Historique
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Cette oeuvre au format imposant n'est pas signée, et constitue une esquisse pour le tableau du même titre exposé au Salon de 1892 et acheté par l'Etat pour le Musée du Luxembourg dès 1893 (aujourd'hui déposé au Musée de Charleville-Mézières). Le thème central du " baiser maternel " a été traité de nombreuses fois par Carrière y compris dans des trios. Comme souvent, l'accent est mis ici sur le corps du bébé - traité dans des nuances de blanc, coloré de rose et de bleu - sur le visage et les mains. Le lien entre la mère et l'enfant, par le jeu de mains qui s'accrochent l'une à l'autre, se retrouve également ailleurs. L'utilisation d'un blanc très clair, tout en soulignant l'essentiel aux yeux de Carrière, ôte à la scène tout caractère réaliste et confère une note dramatique. La tension du visage de la mère renforce cet effet. Ce groupe central s'inscrit dans une composition plus large, où un contexte est évoqué. On discerne un siège, en arrière plan une porte, une oeuvre accrochée, sur la gauche un pilier qui indique un premier plan, et surtout, sur la droite, dans des tons roux beaucoup plus clairs, une enfant debout de dos (Nelly ?), avec, en filigrane une autre figure féminine. Sur la droite, peuvent encore se distinguer des traits au crayon de mise au carreau. La toile est relativement peu couverte, mais de petites touches plus ou moins foncées animent la surface picturale, et donnent à ces zones une réelle existence - comme sur le Baiser du soir, postérieur de neuf ans. Le passage entre les deux parties de l'oeuvre est assez brusque, comme si Carrière n'avait pas encore traité ce qui lui apparaissait secondaire. On en retire une perception de l'espace assez troublante. Bien qu'inachevée, cette très grande esquisse dégage une monumentalité certaine, et renvoie une impression de mystère particulièrement accentuée, à l'image de l'ensemble de l'oeuvre de Carrière.
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