Historique
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Le "Retable de la Passion" est parvenu au musée sous la forme de quatre panneaux dont le bord supérieur est découpé en demi-accolade. Ce sont, en fait, les volets recto-verso d'un retable dont la partie centrale, peinte ou sculptée, a disparu. Le cadre devait être rouge vermillon, comme le suggèrent les lignes horizontales qui séparent les scènes. En deux endroits figure l'oeillet qui caractérise l'ensemble d'oeuvres regroupées sous le nom de "Maîtres à l'oeillet" et dont la signification n'est pas encore parfaitement établie. Il s'agit de plusieurs ateliers actifs en Suisse à la fin du 15e et au début du 16e siècle, à Fribourg, Berne, Zurich, Soleure et Baden. Le "Retable de la Passion" provient de cette dernière ville, ce qui en fait l'oeuvre éponyme du "Maître à l'oeillet de baden". L'oeillet est ici croisé avec un brin de lavande. Comme beaucoup d'artistes de la région rhénane et de Suisse de la fin du XVe siècle, le Maître à l'oeillet de Baden a été marqué par l'influence de Martin Schongauer. La composition de six des huit épisodes du retable est reprise de gravures de son cycle de la Passion. Les volets, lors de leur entrée au musée en 1916 grâce au legs de Marie-Henriette Dard, avaient été remontés en un triptyque factice : les quatre panneaux de la "Passion" constituaient la partie interne, tandis que des peintures provenant d'un autre ensemble, à l'évidence postérieur, formaient la face externe. L'ensemble était pourvu d'un cadre moderne. Le pseudo-retable est déjà décrit dans l'inventaire après décès du père de la donatrice, le baron Pichot l'Amabilais, en 1869. Il est probable que ce montage a été réalisé par l'antiquaire dijonnais Frédéric Tagini, chez lequel se fournissait le collectionneur. Mais toute indication de provenance avait alors été perdue. Celle-ci a toutefois pu être précisément reconstituée, à partir du moment où l'on reconnut que plusieurs panneaux de la collection Dard avaient figuré à Bâle dans celle de Johann Heinrich von Speyr, qui les avait achetés à Baden vers 1820. Le "Retable de la Passion" provient de la chapelle des Rois Mages de cette ville. En 1747, les autels gothiques de la chapelle des Rois Mages avaient été remplacés par des retables baroques et placés aux murs de la chapelle, comme l'atteste encore une description en 1818. (Sophie Jugie, "Le Retable de la Passion du Maître à l'Oeillet de Baden", Bulletin des Musées de Dijon, n° 6, 2000, p. 7) ; voir aussi : Le Christ au jardin des oliviers (D 105 C), La Cène (D 105 D), L'Ecce Homo (D 105 F) Elément du même retable ; en rapport avec : Me à l'oeillet de Baden, Adieux du Christ, coll.pr
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Bibliographie
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