Historique
|
Aujourd'hui il appartient à l'art de Matthias Herrmann (Münich, 1963 - vit et travaille à Vienne, Autriche) de repousser les limites de ce qu'il est attendu traditionnellement du dévoilement de l'identité et de la sphère privée de l'artiste. La parenté, entre les oeuvres de Pierre Molinier d'une part et de Robert Mapplethorpe d'autre part, et les problématiques de Matthias Herrmann est manifeste. Parmi les artistes des années 1990/2000, Matthias Herrmann impose sans détour, et avec un grand sens de l'humour, la sexualité comme sujet principal de l'oeuvre ayant recours à des stratégies d'autoreprésentation. Il se photographie lui-même et défie, nu ou presque, le dernier tabou artistique affronté avec force et courage par Molinier et Mapplethorpe avant lui : l'autoportrait sexuel. Ses images paraissent en brochures et monographies qu'il édite souvent à compte d'auteur comme ses séries Hotel et Sluts. Matthias Herrmann utilise son corps entraîné (il est danseur de formation) et son pouvoir d'expression (ses yeux bleu intense soulignés par des sourcils très noirs) comme mediums constants. Sa photographie, le plus souvent explicitement sexuelle, ressemble parfois à une comédie bouffonne. Doté d'un tempérament " clownesque ", il ajoute l'humour comme ingrédient et désamorce ainsi la gravité des sujets qu'il aborde sans pour autant se départir d'une attitude sexy. Dans ses mises en scène, Matthias Herrmann joue le rôle de différents stéréotypes : le mannequin sexy, le danseur pathétique, la lesbienne cultivée, etc. Il se rie du concept de l'artiste qui s'amuse avec les vêtements, sous-vêtements et accessoires, il mêle les registres du masculin et du féminin. Ses photos auto-analytiques passent du regard clinique de l'étude anatomique à l'audace de la transgression des genres. Herrmann est un authentique transformiste qui brouille les genres, les émotions et les identités avec la facilité d'un illusionniste. Il peut être tour à tour provocant et touchant, charlatan et voyou, académique et délirant. A propos de l'ambiguïté inhérente à ses autoreprésentations il explique de quelle façon il s'amuse à déconstruire les poncifs de la masculinité : " Je ne compose pas seulement une collection de clichés gais exaltant le corps, le sexe et les représentations des organes génitaux masculins. [.] Mon travail s'inscrit contre tous ceux qui préconisent des idées fixes au sujet de l'identité. Il s'agit de discuter de ces identités, de parler d'elles, de les rendre moins évidentes. "17 L'activité érotico-pornographique d'Herrmann, teintée de réflexion politique et d'humour, opère un décodage des genres des plus efficaces tout en élaborant une véritable resignification à partir de son corps, son sexe et quelques accessoires. MY
|
Exposition
|
2005, Bordeaux, Galerie des beaux-arts, Pierre Molinier : Jeux de miroirs, (reproduit en coul. p.152) 2007, Bordeaux, musée des beaux-arts, salles Domergue, Nouvelle collection, cinq années d'enrichissement, 2002/2007, (repr. p. 29.)
|