Les règles qui définissent les délais à respecter pour l’exploitation d’un film sur les différents supports (de la salle de cinéma à la vidéo à la demande gratuite), autrement dit « la chronologie des médias », datent de 2009. Aurélie Filippetti propose aux professionnels de définir « un nouvel équilibre pour donner un nouvel élan à nos industries culturelles, tout en favorisant l’offre légale en ligne. »

Accéder plus rapidement aux films. C’était l’une des pistes ouvertes par la mission Lescure sur la culture à l’ère du numérique. Aurélie Filippetti compte modifier la chronologie des médias alors que les usages ont évolué et que se profile l’arrivée en France en septembre de Netflix, le géant américain du streaming. Comme la Ministre l’a réaffirmé dans une récente interview accordée au Figaro (édition du 21 juillet), «le public doit pouvoir accéder plus rapidement aux films».
Après avoir rappelé que la chronologie des médias « relève d’un accord interprofessionnel », que la salle de cinéma doit rester le premier lieu de découverte des films, et que la réforme respecte le poids économique des différents contributeurs au (pré)financement des œuvres, Aurélie Filippetti propose « d’avancer de deux mois la disponibilité des films à la télévision ». Pour la vidéo à la demande par abonnement, elle souhaiterait rendre les films disponibles 24 mois après leur sortie en salle, au lieu de 36 actuellement : cette réduction des délais serait réservée « aux services qui participent au financement des œuvres françaises et européennes ». La Ministre voudrait également favoriser l’accès des films en VàD sur une plus longue période : « la fenêtre d’exclusivité des chaînes de télévision pourrait être resserrée ». Enfin, il conviendrait que la diffusion des courts-métrages soit libre.

Préserver la souveraineté culturelle et numérique de la France. Netflix s'apprêterait, depuis l’étranger, à lancer dès la mi-septembre son service de SVOD (vidéo à la demande par abonnement) sur internet en OTT (over the top), autrement dit sans payer les intermédiaires qui fournissent l'accès à l'internet, dans plusieurs pays germanophones et francophones dont la France. Dès le mois de mars, Aurélie Filippetti avait reçu les dirigeants de Netflix. Avec le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, la ministre de la Culture et de la Communication a souligné « être engagés dans une stratégie de souveraineté culturelle et numérique de la France. » Début juillet, Arnaud Montebourg, avait annoncé avoir demandé aux entreprises françaises de l'audiovisuel et du numérique, notamment à Orange, de s'unir pour « offrir des plateformes alternatives aux offensives anglo-saxonnes ».