Historique
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L'orientation résolument géométrisante de Gilioli montre une fois encore la force de l'ascendant cubiste dans l'art en France, jusque dans les années soixante. Cependant, l'essentiel pour cet artiste était d'atteindre à travers la forme épurée jusqu'à l'abstraction une poussée intérieure, une vibration "qui est comme la sève et la force de croissance des arbres" (propos de Gilioli recueillis par I. Jianou). Cette sculpture offre un bel exemple de ce double attachement à l'Idée - incarnée dans la forme rationelle (cube et cône) - à la vitalité organique, dans la façon de faire "naître" le volume de son assise, la dilatation du cône, son aspect intérieur grumeleux, opposé à la perfection lisse de la face externe. Ce goût pour l'idéalité et le raffinement de la forme que Gilioli partagea avec Constantin Brancusi et Jean Arp s'exprima dès sa première exposition personnelle, en 1945. Il afficha dès lors une prédilection (non exclusive) pour le bronze doré et poli dont il appréciait la pureté et le lyrisme, au risque du décoratif. Ce choix participait de la quête d'un monde originel empreint de spiritualité : "La plus belle sculpture, pour moi, c'est le ciel (...) Faire de la sculpture, c'est un moyen de trouver l'homme et un moyen d'élévation..." Cette "Etoile du matin", conçue pour être exposée en hauteur et éclairée de l'intérieur, est un exemple de cette tension ascendante. ; Ami de Arp, d'Henri Laurens, de Picasso et de Poliakoff, Emile Gilioli (1911-1977) occupe une place de choix au sein de la jeune école abstraite parisienne à laquelle il adhère dès 1946. Sa première exposition personnelle, en 1945, révèle déjà ce goût pour l'idéalité et le raffinement de la forme qu'il partage avec Brancusi et Arp auxquels il emprunte aussi cette prédilection pour le bronze doré et poli dont il apprécie la pureté et la force miroitante. L'abstraction qu'il considère moins limitée que le cubisme le conduit à des formes géométriques de plus en plus simples et épurées, satisfaisant ainsi sa quête d'un monde originel empreint de spiritualité : " La plus belle sculpture, pour moi, c'est le ciel (...) Faire de la sculpture, c'est un moyen de trouver l'homme et un moyen d'élévation... " Le titre stellaire donné à cette sculpture, conçue comme une forme organique et minérale, illustre bien cette citation de l'artiste. L'acquisition de cette pièce datée des premiers pas de Gilioli dans la voie de l'abstraction permettrait d'avoir une meilleure perception de l'ouvre du sculpteur dont le musée possède déjà trois ouvres beaucoup plus tardives provenant de la troisième donation Granville (Le Petit château, 1961 ; Apparition architecturale, 1964 ; Le Chant du coq, 1965). En outre, elle serait aussi l'occasion de compléter la section consacrée à la sculpture abstraite de l'après-guerre dont Gilioli est avec Hajdu, avec lequel il partagea cette attirance commune pour la statuaire archaïque, l'un des meilleurs représentants. (Sophie Barthélémy, commission d'acquisition du 5/04/2004)
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