Le 17 juillet 2016, l’Unesco a inscrit "l’œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne" sur la Liste du patrimoine mondial. Une reconnaissance saluée par la ministre de la Culture et de la Communication.

17 réalisation de Le Corbusier

Permettre la rencontre avec un large public

Permettre la rencontre d’un large public avec les réalisations architecturales de La Corbusier : tel était l’un des effets les plus attendus après l’inscription, dimanche 17 juillet, de dix-sept réalisations du pionnier du Mouvement Moderne sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. « Le Corbusier  a inventé un nouveau langage architectural afin de répondre aux défis qui se posent à l’homme moderne. Ces 17 œuvres ont été choisies car elles constituent une réponse aux enjeux fondamentaux de l’architecture et de la société du XXe siècle », a réagi Audrey Azoulay, après que la candidature Le Corbusier eut déjà échoué à deux reprises en 2009 et 2011. Lors de son déplacement à Marseille le 1er juillet dernier, la ministre de la Culture et de la Communication avait pu admirer « l'incroyable installation de Felice Varini » sur le toit de la Cité Radieuse, l’un des chefs d’œuvre de Le Corbusier. Présenté par le designer Ora Ito, l’ensemble renoue, dans la plus pure tradition de Le Corbusier, avec un dialogue fécond entre la création contemporaine et l’architecture moderne. Audrey Azoulay a d’ailleurs rappelé l’attachement du ministère au patrimoine, qui s’est illustré notamment dans la loi liberté de création, architecture et patrimoine au terme de laquelle  un label spécifique permettant de veiller sur le patrimoine de moins de cent ans a été créé. 

Expo Varini / Le Corbusier Marseille

La reconnaissance de l’œuvre de Le Corbusier souligne l’importance de la préservation et de la valorisation du patrimoine récent, de moins de cent ans, auquel le ministère de la Culture et de la Communication est particulièrement attaché (Audrey Azoulay)

Universalité de Le Corbusier

En inscrivant l’œuvre de Le Corbusier au patrimoine mondial de l’Unesco, le Comité a voulu également refléter l’universalité de son apport à l’architecture. Universalité que l’on retrouve dans l’aspect transnational de la candidature, puisque les dix-sept réalisations proposées proviennent de sept pays situés sur trois continents, l’Allemagne, l’Argentine, la Belgique, la France, l’Inde, le Japon et la Suisse. « Le Corbusier, c'est un fait, est le premier, dans l'histoire de l’architecture, à avoir construit dans le monde entier, son œuvre s'inscrit à l’échelle de la planète », a relevé Olivier Poisson, inspecteur général des patrimoines au ministère de la Culture et de la Communication. À noter : la présence, dans la proposition portée par la France, de Chandigarh, une ville nouvelle conçue en Inde dans les années 1950, qui a joué un rôle important dans la reconnaissance de l’universalité architecturale de Le Corbusier. L'architecte y a notamment créé un remarquable ensemble de bâtiments publics, le Capitole, l'un des fleurons de cette cité pionnière. « Cette inscription met l'idée même de Patrimoine mondial à l'échelle planétaire, par-delà des frontières étroites des États... », a résumé Olivier Poisson.

Variété de formes et de nature

Les dix-sept réalisations qui viennent d’entrer au patrimoine mondial de l’Unesco apparaissent aussi comme autant de manières avec lesquelles Le Corbusier a relevé les défis qui se posaient à lui. « Conçues tout au long de sa carrière, elles reflètent aussi bien l'évolution d'une pensée que son application aux sujets qui ont été les défis de l'architecture du XXe siècle : l'habitat individuel, ouvrier, collectif, les équipements, les usines, et même l'architecture sacrée », a commenté Olivier Poisson. On y trouve des maisons individuelles (l’emblématique Villa Savoye, à Poissy, mais aussi celle construite à Corseaux, au bord du Lac Léman, en Suisse, les audacieuses créations modernistes La Roche et Jeanneret, à Paris, celles de la Weissenhof-Siedlung, à Stuttgart, la maison Guiette, à Anvers, et celle du docteur Curutchet à La Plata, en Argentine, enfin, le cabanon de Roquebrune) et des logements collectifs (la Cité radieuse, à Marseille, l’ensemble de petits pavillons pour ouvriers à la Cité Frugès, à Pessac, les immeubles Molitor, à Boulogne-Billancourt, et Clarté, à Genève). Des édifices religieux (la fameuse chapelle Notre-Dame-du-Haut, à Ronchamp ou le couvent Sainte-Marie-de-la-Tourette, à Eveux) mais aussi culturels (l’étonnant musée national des Beaux-Arts de l’Occident, à Tokyo, et la Maison de la culture de Firminy) ou industriels (comme cette manufacture toujours en activité, à Saint-Dié-des-Vosges). Enfin, l’ensemble inclassable autant que remarquable du Palais de l'Assemblée, à Chandigarh (Inde).