Grande première, le 26 novembre dernier, à l’auditorium Colbert de l’Institut national d’Histoire de l’Art : un « Jeudi du mécénat » consacré au domaine des archives, organisé par la mission du mécénat du MCC, en collaboration étroite avec le Service interministériel des Archives de France (SIAF) et les Archives nationales.

Cette rencontre inédite, ouverte par Hervé Lemoine, directeur des Archives de France, rassemblait une quinzaine d’intervenants et donnait une image assez variée de la diversité des apports de la sphère privée au monde des archives publiques dans ces dernières années. Une centaine d’auditeurs avaient répondu à l’invitation du ministère dans cette période de désaffection des lieux publics.

« Depuis une dizaine d’années, les archives qui étaient perçues comme une documentation historique essentiellement, l’ont été de plus en plus comme de véritables biens culturels, ayant d’ailleurs à ce titre une valeur vénale… mais bénéficiant de toutes les dispositions dont bénéficient les biens culturels en termes de mécénat et de protection.. », soulignait Hervé Lemoine dans son propos liminaire.

Les organisateurs avaient tenu à célébrer tout d’abord l'acquisition récente par l'Etat du fonds d'archives Turgot, témoignage capital sur l'histoire politique et économique de la fin de l'Ancien Régime. Reconnu oeuvre d'intérêt patrimonial majeur le 22 octobre 2014, cet ensemble de 14000 documents a intégré les collections nationales au début de l’année 2015 grâce au mécénat de la Banque de France. L’opération était présentée par Isabelle Rouge Ducos, chargée de mission pour les archives privées au SIAF, et François de Coustin, conseiller Patrimoine, histoire et mécénat à la Banque de France. Cette action s’inscrit dans une politique de mécénat qui poursuit deux buts principaux : contribuer au développement du patrimoine culturel de l’État et favoriser la connaissance en économie.

Dans le domaine de l’enrichissement des collections, un autre bel exemple, présenté par Anne Lejeune, directrice des Archives départementales, etAriane Adeline,experte en manuscrits, consistait dans l’entrée dans le fonds départemental des Côtes d’Armor, des archives de l’illustre famille de Kerouärtz, qui outresonexceptionnel intérêt pour la Bretagne, bénéficiait des déductions fiscales prévues dans le cadre des dispositions de la loi Aillagon, au titre du mécénat en nature.

Avec Isabelle Aristide, chef du département des archives privées aux Archives nationales, c’est la Grande Collecte 14-18, organisée dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale, qui a été évoquée, avec ses nombreux donateurs pour la plupart anonymes mais tous soucieux de faire don de photos, de documents divers ou d'autoriser leur numérisation, afin d'assurer la pérennité d’éléments de leur mémoire familiale intéressant la grande Histoire que de participer à l’oeuvre de mémoire collective.

En présentant pour la première fois la campagne lancée par les archives nationales pour l’acquisition du registre des comptes de travaux du château d’Amboise sous Charles VIII (1495-1496), reconnu trésor national, Maître Alain Moreau, président de la Société des Amis des Archives de France (SAAF), et Guillaume Dinkel, chargé de la promotion du mécénat aux Archives nationales, ont ouvert une nouvelle page de l’histoire de l’enrichissement des fonds d’archives grâce à la générosité privée. Nous y reviendrons prochainement.

Echanges de compétences

L’intérêt de cette rencontre tenait aussi à trois excellents exemples de partenariats fondés sur la complémentarité des compétences entre public et privé: avec Olivier de Solan, directeur des archives de la Somme, et Jean-Yves Canesson, notaire honoraire, c’est l’aide apportée, grâce à leur connaissance des actes et des formules juridiques, par les notaires de la Compagnie des notaires de la Somme au public de chercheurs d’un service d’archives départementales  qui était mise à l’honneur; de même, pour les échanges développés entre les archives départementales des Hautes-Pyrénées et la Chambre des géomètres-experts de ce département, à la faveur d’un projet de numérisation des procès-verbaux de délimitation des communes, présenté ici par François Giustiniani, directeur des archives des départementales, et Cécile Arnaudin, experte à la Chambre des géomètres de Tarbes. Enfin Antoine Djikpa, président de Généalogistes de France, et Bruno Ricard, sous-directeur de la communication et de la valorisation des archives au SIAF, ont montré tout l’intérêt de la convention passée entre leurs deux organismes sur la recherche des biens spoliés et de leurs ayants droit dans les services d’archives...

La captation audio de cette rencontre sera prochainement mise en ligne sur le site "Mécénat" du ministère de la Culture et de la Communication