Historique
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peintre-verrier, graveur, cartographe et mathématicien, Augustin Hirschvogel est le fils du célèbre Veit Hirschvogel qui exécuta de nombreux vitraux pour les églises de Nuremberg d'après les dessins d'Albrecht Dürer et de son élève Hans Süss von Kulmbach. Après une première formation chez son père, Augustin ouvre son propre atelier vers 1530 et se spécialise également dans la réalisation de majoliques et de verreries. De cette époque date vraisemblablement la série des soixante dessins à la plume, encre brune représentant des scènes de chasse et préparatoires pour des vitraux destinés à décorer des demeures seigneuriales (dessins conservés au musée des Beaux-Arts de Budapest, J . Peters, 1979, pp. 367-375). Le style de ces études rappelle fortement l'art de Dürer mais aussi celui des " petits maîtres de Nuremberg ", comme Sebald Beham ou Georg Pencz. En 1536, il quitte Nuremberg pour Ljubljana où il séjourne jusqu'en 1543 pour des raisons qui demeurent inconnues. Durant cette période, il exécute des cartes géographiques et trente-sept planches illustrant un recueil consacré aux formes géométriques et à la perspective. En 1544 il part pour Vienne et reçoit de nombreuses commandes : la ville fait notamment appel à lui pour concevoir deux vues et un plan de Vienne qui fut envoyé au roi Ferdinand Ier à Prague et à Charles V à Augsbourg. Son oeuvre gravé compte plus de deux cent cinquante estampes, le plus souvent monogrammées et datées : on y trouve des illustrations de livres à sujets bibliques (Bartsch illustré, 1-1 (171) à 1. 92 (171)), des portraits (Bartsch illustré 29 (178) à 43 (181)), des scènes de chasse (Bartsch illustré 22-1 (177) à 25-1 (177)), des modèles d'orfèvrerie (Bartsch illustré 82 (194) à 109 (200)),des armoiries (Bartsch illustré 112 (201) à 130 (205)). Ce sont cependant les paysages qui constituent la partie la plus originale de sa production (Bartsch illustré n° 47 (182) à 77 (192)) : pour la plupart datés de 1545, 1546 ou 1549, ils représentent de vastes sites montagneux animés de rivières et de châteaux forts situés sur des pics rocheux. Les premiers plans sont rythmés de troncs d'arbres coupés qui assurent une verticalité à la mise en page de la composition. Le graveur privilégie les paysages purs souvent panoramiques où le regard n'est troublé par aucun sujet mythologique ou religieux ; seule la nature souvent abrupte est évoquée avec une grande économie de moyens : le trait y est en effet toujours synthétique et pur, très linéaire. Hirschvogel s'inspire sans doute pour ses estampes des vues qu'il a pu admirer lors de son voyage qui le mène à Vienne en 1544 ou au cours de promenades dans les environs de la capitale autrichienne. On conserve quelques dessins à la plume exécutés d'après nature, qui témoignent de cette démarche. Dessins conservés au British Museum (cat. exp. 1988, p. 126, n°96), au musée de Braunschweig (H. Geissler, 1979, t. I, n° A. 24) ou encore dans une collection particulière (cat. exp. Nuremberg, 1984, p. 46, n° 42). Quoiqu'il en soit, ces oeuvres s'apparentent à celles des artistes de l'école du Danube, Albrecht Altdorfer mais plus encore Wolf Huber : ce dernier exécuta en effet des dessins à la plume représentant des sites précis de la vallée du Danube, comme la Vue de la vallée du Danube près de Krems datée de 1529 et conservée au Kupferstichkabinett de Berlin ou encore un Paysage daté de 1542 et conservé au Kupferstichkabinett de Bâle (Inv. n° KdZ 12303 et 1959. 113 ; cat. exp. From Schongauer to Holbein. Master Drawings from Basel and Berlin, 1999, p. 298, n° 133 et p. 302, n° 134), proches par leur mise en page mais aussi par leur graphisme des gravures de Hirschvogel. (Emmanuelle Brugerolles)
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