Alors que la crise sanitaire se poursuit, le ministère de la Culture a lancé l’opération #culturecheznous, un portail numérique destiné à mettre en lumière l’exceptionnelle richesse de son offre numérique ainsi que celle de ses opérateurs. Cette semaine, retrouvez quatre ressources qui rendent la culture accessible aux personnes en situation de handicap.

Instructive, divertissante, formatrice, couvrant un large éventail de disciplines artistiques… L’offre de ressources culturelles en ligne s’adressant aux personnes en situation de handicap est abondante. Pour ce public particulièrement éprouvé par le confinement, elle est une belle façon d’être relié aux autres et de battre en brèche le sentiment d’isolement que le contexte pourrait accroître.

S’immerger dans les 50 000 titres de la bibliothèque accessible, Éole

lecture assistée

Livres audio, livres braille, classiques ou nouveautés, Éole, la bibliothèque numérique en ligne de l’association Valentin Haüy, acteur historique de l’aide aux personnes déficientes visuelles, comporte plus de 50 000 titres ! Des titres à portée de clic qu’il suffit de télécharger gratuitement pour les découvrir (dans la limite de 20 livres tous les 15 jours, même les lecteurs les plus assidus devraient donc s’y retrouver). Des titres, qui plus est, savamment répertoriés par catégorie, ce qui constitue une aide précieuse à la recherche, que l’on souhaite avoir un aperçu de l’ensemble des livres disponibles ou que l’on soit à la recherche d’une catégorie de livres en particulier.

Éole propose aussi « le livre audio à l’affiche », en ce moment Les minets de François Armanet, qui met en scène une bande de jeunes gens dans le Paris des années 60, ainsi qu’une sélection de la quinzaine autour d’un thème, « Nature et grands espaces », par exemple. Au titre « des coups de cœur de la quinzaine », on retiendra en ce moment aussi bien le très rigoureux Éloge des mathématiques d’Alain Badiou que, dans un genre diamétralement opposé, Pâtisseries inratables : 100 recettes mythiques pour ébouriffer vos papilles et en mettre plein la vue de Carole Garnier, coup de cœur de Tina, lectrice du Val-de-Marne : « Je confirme, ces pâtisseries sont faciles à réaliser, et pour en avoir testé une bonne partie, elles sont absolument délicieuses ! ». Avis aux amateurs qui, après la lecture, pourraient trouver là un autre moyen d’égayer ce temps de confinement.

Découvrir les collections accessibles avec le musée d’Arras

musée accessible

« Redécouvrez notre parcours en langue des signes française (LSF) accessible depuis votre smartphone. Au travers de huit vidéos, ce sont huit chefs-d’œuvre des collections que vous allez découvrir sous un nouvel angle », annonce, exemples à l’appui, le musée des Beaux-Arts d’Arras sur son compte Facebook et sur sa chaîne YouTube, qui précise que ce parcours fait partie du dispositif « Musée accessible ». Huit chefs-d’œuvre qui, de Saint Vaast et l’ours, tapisserie de haute lisse en fils de laine et chanvre du XVe siècle, à Une route près d’Arras (vers 1853-1858) de Camille Corot, en passant par un ensemble en porcelaine tendre, dite « Bleu d’Arras » composé d’une assiette et d’un plat, couvrent, du Moyen-Age à la fin du XIXe siècle, toutes les époques des collections du musée.

Le dispositif est conçu pour qu’une égale attention soit accordée à l’œuvre autant qu’à son commentaire : l’interprète en langue des signes est debout face caméra devant l’œuvre d’art, rendant particulièrement sensible pour le spectateur cette impression que l’œuvre lui est contée, puis, par moments, disparaît au profit de la seule œuvre. Démonstration avec Saint Vaast et l’ours. Juste après que l’on a appris que la scène symbolisait l’évangélisation du territoire d’Arras par Saint Vaast au VIe siècle, les éléments décoratifs s’affichent plein cadre. De quoi prendre la mesure du caractère exceptionnel de cette œuvre, l’une des très rares pièces encore conservées de l’époque où Arras était renommée dans l’Europe entière pour ses tapisseries, au point, explique l’interprète, « qu’en italien ou en anglais, tapisserie se disait « arrazzo » ou « arras ».    

S’initier à la langue des signes française avec la Philharmonie de Paris

Philharmonie - handicap

« Bonjour, aujourd’hui, je vous présente le vocabulaire en langue des signes française spécifique à la musique, voici… ». Suit le nom d’un instrument – au choix, le piano, la harpe, la flûte traversière, la flûte à bec, le djembé, la batterie, la guitare électrique, les cymbales, la guitare, le violon, le violoncelle – que l’interprète en langue des signes nous fait découvrir en une trentaine de secondes. Instruments de musique donc, mais aussi répertoires, vocabulaire technique ou du quotidien, interprété dans ce dernier cas in situ, par exemple dans une salle de concert pour le mot « chef d’orchestre ». Tous les mois, la Philharmonie de Paris propose d’apprendre un nouveau signe.

« S’adressant à la fois au public expert en langue des signes française (LSF) et aux débutants, ces vidéos accessibles à tous vous permettront de découvrir la richesse du vocabulaire musical en LSF », est-il précisé. Une richesse qu’illustre un vaste éventail de signes, à commencer par ceux venus du mime – qui n’a jamais mimé le piano, le violon ou la guitare ? –, la musique ayant tout l’air de faire figure de domaine privilégié pour ces signes iconiques !

Porter un autre regard sur des œuvres avec l’audiodescription du musée d’Orsay

Van Gogh

« Huile sur toile, hauteur, 83 cm, largeur, 1,10 m ». Il en va des Glaneuses – le célèbre tableau de Jean-François Millet dont on vient de donner les mensurations –, comme de chacune des œuvres présentées par le musée d’Orsay en audiodescription qui ont entre autres pour titres Le peignoir de Pierre Bonnard, L’adoration des mages d’Edward Burne-Jones ou La nuit étoilée de Vincent Van Gogh : toutes commencent par cette indication relative à leur qualité – le plus souvent, des peintures donc, mais on trouve également des sculptures et une lampe de table de Louis Majorelle – et leur  dimension. Des données, qui déjà font naître une première image mentale, que vient compléter un commentaire d’une grande précision.

Reprenons l’exemple des Glaneuses. « Elles sont pauvrement vêtues, souligne le commentaire, une blouse de toile, un tablier, et une grosse jupe descendant jusqu’aux pieds, mais leurs vêtements de teinte neutre ne sont pas des haillons. Leur tête est enveloppée d’un foulard noué qui les protège aussi bien du soleil que de la poussière de la moisson. Les têtes sont penchées vers le sol si bien que les visages ne sont pas visibles ». Suivent des éléments de contexte et des précisions sur la façon dont l’œuvre a été reçue. Enfin, le musée a la bonne idée de présenter une Vue intérieure de la gare d’Orsay, l’occasion de mettre en perspective l’histoire de ce lieu unique dans la géographie parisienne.

Solidaires-handicaps.fr, une initiative bienvenue dans le monde du handicap

Placée du l’égide du Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées, la plateforme solidaires-handicaps.fr a été lancée le 31 mars dernier. « Personnes handicapées, aidants et professionnels : Ensemble face au COVID19 », « des initiatives solidaires proches de chez vous » : les mots qui apparaissent sur le page d’accueil en résument parfaitement l’objectif : faciliter la mise en relation entre les personnes handicapées, leurs aidants, les professionnels et les dispositifs d’accompagnement qui leur sont destinés. Un rapprochement des protagonistes qu’appuie un riche « espace ressources » comprenant notamment une recension domaine par domaine – musées, opéra-danse, musique, télévision, cinéma, lecture – de l’offre culturelle en ligne.  

 

Audiodescription, une pratique prometteuse

Handicap - cinéma

Lancé en 2018 par le Centre national du cinéma (CNC) et une fédération de non-voyants (CFPSAA), le prix Marius, qui récompense la meilleure audiodescription cinématographique, a (déjà) un beau palmarès. Qu’on en juge : Le Petit paysan, d’Hubert Charuel, et Pupille, de Jeanne Herry, tous deux nommés plusieurs fois aux Césars, ont remporté ce prix destiné à encourager une pratique particulièrement prometteuse.

Un essor soutenu par le CNC, qui œuvre à l’amélioration de l’accès du cinéma aux personnes en situation de handicap, notamment les mal- et non-voyants. « L’accès de tous, sans exception, aux films, est non seulement une évidence dans une société civilisée et responsable, mais l’un des objectifs fondateurs du ministère de la Culture et du CNC », a souligné Dominique Boutonnat, président du CNC.

Depuis le 1er janvier, le CNC a mis en place trois nouvelles mesures qui renforcent l’accessibilité du cinéma :

> La réalisation des fichiers de sous-titrage pour les sourds ou malentendants et d’audiodescription pour les aveugles ou malvoyants (soit au total 1,5 million de Français) sont désormais obligatoires pour la délivrance de l’agrément des films français.

> Cette obligation s’applique à tous les supports, ce qui signifie que les fichiers devront être exploitables pour toute la chaîne de diffusion : en salle, sur DVD, en VOD et à la télévision. La mesure, qui fait suite à une concertation de l’ensemble des professionnels du secteur, y compris les associations représentant les handicapés sensoriels, permet désormais à tous les films français agréés, soit environ 225 œuvres par an, d’être audio-décrites et sous-titrées.

> Le CNC a également accru son aide aux producteurs pour la réalisation des travaux de sous-titrage et d’audiodescription : les films les plus fragiles (moins de 4 M€) pourront ainsi être aidés davantage.