Historique
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Chirurgien-dentiste à partir de 1923, Jean-Maurice Gay ne conçoit d'emblée son activité professionnelle qu'en accord avec sa pratique picturale. Comme presque tous ses condisciples de la Société des Indépendants à laquelle il adhère dès sa création en 1928, il connaît une expérience figurative qui témoigne de sa connaissance des courants artistiques modernes, et particulièrement du cubisme qui le convainc de la nécessité de reléguer à l'arrière-plan le contenu anecdotique du tableau. Son basculement vers l'abstraction, qui s'opère en 1939, l'impose dans l'après guerre comme le premier abstrait bordelais, le véritable animateur et théoricien du mouvement. Gay place le travail au-dessus de tout. Loin de toute improvisation, il revendique la maîtrise de l'inspiration et de son expression. Il opte donc pour une abstraction géométrique, solution ascétique qui lui semble la plus pure et la plus en accord avec son esprit de synthèse. Celle-ci se manifeste à travers des figures simples engendrées par la mathématique. Puisque sans contrôle il ne peut y avoir domination de l'artiste sur son oeuvre ni distance réflexive, chaque toile est systématiquement précédée d'un dessin. La couleur, soumise à la forme, est ensuite appliquée minutieusement. Le peintre préparant lui-même ses couleurs, ses observations l'amènent à définir une table d'harmonie chromatique. Grâce à cet outil, il peut, lorsqu'il recourt au mélange, obtenir des valeurs tonales qu'il dose avec précision. Ainsi, chaque tableau s'impose par une sûreté sans défaut, par une perfection formelle destinée à mener le spectateur dans un monde de sécurité, de paix profonde, même si, au-delà du simple jeu intellectuel, sa méthode apparaît aussi comme la manifestation d'une charge émotive. La collection Coustet conserve deux exemples de cette démarche (dessin préparatoire, puis toile) témoignant d'une écriture plastiquement organisée et volontairement bridée par le té, l'équerre, le compas ainsi que par des proportions dictées par le nombre d'or. Les réalisations finales, Structure 1948 et Structure 1949 sont identiques ou très proches du projet initial, attestant la cohérence et la clarté de vision des esquisses où règne " l'ordre plastique ". Elles témoignent aussi que, grâce à l'heureuse alliance entre formes et couleurs et parce que se réalise la magie de l'art, les oeuvres de Jean-Maurice Gay s'enrichissent bien d'un contenu humain : la vie y est présente. TS ; voir aussi : Etude pour une structure 31/11/1948 (Bx D 2005.1.44) Dessin préparatoire
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Bibliographie
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2009, Collection particulière, a private collection, Bordeaux, ed. Le festin, (repr. cat. p. 155.)
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