Historique
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La carrière de Tobeen se déroula au voisinage des maîtres célèbres qu'il côtoya et des grands événements auxquels il participa et pourtant elle semble comme en marge de l'Histoire. Tout se passe comme si, en cachant son véritable nom sous une anagramme, le fils du menuisier Jean Bonnet, chez lequel André Lhote sculpta des encadrements de tableaux, avait voulu s'effacer, se faire oublier. Ascète au teint bistre et au regard ardent, la peinture ne constituait, d'après ses confidences à Jean-Gabriel Lemoine, que la partie " matérielle " de sa vie qu'il fit passer après des exigences " spirituelles " de beaucoup prioritaires. Et pourtant, installé à Paris dès 1910, il fréquente Jacques Villon et ses amis du groupe de Puteaux. Il est présent au Salon de 1912, dans la salle 18, aux côtés de Gleyre, Metzinger, La Fresnaye, Le Fauconnier, Lhote.puis, la même année, il se retrouve avec eux à la Section d'Or. En 1913, il participe à l'Armory Show de New York. Apollinaire le remarque au Salon des Indépendants de 1918. Ses critiques sont Carlos Larronde, Olivier Hourcade et aussi André Salmon et Louis Vauxcelles ; ses galeristes, Berheim jeune, Druet, Katia Granoff ; ses amateurs Théodore Duret, Gabriel Frizeau et surtout les célèbres collectionneurs hollandais Kröller-Müller qui réunirent dans leur musée d'Otterlo un ensemble unique de ses oeuvres. Mais Tobeen a fui le bavardage et l'agitation de la vie moderne.Après être passé par " la discipline décharnée du cubisme "(J.-G. Lemoine) qui le conduisit aux limites de la lisibilité du sujet (Le Parc de Saint-Cloud de la collection Frizeau, au musée des beaux-arts de Bordeaux), il retourne, ainsi que la plupart des peintres de sa génération, à la claire figuration. Il représente les montagnes et les pelotaris du Pays basque, des scènes de la vie rurale, des ports déserts. Comme son compatriote Vettiner, il s'est exercé à la dure pratique de la gravure sur bois. Son dessin synthétique s'en ressent qui souligne des volumes puissants et qui ordonne les gammes d'une palette chaude et cuivrée, un peu sourde. C'est aux alentours de 1920, qu'il peint ses natures mortes et ses étranges bouquets de fleurs. Denses, pétrifiés, ils brillent d'une lumière intérieure qui, ainsi qu'il l'a dit lui-même, semble " radiante du sujet ".
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