Historique
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Contexte de création : La Seine a été conçue durant le séjour de Denys Puech à la Villa Médicis. Pour son premier envoi de Rome, en 1886, Puech hésite entre plusieurs sujets. C'est en novembre qu'il semble s'être définitivement fixé sur le thème de la Seine, le projet connaîtra toutefois de nombreuses modifications que l'on retrouve mentionnées dans les lettres de Puech. Puech reprend un élément de la mythologie rarement illustré : la Seine, fille de Bacchus, accompagna Cérès lorsque celle-ci parcourut la Gaule à la recherche de Proserpine. L'ayant retrouvée en Normandie, Cérès donna à la Seine, pour la récompenser de sa fidélité, les rivages avoisinants et, comme compagne la nymphe Heva. Neptune s'enflamma d'amour pour la seine, poursuivant la nymphe qui, invoquant Bacchus, se changea en eau coulant à travers la campagne. Heva tombe morte en apprenant cette métamorphose. Le frère de Denys Puech, Germain, lui adressa en novembre 1885 l'extrait du texte de Bernardin de Saint-Pierre consacré à cet épisode. Le relief illustrant ce récit comporte à l'origine deux figures : la Seine et Heva. En mars 1886, un accident survient et le bas-relief s'effondre ; Denys Puech le recommence en une semaine et simplifie la composition en supprimant Heva. En juin, la sculpture est achevée dans sa version définitive. Pour leurs envois, les élèves de la Villa Médicis devaient s'inspirer exclusivement de l'Antiquité. Denys Puech contourne habilement le règlement : n'ayant pas le droit de représenter un paysage, il place en arrière-fond de son bas-relief une vue de Paris. Aux yeux de tous, le sujet est une allégorie de la Seine alors que pour lui, il s'agit avant tout de montrer Paris. « Je fais un sujet français, je le compose en suivant les règles françaises plutôt que grecques et, dans l'interprétation comme dans la vérité, je serai moderne, très moderne, parisien ! C'est là qu'est l'avenir ! (...) Et je veux qu'à l'exposition chaque concierge reconnaissant l'église de sa paroisse, puisse dire : Tiens ! Ma rue doit être là ! ». Exposée à l'école des Beaux-arts en 1886 et au Salon de 1887, l'oeuvre est remarquée par Puvis de Chavanne qui trouve « beaucoup de talent au sculpteur ». L'Etat s'en porte acquéreur le 21 mai 1894 (pour 12 000 F) et l'attribue au musée du Luxembourg. Denys Puech en éprouve une grande satisfaction et insiste encore dans une lettre à son ami et mentor Chabrier sur le véritable sujet de la sculpture : « Vous trouverez donc bien l'idée de glorification de Paris (...). Tant mieux je l'aime aussi beaucoup moi-même et c'est en grande partie pour elle que j'ai choisi le sujet. C'est elle aussi qui fait toute l'originalité de mon bas-relief. C'est une religion comme une autre d'aimer son pays, et comment n'aimerait-on pas Paris ! ». Le marbre est livré au musée du Luxembourg le 14 mars 1898. Le musée d'Orsay a déposé le marbre au musée Denys-Puech en 1911 (D 1911.1.1). Le musée Denys-Puech possède également une esquisse en plâtre patiné (2006.0.277).
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