Alors que le confinement dû à la crise sanitaire se poursuit, le ministère de la Culture a lancé l’opération #culturecheznous, une plateforme destinée à mettre en lumière l’exceptionnelle richesse de son offre numérique ainsi que celle de ses opérateurs. Cette semaine, quatre façons de visiter les musées autrement.

Les musées, en raison de collections qui sont souvent un terrain d’application rêvé pour les nouvelles technologies, ont toujours été pionniers en matière de contenus en ligne. L’offre foisonnante proposée dans le cadre de #Culturecheznous le prouve une fois de plus. Illustration à travers quatre exemples.

Visiter le musée du Louvre autrement avec « Le Louvre à la loupe » et « Questions d’enfants »

Louvre

Les « œuvres à la loupe » du musée du Louvre portent bien leur nom. Cette proposition numérique originale promet au public de regarder autrement les œuvres iconiques du musée. Démonstration avec la dernière en date, le Portrait de la marquise de Pompadour (1755) par Maurice-Quentin de La Tour. Peinture organisée autour du motif pyramidal formé par la marquise et sa robe, harmonie chromatique, dimension exceptionnelle de ce pastel du XVIIIe siècle, estampes dépassant d’un carton à dessin, partitions, ouvrages reliés…. Grâce à une subtile combinaison d’animations et de commentaires, rien ne manque, sur la forme comme sur le fond, à cette évocation de la femme d’esprit. À vous de découvrir les œuvres suivantes. Elles ont pour noms la Victoire de Samothrace et la Joconde... !

« A quoi ils jouent sur le tableau ? », « On voit qu’il y a de l’argent sur la table », « le personnage à droite est le seul à regarder son jeu de cartes », « l’homme est en train de tricher, il a des cartes derrière le dos »… Autant dire que Le Tricheur à l’as de carreau de Georges de la Tour inspire les enfants de la classe de CM2 de l’école primaire du 104 rue de Belleville à Paris. « Ils jouent au jeu de Prime. Il faut l’as, le six et le sept de même couleur pour gagner. C’est ce que va faire le tricheur qui tire l’as de carreau caché sous sa ceinture », leur répond Sonia Brunel, conférencière à la Réunion des musées nationaux – Grand Palais. La séquence enjouée et étonnante – rien n’échappe au regard des enfants – est extraite d’une des nombreuses vidéos de « Questions d’enfants », lesquelles mettent en relation des classes de la maternelle au collège avec des spécialistes du Louvre qui répondent aux questions des élèves sur le musée et ses œuvres.

https://www.louvre.fr/oal et https://www.louvre.fr/questions-enfants

Partir à la recherche d’œuvres du musée d’Orsay avec les « Petits M’O »

M'O

« Pars à la découverte des œuvres des musées d'Orsay et de l'Orangerie dispersées dans Paris ! », annonce la page d’accueil des Petits M’O, le site dédié aux enfants du musée d’Orsay, qui met en vedette ses deux mascottes, l’ours Pompon, sculpture emblématique de l’artiste François Pompon conservée au musée d’Orsay, et la grenouille Lily, échappée des Nymphéas de Claude Monet au musée de l’Orangerie.  Les enfants, on prend les paris, ne vont pas se le faire répéter deux fois !

Ils peuvent s’amuser à découvrir des œuvres sur une carte interactive séduisante en diable, ou plus classiquement dans la rubrique « œuvres », et même tout savoir sur l’œuvre du mois, en ce moment, L’orchestre de l’Opéra d’Edgar Degas. Ils peuvent découvrir ceux qui les ont créés, écouter des podcasts – « Au pays des monstres », les gentils monstres de Léopold Chauveau avec Claude Ponti, « Promenades imaginaires » –, ne rien manquer de l’actualité des Petits M’O grâce à La Gazette des M’O… Et que dire des parcours : portraits d’artistes, petites et grosses bêtes, portraits de famille, primitivisme, arts décoratifs, les nymphéas, paysages des peintres, Degas à l’opéra, il y en a pour tous les goûts ! Cerise sur le gâteau : chaque enfant a la possibilité de créer son espace personnel et d’enregistrer entre autres ses œuvres préférées. C’est ainsi toute une histoire de visites et de formation du goût qui se trouve mémorisée !    

https://www.petitsmo.fr/

S’emparer des œuvres du musée de Cluny en 3 D

Musée de Cluny

Et si vous découvriez les œuvres du Moyen Age d’une façon inédite ? Telle est, sous l’intitulé « Nos collections en 3D », la proposition du musée de Cluny qui abrite l’une des plus importantes collections mondiales d’objets et d’œuvres d’art de l’époque médiévale. L’agence photographique de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais mène en effet depuis 2014 des campagnes de numérisation en 3D des collections du musée. Le résultat est tout simplement époustouflant. À travers une expérience qui renouvelle et enrichit le regard, le spectateur peut faire pivoter ou zoomer sur les œuvres à sa guise.

Illustration avec L'Adam, sculpté probablement par Pierre de Montreuil au milieu du XIIIe siècle, initialement situé sur la façade sud du transept de Notre-Dame de Paris. On détaille de la tête aux pieds ce chef-d’œuvre haut de deux mètres de la sculpture gothique, et jamais le rapprochement avec les canons esthétiques de l’antiquité dont il s’inspire n’a été aussi sensible. « Avec son fort hanchement, contrebalancé par un mouvement opposé des épaules, l’opposition entre son genou gauche plié et le genou droit resté tendu, sa main gauche délicatement ramenée devant la feuille de figuier qu’elle retient et sa main droite relevée devant la poitrine, l’Adam s’inspire manifestement, dans sa posture générale, du type antique des Vénus pudiques ». On ne lit plus, c’est certain, ces mots de présentation dans le catalogue de la Réunion des musées nationaux de la même façon. Et que dire des fleurs de lis brodées sur la chasuble de Saint-Denis, sculpture du XVe siècle ; ou du léger sourire qui s’esquisse sur le visage de la Sainte tenant un livre (sculpture du XIVe siècle), des plis nombreux de son manteau, des couleurs, le bleu, le rouge qui affleurent encore par endroits, des splendeurs !  

https://www.musee-moyenage.fr/

Découvrir les expositions virtuelles de la Cité de l’architecture et du patrimoine

cité architcture

21, c’est le nombre – qui déjà témoigne de la richesse de l’offre – d’expositions virtuelles proposées par la Cité de l’architecture et du patrimoine sur son site parmi lesquelles on distingue les expositions qui sont les versions numériques d’expositions physiques montrées par l’institution et les expositions virtuelles montées de toutes pièces en interne. « Ce média, précise-t-elle, se doit d’être, au même titre qu’une exposition traditionnelle, riche d’informations, captivant, attractif et interactif afin de conserver l’intérêt du visiteur ». Défi relevé haut la main. La preuve avec deux exemples.

Serres, patios, terrasses, jardins et parcs urbains… la grande variété de projets et de documents, à l’échelle de l’édifice ou à celui de la ville, qui accompagnent « Du jardin au paysage, le végétal dans l’architecture du XXe siècle » donnent toute sa chair à une exposition qui montre comment les architectes et les urbanistes se sont saisis du matériau végétal pour concevoir et enrichir l’espace architectural et l’espace urbains modernes. Pour le second exemple, avouons-le tout net, c’est l’image en noir et blanc d’une piscine et d’un bâtiment aux lignes épurées accompagnée de certains de ses occupants sur la page d’accueil des expositions virtuelles qui nous a mis l’eau à la bouche. Quelques clics plus loin, on en sait non seulement plus sur le lieu - il s’agit de l’hôtel « La Caravelle » à Sainte-Anne en Guadeloupe photographié en 1961 – mais aussi sur son étonnant et passionnant créateur, André Bruyère (1912 – 1998), auquel l’exposition « André Bruyère. Projets et paroles » rend hommage.  

https://www.citedelarchitecture.fr/fr/collection/les-expositions-virtuelles