». Le musée a par ailleurs décidé d’appliquer le tarif réduit à tout le monde et la gratuité aux habitants de la communauté de communes. « On voulait qu’il y ait quelque chose de joyeux dans cette ouverture. Le fait que tout se soit très bien passé nous a donné raison a posteriori ».

Reste la question du tourisme qui peut doper l’économie locale. « Les commerçants d’Illiers-Combray constatent déjà les premières retombées, mais ce rôle moteur du tourisme culturel ne reprendra pleinement que quand les restaurants, les cafés, les hôtels auront rouvert. Lorsqu’on passe la journée à Illiers-Combray pour découvrir la Maison de Tante Léonie, l’église et le parc, généralement, on s’arrête déjeuner quelque part », conclut Jérôme Bastianelli. 

La Fondation Giacometti répond présent au moment où la société redémarre

Atelier Giacometti

Mise en place d’une charte engageant les visiteurs à observer rigoureusement les mesures sanitaires, réservations en ligne, accès accordé à huit personnes maximum sur des créneaux de vingt minutes, ouverture hebdomadaire pendant quatre jours… Si la Fondation Giacometti n’a pas lésiné sur les moyens à mettre en œuvre pour sa réouverture, c’est que son statut original – outre ses activités de recherche et de résidences d'artistes, elle présente, dans le cadre exceptionnel mais à la jauge restreinte d’un ancien atelier d’artiste, situé dans le quartier parisien de Montparnasse, des expositions passionnantes sur l'un des artistes phares du XXe siècle : Alberto Giacometti – impose des conditions spécifiques d’accueil du public. « Grâce à notre système de réservation en ligne et une philosophie consistant à limiter le nombre de visiteurs, nous savions qu’il était possible d’accueillir le public rapidement », explique Catherine Grenier, la directrice de l’institution. Résultat : la Fondation Giacometti a rouvert ses portes le 15 mai, soit quatre jours seulement après l'annonce officielle du gouvernement.

L’art a un rôle essentiel à jouer dans la collectivité mais aussi dans nos vies individuelles, particulièrement dans les moments difficiles

A ces circonstances favorables s'ajoute une conviction sans faille : l’art a un rôle prépondérant à jouer dans la société. « Il est particulièrement important que la culture réponde présent au moment où la société redémarre », estime Catherine Grenier, en rappelant « le rôle essentiel que joue l'art dans la collectivité mais aussi dans nos vies individuelles, particulièrement dans les moments difficiles ». La directrice prend également en compte l'écosystème « très riche et varié, mais aussi très précaire », qui gravite autour du musée : « Nous faisons travailler tout un petit monde de restaurateurs, régisseurs, gardiens de musées, collaborateurs des catalogues... ». L'engagement de la Fondation Giacometti se traduit enfin par une politique tarifaire exceptionnelle : l'accès est en ce moment gratuit pour les moins de 18 ans et l'ensemble des étudiants : « Les jeunes ont beaucoup souffert, et souffrent encore, du confinement, que ce soit sur le plan social ou financier ».

Le bilan est incontestablement positif pour la Fondation Giacometti. « On nous avait mis en garde avant la réouverture : le public ne sera pas – ou peu – au rendez-vous. Mais c'est loin d'être le cas : le jour même où nous avons relancé les réservations, on affichait complet pour les deux semaines suivantes ! », se réjouit Catherine Grenier. Elle explique cet engouement par le fait que « le public a envie de retrouver le contact avec les œuvres, il a aussi besoin de retrouver des espaces socialisés ». De plus, cette reprise d'activité semble avoir attiré de nouveaux publics. « Nous avons vu arriver beaucoup de visiteurs qui n'étaient jamais venus ou qui habitaient dans le quartier, ainsi qu'un certain nombre de familles. C'est une très bonne surprise, les gens sont heureux », estime Catherine Grenier. Comme ce visiteur – l’un des premiers à se rendre à la Fondation après le déconfinement – qui, avouait-il, n’était pas un « habitué des musées » en temps normal. « Après cette période, expliquait-il, j'avais envie de voir quelque chose qui ne me fasse pas penser au coronavirus, quelque chose de nouveau ». Est-il plus belle définition des pouvoirs de l’art ?

Musées Matisse au Cateau-Cambrésis et à Nice, mettre en lumière une œuvre qui soigne

Matisse Cateau

C'est l'un des plus grands artistes du XXe siècle. Henri Matisse est célébré au nord et au sud de l’Hexagone par les musées éponymes du Cateau-Cambrésis et de Nice, dont chacun possède parmi les collections les plus riches consacrées à son œuvre. Deux musées qui, en anticipant les mesures qui allaient devoir être mises en place, et même, pour le premier, en faisant appel à l’industrie textile locale pour la confection de masques, ont pu très vite rouvrir.

« Le premier samedi, nous avons eu jusqu’à 60 personnes, et parmi elles une majorité de visiteurs venant de la zone des 100 km et des grandes villes, de Lille notamment, des gens qui avaient envie de se déconfiner d’un environnement urbain », se félicite Patrick Deparpe, directeur du Musée Matisse du Cateau-Cambrésis. « Cela a été très riche d’enseignements, poursuit-il. Le public virtuel que l’on a eu pendant le confinement s’est transformé en public réel. Cela prouve l’importance des nouvelles technologies et des réseaux sociaux dans la médiation et dans la communication auprès de ces publics ».  Conséquence : le musée, aujourd’hui occupé à régler les derniers détails autour de l’exposition « Tout va bien Monsieur Matisse » qui aurait dû commencer en mai, compte notamment utiliser les nouvelles technologies pour promouvoir une autre approche des expositions.

Utiliser les nouvelles technologies pour promouvoir une autre approche des expositions

« Il y a à la fois l’idée de faire des expositions virtuelles mais aussi un questionnement autour du rôle de l’exposition temporaire dans la vie du musée avec la volonté de la recentrer et de mieux l’intégrer à la gestion de nos collections permanentes ». Pour l’heure, Patrice Deparpe est encore tout à la satisfaction de cette réouverture où s’est manifestée « l’entraide » entre les musées du département du Nord, et s’est exprimée de la plus éloquente des façons « l’attachement de l’équipe du musée à son équipement et à sa collection ».

Matisse Métamorphoses, à Nice

« Quelques jours avant l’ouverture, l’équipe a mis les bouchées triples », assure Claudine Grammont, directrice du musée Matisse de Nice. Avec une priorité : la réouverture de l’exposition « Matisse Métamorphoses » consacrée à la sculpture qui venait d’être inaugurée quand le confinement a commencé. « De manière à respecter la distanciation dans un parcours se déroulant dans un bâtiment ancien [le musée Matisse est installé dans la Villa des Arènes, une villa génoise du XVIIe siècle (NDLR)] la jauge maximale est de 50 personnes par heure ».

L’œuvre de Matisse délivre un message qui emporte, c’est une œuvre qui nous soigne, qui nous fait du bien pour reprendre notre vie normale

« Les visiteurs viennent surtout pour l’exposition et ressortent heureux parce qu’ils l’ont vue dans des conditions qui se rapprochent de la visite privée », se félicite Claudine Grammont qui a hâte, toutefois, que le musée retrouve « sa vraie vie ». « Nous allons bientôt reprendre les ateliers et j’en suis très contente. Je pense notamment aux enfants. Nous avons demandé à notre équipe de médiation de renouveler le programme autour de la sculpture. Pendant l’été, nous allons également proposer des visites en famille et des visites guidées ». Un pronostic quant au public qui va venir dans les prochaines semaines ? « Nous avons d’ores et déjà aujourd’hui un public différent. Cet été, je pense que nous devrions avoir beaucoup de gens qui, avant, ne venaient pas forcément à Nice ou sur la Côte d’Azur ». L’ambition, quoi qu’il en soit, est la même pour tous : « que l’expérience visuelle de la rencontre avec l’œuvre soit la plus réussie possible ». Une œuvre qui, en l’occurrence, s’y prête particulièrement bien : « Dans le contexte actuel, l’œuvre de Matisse délivre un message qui emporte, c’est une œuvre qui nous soigne, qui nous fait du bien pour reprendre notre vie normale ».

Musée Fenaille de Rodez, articuler les collections et le numérique

archélogie - musée Fenaille

Dans un contexte où tout l’y poussait, en particulier la volonté exprimée par les élus locaux et municipaux, le musée Fenaille à Rodez, célèbre en particulier pour sa collection unique de statues-menhirs, a lui aussi préparé sa réouverture bien en amont. « Nous avons très tôt réfléchi au protocole à mettre en place. J’ai ainsi par exemple rapidement rencontré les entreprises qui nous ont aidés à fermer les bornes d’accueil avec des systèmes de plexiglas », indique son directeur Aurélien Pierre.

Proposer des formes nouvelles pour accompagner le visiteur autant qu’à l’ouvrir à l’imaginaire

Pour ce qui est de l’accueil du public, le bilan est cependant aujourd’hui en demi-teinte : « La fréquentation n’a rien à voir avec celle que l’on observe habituellement, même si la réouverture, juste après nous, du musée Soulages, avec lequel nous avons un billet couplé, a réveillé les visiteurs », reconnaît Aurélien Pierre. D’où la question : « Le public est-il disposé aujourd’hui à revenir dans les musées ? » Selon, lui, pendant le confinement, des habitudes ont été prises et « avec le succès qu’ont connues les pratiques numériques, une majorité de français restent aujourd’hui dans le confinement ». D’où la nécessité de faire un travail de fond pour ramener ces publics. « Je suis un fréquent défenseur de la fréquentation des œuvres, mais la question aujourd’hui, c’est comment articuler le numérique avec le musée et ses collections, comment amener le visiteur à passer de l’un à l’autre ».

Jeux concours « qui ont bien fonctionné, en particulier, avec les établissements scolaires », travail de création autour de la Dame de Saint-Cernin, une des statues menhirs les plus connues de la collection invitant « chacun à utiliser ce qu’il avait sous la main, des ustensiles de cuisine, des choses récupérées dans la nature, etc…, puis à reconstituer cette statue menhir », tutoriels et vidéos sur les collections et les ateliers… le directeur du musée Fenaille égrène les initiatives qui ont été prises pendant le confinement. « Nous avons observé comment de nouvelles interactions pouvaient se créer avec ces visiteurs potentiels. Nous allons nous réorganiser pour donner plus de place au numérique dans nos métiers. Nous avons signé un partenariat en vue de proposer une plateforme sur nos collections mais aussi de réfléchir à un système de visite virtuelle pour des personnes à distance, notamment les publics empêchés ». Et en tout premier lieu, celui des Ephad avec lequel le musée a été en contact étroit pendant le confinement, notamment à travers une première livraison d’ouvrages et un projet à venir d’ateliers clé en main.

Pour l’heure, l’équipe du musée est mobilisée autour de la question de l’accueil des visiteurs cet été. Elle projette notamment de faire de la diffusion sonore dans les salles avec des petites créations originales commandées à des artistes – « cela permettra d’avoir une médiation un peu différente autour des collections » – et plus largement d’émailler le parcours de visite de pastilles sonores en s’appuyant pour l’enregistrement « sur les artistes du territoire en difficulté du fait de la situation ». Des formes nouvelles « destinées à accompagner le visiteur autant qu’à l’ouvrir à l’imaginaire ».

La Cité internationale de la tapisserie, à Aubusson, mise sur l’alliance de la création et du patrimoine

Aubusson - tapisserie

Dès le 11 mai, la Cité internationale de la tapisserie, à Aubusson dans la Creuse, étaient dans les starting-blocks, fin prête pour une réouverture au public. « Tout était en place, confirme Bruno Ythier, conservateur en chef du patrimoine à Aubusson, le gel et les lingettes étaient à disposition, le marquage au sol avait été tracé, les tâches de chacun étaient définies. Il ne restait plus qu’à attendre les autorisations administratives requises ». Un délai nécessaire qui a sans doute semblé long aux équipes de la Cité, particulièrement impatientes de rouvrir au public après deux mois d’absence. « Lorsqu'on s’investit avec passion dans son travail, voir l'une de ses missions fondamentale – permettre au grand public d'accéder aux œuvres – disparaître totalement n'a rien d'évident », souligne Bruno Ythier.

Dans ce contexte d'hyper-ruralité, la Cité internationale de la tapisserie est un emblème de la ville d'Aubusson et de ses environs

Autant dire que la réouverture de la Cité, qui a eu lieu le 20 mai, a été vécue comme une libération par ses équipes. D’abord, parce qu’elle permet une reprise de ses principales activités. A commencer par les expositions de tapisseries contemporaines – au premier chef desquelles on trouve un formidable projet au long cours autour de Tolkien, l’auteur du Seigneur des anneaux, mais aussi la présentation, jusqu’au 31 août, de l’installation monumentale de l’artiste plasticienne Delphine Ciavaldini, Les Horizons perdus, réalisée dans le cadre de son projet de création contemporaine – mais aussi un nouvel accrochage de ses splendides collections permanentes de tapisseries d’Aubusson, du XVe siècle à nos jours. Ensuite, parce qu’elle permet d'envoyer un signal fort à l'échelle du territoire : « La Cité est un emblème de la ville d'Aubusson et de ses environs. Dans ce contexte d'hyper-ruralité, rouvrir c'est montrer que le déconfinement n'est pas qu’un simple mot et que l'activité est bel et bien en train de reprendre », souligne le conservateur.

La réouverture du musée est bien perçue par le public, ce qui est, de l'aveu de Bruno Ythier, « valorisant », mais la véritable inconnue concerne la date de reprise de la vie touristique du territoire. « Les visiteurs sont aujourd'hui au rendez-vous, mais la Cité demeure peu fréquentée par rapport au mois de mai de l'année dernière, par exemple. Dès que la règle des 100 km aura disparue, nous pourrons à nouveau accueillir les habitants de Limoges et Clermont-Ferrand, les deux grandes villes les plus proches », précise-t-il. « Notre premier visiteur était un Aubussonnais de 23 ans, ce qui est significatif à la fois du rayonnement de la Cité et de son ancrage local ». « Ce que l'on attendait du déconfinement, c'était de rouvrir et d'être à nouveau au service du territoire et de contribuer à la vie locale. C'est désormais chose faite », affirme Bruno Ythier.

Musée de l’abbaye de Sainte-Croix, aux Sables d’Olonne : innovation et médiation

Sables d'Olonne

« Une bouffée d’air » : c’est ainsi que Gaëlle Rageot, la directrice du musée de l’abbaye de Sainte-Croix (MASC), aux Sables d’Olonne, a accueilli la nouvelle du déconfinement de son établissement. Après deux mois de fermeture, le musée, haut-lieu de l’art moderne et contemporain en région, a rouvert au public dès le 12 mai, soit le lendemain de l’annonce du gouvernement. Un empressement qui s’explique par une reprise soigneusement préparée par ses équipes, « très motivées ». « Nous étions prêts », assure Gaëlle Rageot, qui énumère les mesures prises pour aménager la visite : port du masque obligatoire, plan unique de circulation, protections, distanciations physiques, etc. « Le plan de reprise d’activité du MASC, entre autres exemples, a fixé la jauge à 100 visiteurs répartis dans les salles du musée. Aujourd’hui, nous recevons une dizaine de visiteurs en simultané ».

Privilégier de nouvelles propositions de médiation: audioguides, place plus large accordée au numérique, tutos pour le jeune public...

Malgré ses 35 000 visiteurs en 2019 – son record – le musée se considère lui-même, en termes de public, comme un « petit musée ». Pour autant, il dispose, au sein de la galaxie des musées en région, d’un pedigree prestigieux. Depuis 1963 – date de sa création – il n’a cessé d’affirmer son rôle de pionnier et de défricheur en plus de 300 expositions, dont plusieurs ont fait date. Aujourd’hui, on peut voir une exposition consacrée au travail de Henri Cueco. Tout entier voué à la défense des courants les plus exigeants de l’art moderne et contemporain, le MASC, labellisé « Musée de France » par le ministère de la Culture, dispose de deux fonds majeurs, qui en font un lieu incontournable sur le territoire national de l’art du XXe siècle : Gaston Chaissac (dont il conserve la plus importante collection publique nationale) et le surréaliste Victor Brauner.

Si la fréquentation est moindre que l’an dernier à la même époque, notamment à cause de la fermeture du dimanche (« habituellement, c’est un jour de forte affluence »), l’important, pour Gaëlle Rageot, c’est d’avoir renoué un lien fort avec un « public d’habitués ». Avec le lancement de la phase 2, courant juin, la directrice mise sur un renouvellement des visiteurs, grâce à « la réouverture le dimanche » et « l’accueil du public estival ». Pour eux, Gaëlle Rageot va modifier l'« arsenal de médiation » du musée, en privilégiant de nouvelles propositions : audioguides (« on va privilégier un système audio que chaque visiteur pourrait télécharger avec son propre téléphone »), plus large place au numérique (« on met en ligne des vignettes sur les réseaux sociaux et on va essayer à la rentrée d'organiser des conférences avec une captation numérique pour que les gens puissent la suivre à domicile »), tutos pour le jeune public (« dans le contexte actuel, on va privilégier du sur-mesure plutôt que l'accueil de groupes »). « Cette situation inédite nous a obligé à nous adapter, en ce sens qu'il a bien fallu trouver des solutions aux questions qu'elle posait », conclut-elle.