Avec le développement du multimédia, de nouveaux codes et usages sont en train de bouleverser le paysage de la création numérique. Pour interroger ces pratiques innovantes, le ministère de la Culture et de la Communication avait lancé, du 8 octobre au 7 novembre 2013, l'Automne numérique, une opération qui a mis l'accent sur les enjeux croisés du numérique et de l’éducation artistique et culturelle.
Lors des journées de clôture Aurélie Filippetti lançait l'idée d’une « Silicon Valois ». Il s'agissait de « déployer sur tout le territoire une véritable politique numérique » et d'annoncer « un printemps de la création ». L’opération s'est donc tenue du 15 au 28 mai 2014, pour accueillir au sein du ministère, développeurs, entrepreneurs, créatifs, designers. Artistes, étudiants, passionnées de culture et de numérique ont partagé l'espace de travail collaboratif du 182, rue Saint-Honoré à Paris. Des débats et des rencontres ont permis aux professionnels comme aux porteurs de projets d'échanger leurs connaissances et de partager leurs compétences.
5.[Reportage] Mashup, le mix artistique
Première étape de l'Automne numérique, le mashup mixe idées créatives et pratiques numériques pour donner une autre vie aux œuvres du patrimoine. Rencontre avec les étudiants de l’École nationale de création industrielle, en plein mashup.
Daft Punk
Mélanger, mixer, combiner...faire le lien : voilà l'idée du mashup, la première étape de l'Automne numérique, une opération en trois temps lancée par Aurélie Filippetti. « À la manière de Daft Punk », ajoute Simon D'henin, désigner et professeur à l'école, chargé d'encadrer les étudiants répartis en ateliers de travail lors de cette journée du mercredi 23 octobre à l'Ensci (École nationale supérieure de création industrielle). Trouver une esthétique pour mettre en valeur les débuts du cinéma, avec les films de Méliès, Fritz Lang, Sergueï Eisenstein et sa célèbre scène de la poussette descendant l'escalier dans le Cuirassé Potemkine. Valoriser les photos de Brassaï, donner une dimension nouvelle à la Recherche de Proust. Avec pour objectif, donner au public mille et une façon d'en faire usage.
Battle
Assis dans un coin du grand atelier baigné de lumière, Natacha Poutoux et Grégoire Scheller se préparent au combat numérique. Le battle très en vogue sur la blogosphère voit s'affronter deux équipes de blogueurs, à coups de vidéos, de liens, cherchant à susciter le plus de commentaires de la part des internautes, créer le buzz et se démarquer par sa créativité. «Là, il s'agit d'organiser des battles avec des données du domaine public », commentent les deux jeunes étudiants. « D'identifier grâce à une série de mots-clefs des images de 3 ou 5 secondes sur un film d'1h30, ce qui est aujourd'hui impossible sur Youtube par exemple ». Et de suivre ainsi « le principe du Chien andalou », le film surréaliste réalisé par Luis Buñuel .
Tatoo
Là, une imprimante 3D détournée de ses fonctions initiales permet de se faire tatouer une image du domaine public. «Nous ouvrons au maximum l'idée de l'Open Data », expliquent Ariane et Pierre-Emmanuel, deux des cinq étudiants à l'origine du projet. « Il s'agit là de donner vie à ces images sur son propre corps, et de leur donner une autre vie ». Des symboles anciens retrouvent là un lien avec le présent. Avec cette machine à tatouer, le patrimoine touche au corps et à l'intime.
La #révolte et l'#amour
Le moteur de recherche mis au point par quatre étudiants (Susel Aleman Legra, Jérémy Aymard, Nikita Vidal et Sébastien Loeuk) « pioche » dans n'importe quel média à partir des mots-clefs, «Révolte » et « Amour ». Ainsi l'application propose-t-elle sous forme de zapping des courtes séquences de films qui, « traduisent des émotions. » Une subtile façon de remplacer les émoticônes et autres smileys dans les échanges sur les réseaux sociaux.
La transformation du mashup
Pour Bernard Kahane, le directeur de l’École, l'enjeu du mashup est comme un voyage. « Il faut le vivre, puis voir comment il vous imprègne et vous influence pour la suite». Il faut aussi lui donner une autre vie : « Le mashup se transforme», continue Bernard Kahane. « Faire naître des projets, avec d'autres écoles ou des designers internationaux. En un mot: nous échapper ».