À l’heure des attentats de Paris, la convention sur la diversité culturelle, adoptée il y a dix ans par l’Unesco, est plus que jamais d’actualité. Le ministère de la Culture et de la Communication revient, mercredi 25 novembre au musée du Quai Branly, sur les défis qui l’attendent.


Diversité. En se rendant à l’Unesco le 17 novembre – quatre jours seulement après les attentats qui ont endeuillé Paris – le Président de la République a souligné l’importance des valeurs portées par l’organisation internationale créée en 1946. « Ce qui l’a fondée, a souligné François Hollande, c’est la promotion de la diversité des cultures ».  C’est précisément cette diversité des cultures qui sera interrogée mercredi 25 novembre au musée du Quai Branly par lors d’une rencontre organisée par le ministère de la Culture et de la Communication pour les dix ans de la Convention pour la protection et la promotion des expressions culturelles. Celle-ci avait été, en effet, adoptée le 20 octobre 2005, à l’issue d’un long travail de conception où la France avait joué, avec l’Organisation internationale de la Francophonie, un rôle majeur.

« Ce qui a fondé [l'Unesco], c’est la promotion de la diversité des cultures » (F. Hollande)

Défis. En dix ans, les frontières de la diversité culturelle ont évolué. Non pas tant dans ses principes – le Président de la République a rappelé qu’ils demeurent « ancrés dans la reconnaissance de l’égale dignité des cultures » – mais face aux nouveaux défis auxquels elle est confrontée. Premier défi : la protection du patrimoine. À Palmyre, bien entendu – ce nom résonne aujourd’hui comme le symbole des pillages et destructions du patrimoine historique de l’humanité – mais aussi à Angkor, Tombouctou ou en Afghanistan, on le constate partout : la communauté internationale est impuissante à empêcher ces destructions. Comment,dès lors, lutter efficacement contre ces attaques ? L’autre grand défi est celui de la révolution numérique. Là aussi, il répond à une interrogation persistante : comment faire du numérique un véritable outil au service de la diversité culturelle ? Sur chacun de ces défis, les deux tables-rondes organisées par le ministère de la Culture et de la Communication tenteront d’apporter le 25 novembre des éléments de réponse.

Universel. Depuis longtemps, le gouvernement a multiplié les actions en faveur de ce patrimoine universel. Aujourd’hui, devant l’ampleur et la systématisation des pillages, le président-directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, vient de remettre au président de la République un rapport comprenant « 50 propositions françaises pour protéger le patrimoine de l’humanité ». Il les présentera le 25 novembre. Parmi celles-ci, retenons l’assèchement des financements issus du trafic d’œuvres d’art dont « Daesch tirerait 9% de ses revenus ». Pour cela, la France pourrait accorder un « droit d’asile » aux œuvres d’art menacées ; cette mesure figure dans le projet de loi liberté de création, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale. Le rapport Martinez préconise également l’établissement par l’Unesco d’une « liste noire » des pays qui favorisent le recel, un renforcement les sanctions applicables au trafic de biens culturels, notamment en recourant davantage à l’infraction de blanchiment et à saisir la Cour pénale internationale à chaque destruction de patrimoine pour poursuivre leurs auteurs pour «crime de guerre». Pour financer la reconstruction du patrimoine détruit et faire œuvre de pédagogie, la France souhaite mettre en place un Fonds mondial de dotation, qui pourrait servir à financer le travail de reconstruction de Palmyre ou l’étude du site archéologique de Mari.

Fleur Pellerin : « la France continuera d'être aux avant-postes pour promouvoir la diversité culturelle »

En Europe, deux accords commerciaux sur cinq font aujourd’hui référence à la diversité culturelle, les services audiovisuels sont exclus du mandat de l’Union européenne et la coopération culturelle est particulièrement favorisée… En relevant ces résultats en clôture de la rencontre organisée le 25 novembre sur les dix ans de la convention sur la diversité culturelle, Fleur Pellerin a souligné que ce combat pour le dialogue des cultures a pris, avec l’adoption de la convention à l’Unesco, « une dimension nouvelle ». « La France continuera d’être aux avant-postes pour la promouvoir », a-t-elle assuré. Aujourd’hui, la convention doit faire face à deux nouveaux défis. Premier défi : la révolution numérique. Peut-on encore réguler à l’heure de cette mutation mondiale ? « Renoncer à réguler, c’est renoncer à la diversité culturelle », a affirmé Fleur Pellerin.« Avec nos partenaires au sein de l’Union européenne, nous sommes aujourd’hui engagés dans une négociation d’envergure pour préserver la rémunération des créateurs dans le cadre de la réforme des droits d’auteur. ». Par ailleurs, la ministre s’est félicitée de constater qu’une « réflexion sur l’application de la convention dans l’univers numérique est en cours à l’Unesco ». Celle-ci devrait être présentée en juin 2017. Second défi : la protection du patrimoine. Après les annonces du Président de la République le 17 novembre à l’Unesco, Fleur Pellerin a précisé plusieurs points : un « contrôle douanier » sera instauré pour intensifier la lutte contre le trafic de biens culturels ; les œuvres menacées qui seront accueillies en France seront étudiées par « de nombreux étudiants et chercheurs venus de ces pays, qui pourront travailler en toute sécurité » ;les sites menacés ou détruits seront numérisés afin de « protéger leur mémoire ».