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Réponse n° 87
Domaine

ivoirerie ; médiéval

Dénomination

boîte

Titre

L'Enfance du Christ

Auteur/exécutant

anonyme (auteur)

Ecole

France

Lieu création / utilisation

France, Ile-de-France, Paris (lieu de création)

Période création/exécution

14e siècle

Genèse

oeuvre en rapport

Historique

La provenance n'est pas déterminée avec certitude, il s'agit soit de l'abbaye de Cîteaux, soit de la Chartreuse de Champmol. L'inventaire du Trésor de la sacristie de Citeaux fait en 1791, mentionne "cinq boîtes de toilette des Duchesses de Bourgogne", et notre pyxide est considérée comme telle par le rédacteur du catalogue du musée de Dijon en 1883. D'autre part, un catalogue plus ancien (1830) parle d'une "boîte conservée à la Chartreuse de Champmol, avec les toilettes des Duchesses de Bourgogne", ce qui tend à dire que cette boîte n'est pas une des "toilettes" : elle pourrait être, comme l'envisage C. Monget, une boîte à hosties offerte par Philippe le Hardi aux Chartreux en 1394. [...]
Un des thèmes : Le Miracle du blé est peu représentée dans l'ivoirerie du 14e siècle (Koechlin signale le polyptyque du château de Wallerstein, t. II, n° 181 bis, III pl. XLX où elle figure également) : la source d'inspiration de notre artiste n'est pas celle des Evangiles courants, mais une légende reprise par un incunable du 15e siècle, conservé à la Bibliothèque Nationale : "De quelques miracles que l'Enfant Jésus fit en sa jeunesse" (29 feuillets, Lyon, sans date, Bibliothèque Nationale). Cet incunable raconte comment les soldats d'Hérode furent trompés par un miracle de l'Enfant Jésus qui, jetant une poignée de blé qu'un paysan était occupé à semer, fit croître ce blé à l'instant. Si bien que le laboureur se mit à moissonner, et quand les soldats lui demandèrent s'il avait vu passer une femme et un enfant, il répondit en toute candeur qu'il les avait vu passer quand il était en train d'ensemencer son champ. Les soldats en conclurent que s'il y avait près d'un an de cela, il ne pouvait s'agir des fugitifs qu'ils poursuivaient. Ce récit apocryphe est rarement mis en scène. On le retrouve cependant au 13e siècle au portail de l'église de Rougemont, dans un panneau de la cathédrale de Chalons-sur-Marne, dans des peintures murales à Saint-Maurice-sur-Loire. Le type des visages, la différence de proportions entre les personnages et le décor, la naïveté de détails anecdotiques, le réalisme des costumes et des harnachements, permettent à R. Koechlin et à H. Martin de situer cet ivoire dans la zone d'influence de l'atelier du triptyque de Saint-Sulpice-du-Tarn. D. Gaborit-Chopin reconnaît cette influence et crée la personnalité du "Maître de la pyxide de Dijon". (Notice de Claudie Barral, 1986.) ;
Les proportions des personnages ne sont pas toutes très harmonieuses : ceux qui sont assis ou agenouillés (Vierge, saint Joseph ou le plus vieux mage) se heurteraient à l'arcature s'ils pouvaient se relever. Néanmoins, la fraîcheur des attitudes (par exemple, l'annonce au berger qui, surpris par l'ange, en oublie de jouer et même le petit bélier s'intéresse à la grande nouvelle) et le dialogue gestuel animent heureusement ses épisodes. Nous y retrouvons également un franc réalisme dans la brutalité des soldats massacrant les Innocents, et dans le geste de cette mère qui arrache les cheveux du meurtrier de son enfant. Koechlin rattache cette boîte à l' "atelier des tabernacles" (1er tiers du 14e siècle), par son iconographie, par la division du champ par les colonnettes isolant les figures. Il est certain que l'on rencontre les mêmes visages ronds, les mentons saillants, les yeux à fleur de tête dans les volets du polyptyque du Victoria and Albert Museum (Koechlin, II, n° 154, pl. XXXIX). La facture peu accentuée comme calligraphique, se retrouve dans les miniatures contemporaines (cf. "Evangéliaires de la Sainte Chapelle", Bibliothèque Nationale 17 326 8 892, publ. par Henri Martin, "La Miniature française", fig. XI). Danielle Gaborit-Chopin reprend à son compte ces éléments et attribue notre ivoire au maître de la pyxide de Dijon, travaillant dans la première moitié du 14e siècle, sous l'influence de l'atelier du triptyque de Saint-Sulpice-du-Tarn ; "atelier auquel il faudrait attribuer l'essentiel de la production parisienne pour cette épo que, mais il paraît plus vraisemblable de reconnaître l'activité de plusieurs ateliers contemporains ou successifs, en contact les uns avec les autres". Deux autres boîtes, l'une au musée de Reims (Koechlin, II, n° 232), l'autre au Metropolitan Museum de New York (Koechlin, II, n° 233) sont à mettre en relation avec notre pyxide, mais leur qualité est bien inférieure. Raymond Koechlin a souligné les liens rattachant ces reliefs à ceux des volets de tabernacles parisiens, tels ceux, contemporains, conservés à Toledo ou au Victoria and Albert Museum (Koechlin, II, n°s 154, 165) : l'iconographie, la disposition sous des arcatures trilobées, une certaine indifférence à la suite logique des scènes corroborent ce rapprochement, renforcé par de très réelles parentés stylistiques. Quelques traits placent pourtant la pyxide de Dijon en marge de la production parisienne contemporaine : l'aspect de certains visages, très ronds ou très osseux, l'exagération des attitudes parfois jusqu'à la violence ("Massacre des Innocents"), l'abondance de détails pittoresques pourraient indiquer un atelier travaillant sous l'étroite influence de modèles parisiens mais hors de Paris et peut-être en relation avec l'Allemagne. La coiffure en touret de la scène du "Massacre des Innocents" est peut-être un signe de léger archaïsme. La scène du "Miracle du blé", inspirée des Evangiles apocryphes (le blé juste semé pousse miraculeusement pour protéger Marie et Joseph fuyant vers l'Egypte), plus souvent représentée dans les régions de l'est et de la Bourgogne (Réau, II-2, 1957, p. 277 ; Maurice, 1983), pourrait être un indice d'origine ; elle apparaît sur un seul autre ivoire de cette période, vraisemblablement germanique (Koechlin, II, n° 181 bis ; ancienne collection Wallerstein-Oettingen). (notice de Danielle Gaborit-Chopin); voir aussi : Le Christ en majesté (CA 1462-2) Elément du même ensemble

Matériaux/techniques

ivoire

Description

Boîte cylindrique en ivoire, munie d'un couvercle. Le fond est composé de 8 plaques d'ivoire rayonnant autour d'un cercle de bois. Il a été refait en 1832, ainsi que la polychromie et la dorure, vraisemblablement selon les traces d'une polychromie ancienne. Le cylindre d'ivoire est fendu verticalement à plusieurs endroits.

Dimensions

Dimensions Hauteur : 14.8 cm ; Diamètre : 14.8 cm ; Hauteur (en cm) 14.8 ; Diamètre (en cm) 14.8

Sujet représenté

scène biblique (enfance du Christ, Annonciation, Visitation, Nativité, Présentation au Temple, Adoration des Mages, voyage, Les Mages, Annonce aux bergers, Massacre des Innocents, Fuite en Egypte)

Précision sujet représenté

Des scènes illustrant l'enfance du Christ occupent les deux registres superposés du cylindre d'ivoire ; dans celui du bas, nous voyons successivement l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation au Temple et l'Adoration des Mages. Au registre supérieur se succèdent le Voyage des Mages se rendant à Bethléem, l'Annonce aux Bergers, le Massacre des Innocents, le Miracle du Blé et la Fuite en Egypte. Les cinq premières scènes se déroulent sous des arcatures trilobées séparées par des trèfles et reposant sur des colonnettes sans chapiteaux : scènes d'intérieur que l'ivoirier a bien situées sous un décor architectural. Les cinq autres épisodes ont lieu en plein air et il faut remarquer la présence d'arbres stylisés qui marquent un second plan dans l'espace, et qui reprennent rigoureusement la division des arcatures (par exemple, l'arrivée des Mages). -

Lieu de conservation

Dijon ; musée des beaux-arts

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier

Statut juridique

propriété de la commune ; saisie révolutionnaire ; Dijon ; musée des beaux-arts

Date acquisition

1799

Anciennes appartenances

Propriété ecclésiastique, Abbaye de Cîteaux, (La chartreuse de Champmol a aussi été évoquée mais sans fondement.) ; Abbaye de Cîteaux

Numéro d'inventaire

CA 1462 ; 7 (Cat. ivoires 1983) ; 1462 (Cat. 1883)

Exposition

Exposition rétrospective du Trocadéro, Paris, 1889 (Cat. n° 128)
Exposition rétrospective de l'art français des origines à 1900, exposition Universelle, Paris : Petit-Palais, 1900 (n° 102)
Exhibition of French Art (1200-1900), Londres : Royal Academy 1932 (n° 1067)
Chefs d'oeuvre de l'art français, Paris : Palais des Beaux-Arts, 1937 (n° 1258)
La Vierge dans l'art français, Paris : Petit-Palais, 1950 (n° 244)
Treasures from Medieval France, Cleveland : Museum of Art, 1966-67 (n° V-16)
L'Europe Gothique, XIIe - XIVe siècle, Paris : Palais du Louvre, Pavillon de Flore, 1968 (n° 360 p. 231)
Art et liturgie au Moyen Age, Chambéry : musée des beaux-arts, Caen : musée des beaux-arts, 1976-77 (n° 10)
L'Art au temps des rois maudits. Philippe le Bel et ses fils 1285 - 1328, Paris : Galeries Nationales du Grand-Palais, 17 mars - 29 juin 1998 (Cat. 107 pp. 170-171, reprod. (Paris ou est de la France, ver 1300-1330) (notice Danielle Gaborit-Chopin))

Bibliographie

Inventaire de la Sacristie de Cîteaux, 8 avril 1791, Archives départementales de la Côte d'Or, Q 824
Notice des ouvrages de peinture et de sculpture exposés au Musée du Département de la Côte-d'Or, Dijon : Frantin imp., An VII (1799) (n°s 195 à 199 (objet d'antiquité))
Etat descriptif des statues, bustes, bas-reliefs, bronzes et autres ouvrages de sculpture antique et moderne de la collection du musée de Dijon, Dijon, 14 septembre 1830. (N°198)
Notice des objets d'arts exposés au Musée de Dijon, Dijon , Victor Lagier libraire, 1834 (n° 660 (fin du XIVe siècle))
Notice des objets d'arts exposés au Musée de Dijon et catalogue général de tous ceux qui dépendent de cet établissement, Dijon, Victor Lagier, 1842 (n° 722)
Notice des objets d'art exposés au Musée de Dijon, Dijon, Lamarche, 1860 (n° 844)
Catalogue historique et descriptif du Musée de Dijon. Peintures, sculptures, dessins, antiquités, Dijon, Rabutôt imp., 1869 (n° 891)
Catalogue historique et descriptif du Musée de Dijon. Peintures - Sculptures - Dessins - Antiquités - Collection Trimolet, Dijon, 1883 (n° 1462 (fin du XIVe siècle))
Molinier (E.), Les ivoires, Histoire des arts appliqués à l'Industrie, Paris, 1895-96 (pp. 193-194)
Chabeuf (Henri), "Boîte en ivoire au musée de Dijon", Magasin Pittoresque, année 1896 (pp. 255-256, reprod. p. 256 (première moitié du XIVe siècle))
Chabeuf (Henri), "Deux ivoires du musée de Dijon", Revue de l'Art Chrétien, 1898 (pp. 226-228, reprod. p. 227 (XIVe siècle))
Monget (Cyprien), La Chartreuse de Dijon, d'après les documents des archives de Bourgogne, 3 vol., Montreuil-sur-Mer, 1898-1905 (T. I, p. 242)
Gonse (L.), Les chefs-d'oeuvre des Musées de France : Sculpture, dessins, objets d'art, Paris, 1904 (pp. 152-153)
Koechlin (Raymond), Les ivoires gothiques français, 3 tomes, Paris, 1924 (T. I, pp. 98-99, T. II, n° 231, T. III, Pl. LX (premier tiers XIVe siècle))
Marion (François), Les arts mineurs au musée de Dijon, Dijon, 1934 (p. 46)
Quarré (Pierre), Musée de Dijon. Salle des Gardes et salles de chefs-d'oeuvre. Catalogue sommaire à l'usage du visiteur, Dijon, 1945 (n° 5 (Ateliers parisiens, premier tiers du XIVe siècle))
Tardy, Les Ivoires, Paris, 1966 (p. 38)
Gaborit-Chopin (Danielle), Ivoires du Moyen Age, Fribourg, 1978 (p. 152)
Guillaume (Marguerite), "Oeuvres provenant de Cîteaux conservées au Musée des Beaux-Arts de Dijon", Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, tome XXXI, 1978-79, pp. 217-225 (pp. 221-222)
Maurice (Brigitte), Quelques recherches sur les ivoires du musée des Beaux-Arts de Dijon, Mémoire de maîtrise de l'Université de Dijon, 1983 (n° 7, pp. 25-29 (France, première moitié du XIVe siècle))

Rédacteur

Creuzet Laurent ; Férot Elise ; Bardin Dominique ; Jugie Sophie

Copyright notice

© Dijon, musée des beaux-arts, © Service des musées de France, 2017

Crédits photographiques

© François Jay, musée des beaux-arts de Dijon

 

Renseignements sur le musée

 

01370011486

Notices :  

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Requête :   ((Paris) :LIEUX )
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